Personne d'autre que toi [SUPERCORP]

Chapitre 4

Lena était arrivée devant la porte de chez Sam une vingtaine de minutes après que Kara l'ait laissé en plan dans son propre appartement. Après le départ de la blonde, la scientifique était restée figée quelques instants, les paroles de la journaliste l'ayant troublé bien plus qu'elle n'oserait jamais l'admettre. Presque avec automatisme, la brune avait quitté l'appartement, appelé un taxi et s'était rendue chez Sam, ne se sentant pas de retourner à L-Corp pour la nuit. En réalité, cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas dormi chez elle: Lena avait vendu son appartement il y a quelques mois de ça, et lorsqu'elle passait la nuit au bureau, elle s'enfermait dans son labo et travaillait jusqu'au matin. En fait, à part les quelques nuits passées sur le canapé de Sam, elle n'avait pas dormi seule depuis la révélation de Kara, multipliant les aventures alcoolisés sans lendemain pour noyer sa peine.

Lena leva le poing et hésita quelques instants. Son mascara s'était répandu sur ses joues sous l'effet des larmes qui s'étaient échappées de ses yeux émeraude, et Lena savait que ça ne passerait pas inaperçu auprès de Sam, malgré ses tentatives pour le cacher.

Prenant une profonde inspiration, la milliardaire frappa 3 fois contre la porte en bois. L'expression mi-surprise, mi-paniquée de Sam lorsqu'elle ouvrit la porte étonna la scientifique. Elle leva un sourcil et ouvrit la bouche pour exprimer son interrogation, mais son hôte posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence avant de la faire rentrer et de fermer la porte derrière elle. Tendant l'oreille, la milliardaire reconnut la voix d'Alex qui intimait à quelqu'un de respirer. Elle perçu ensuite les sanglots s'élevant de la pièce, et ne reconnu l'identité de la personne que lorsqu'elle s'écria d'une voix emplie de douleur:

-Elle me déteste, Alex ! Lena eut l'impression que la phrase prononcée par Kara lui transperçait la poitrine de part en part. Si la scientifique se doutait que la blonde parlait d'elle, le regard de Sam lui en donna la confirmation. La brune eut l'impression de sentir le poids de son cœur doubler.

Elle était incapable de détester la journaliste, et même si elle l'avait blessée, même si la scientifique lui en voulait encore, même si elle avait peur de son emprise sur elle, Lena sentait son cœur se déchirer en percevant la douleur et la détresse dans la voix de la kryptonnienne.

Ce n'est que lorsque Sam passa un bras autour de sa taille pour la soutenir que la milliardaire réalisa qu'elle chancelait. Portée par la légère pression qu'exerçait son amie sur le bas de son dos, la brune entra dans le séjour où se trouvaient les sœurs Danvers. Lena se figea lorsque les sanglots de la journaliste se turent tandis que ses yeux rubis accrochaient le regard émeraude de la scientifique. Les deux femmes restèrent ainsi immobiles quelques instants, leurs regards irrémédiablement attirés l'un par l'autre. Ce fut Alex qui brisa le silence tendu qui régnait dans la pièce.

-Je vais ramener Kara. Comme en transe, cette dernière acquiesça et suivit sa sœur hors de la pièce. Lena souffrait de la voir ainsi, et le regard insistant de Sam finit de convaincre la brune de suivre les deux Danvers dans le couloir.

-Kara ? Les deux sœurs se retournèrent et Lena sentit son cœur accélérer un peu trop à son goût. Je ne te déteste pas. J'en serais incapable. Et je suis fin prête à te pardonner. Je ne l'ai pas encore fait, ça prendra du temps, mais j'y travaille. La brune ponctua sa tirade d'un sourire qu'elle voulait apaisant, et sentit son cœur de glace se réchauffer lorsqu'un sourire timide s'imprima sur les lèvres de la journaliste. Celle-ci ouvrit la bouche et marmonna quelque chose d'incompréhensible. Visiblement exaspérée par la loquacité de sa sœur, Alex expliqua:

-Elle a besoin d'une bonne nuit de sommeil mais elle te rappelle demain. Je m'y engage. Sans donner le temps à la scientifique de répondre, les Danvers quittèrent la maison. Epuisée par cet afflux inhabituel d'émotions, Lena se laissa glisser contre le mur et s'assit en position fœtale sur le sol du couloir.