- Carnet de texte LGDC -

L'Orage

Il y a des nuits noires, des nuits où le manteau du ciel devient encore plus sombre, où la Lune, timide astre blafard, se retrouve enveloppée d'une couverture de coton grisâtre recouvrant également ses compères les étoiles. Des nuits à l'air chargé prêt à exploser, des nuits menaçantes et froides.

  Il y avait cette nuit où le brouillard opaque se faufilait avec aisance entre les pins, camouflant la grande forêt et la légère brise à peine plus forte qu'un soupir ne parvenait à délogé cet étrange invité recouvrant avec facilité le paysage, si bien que même l'œil le plus perçant, n'aurait pu déceler le moindre mouvement. Ni le chant de la chouette, ni le moindre souffle de vent ne vinrent troubler le silence de la nature endormie. C'est inouïe tout ce silence, et ce cosmique ennui. Nul mouvement ne trouble la brume funèbres tapissant la forêt de minuit.
  La nuit, cette même forêt devenait une tout autre personne. Ses arbres grinçant et ses épaisse fourrés prenaient un air menaçant ; comme s'ils disparaissaient à l'heure du crépuscule pour laisser place à des doubles, plus grands, plus étranges, et surtout plus effrayants. Même les chats sauvages, habitués à ce paysage familier ne sortaient pas durant cette heure de pénombre. Le froid de la Saison Glacé couvrait d'une légère couche de givre fantomatique ce spectacle de ténèbres.

  Pourtant, au milieu de cette sinistre ambiance, deux ombres dansaient sur le tapis d'aiguille. Deux chats, à la fois similaires et tellement différents. La première ombre, silhouette de neige et de douceur, amie de la Lune et alliée de la lumière, enveloppé d'une fourrure blanche et argenté comme l'astre lunaire, se tenait maladroitement avec ses pattes palmés sur la terre de ses ennemis, regardant avec inquiétude de ses iris bleues comme ciel les ombres des pins grinçants. Ses pupilles dilatés semblait avoir emprisonné ce toit sous lequel nous dormions, de part ses couleurs nuancées, claires et pures, comme si on avait fait fondre le ciel pour le faire couler dans ces délicates prunelles.
   Au côté du félin de l'eau, se tenait une autre ombre. Silhouette sombre et obscure, amies des corbeaux et alliés des murmures, enveloppée d'une fourrure noire comme la plus sombre des nuits.
Assise avec aisance sur cette terre familière, la féline de l'ombre avait un regard chaud et ambré, pareil à un puit de miel coulant et brillant, striés d'éclat du soleil aussi doré que de l'or brut. Ses iris orangés ressemblait à un coucher de soleil éternel, le crépuscule d'un jour et le début d'une nuit.

  Ange de la lumière et créature de la nuit, douceur des eaux et fourberie des sylves. Deux félins différents et pourtant si similaire.
Mais malgré leurs camp opposé nul animosité ne brillait. Les deux félins aux regards torturés se dévisageait avec un amour si beau et pourtant condamné.
  L'orage éclata et des pans entiers du ciel se mirent à claquer et gronder. Comme si les étoiles elles même n'approuvait pas cette union et cette beauté. Pourtant les silhouettes envoûtés de ténèbres et assaillies par la pluie ne firent un mouvement pour se séparer, leurs regards opposés ancrés dans les iris de leurs bien aimé. Un mélange si complexe et si pur se créaient dans leurs prunelles respectives, ciel et miel. Un mélange torturé, dévoré d'espoir et de loyauté bafoué. Un mélange si beau et pourtant interdit. Mais qui peut interdire un amour si beau, si innocent ? Quelle divinité aurait la cruauté de séparer ces deux êtres remplit de pureté ?

  Et ils restaient ainsi sans peur du vent et du froid. Car l'amour a ses saisons que la raison ignore. La pluie et les grondements de la tempête s'intensifiaient. Leurs ancêtres manifestaient leurs colères, leurs désapprobations, exigeaient la séparation de ces deux traîtres et leur étrange union.
Mais nul ne bougea, car même si le ciel n'approuvait pas, et bien tant pis pour la météo.
Un amour dans l'orage, celui des rivières celui des forêts. Un amour, du courage et deux félins très secrets.

   Et pourtant l'histoire se complique lorsque leurs retrouvailles furent découvertes. Un empressement et des précautions bafoués, de si petits éléments insignifiants et pourtant pour certaine la clé. Une odeur mal camouflé et une amie trop curieuse haut placée. La sanction était tombée, les deux amants ne pourraient plus se rencontrer.
  Mais les deux opposés résistèrent au coup de pression et argumentèrent, leur amour si fort ne pouvait être brisé ainsi. Et malgré l'interdiction ils se retrouvèrent encore. Créature du jour et ange de la nuit, dansant dans les ténèbres sous la pluie et l'orage, enveloppé de la nuit désormais présente comme une alliée.

  Mais la meneuse des bois était en colère et avait des soupçons. En suivant sa fidèle guerrière elle assista à leurs réunions. La rage aveugla ses mouvements et toutes griffes dehors elle se jeta sur son amie en tord.
  Une attaque cruelle et précise, la gorge fut atteinte. Le sang dégoulinait de partout et tâchait le tapis d'aiguille, souillant ce lieu du liquide pourpre maudit à l'odeur métallique. Il était trop tard pour revenir en arrière malgré les regrets, la mort déjà commença à approcher. Le cri de douleur pur de la féline d'ombre fit reprendre conscience à la cruelle meneuse. Réalisant son erreur elle devint peureuse. Mais le chat des lumières était déjà brisé, et nul peur ne l'habitait désormais.

  Ayant peur des représailles la féline des sylves se prépara au combat quand, devant ses yeux effrayés l'inattendue se passa. Une griffure doré descendant des cieux, frappant de son électricité le matou courageux.
   Une œuvre divines des ancêtres ayant pitié, de ce chat au regard brisé.

  Son corps grésillant tomba au sol, baignant dans le sang de celle qu'il aimait. Ensemble dans la vie, ensemble dans la mort. C'était le destin des deux amoureux torturés.

Aujourd'hui ils gambadent dans un monde meilleur, sous le ciel de nuit qui les avait vus tant de fois réunis, aussi libre que la brise et rayonnant comme le soleil. Car l'amour a ses horizons que la raison ignore.
Ange des lumière et créature de la nuit, deux félins opposés et pourtant destinés.

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Merci d'avoir lu ce court texte :p
Je dois avouer qu'il est fait un peu à l'arrache et c'est avec plaisir que j'accepterais les corrections (mon 2/20 en dictée :'))

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