Éaque : Critique culinaire

Victime n°1 : Seiya

Son regard s'attarda sur le jeune homme venu l'accueillir. Ben ça, s'il s'attendait à tomber sur celui qui avait blessé son Dieu ! Mais, - heureusement pour lui d'ailleurs -, il n'était pas bien rancunier. Du moins, pas tant qu'il pouvait se faire offrir à manger !
C'était donc, tout sourire, qu'il se mit à suivre l'adolescent partit dans des explications du fonctionnement du Sanctuaire, entrecoupées d'excuses pour avoir saccagé les Enfers, le tout avec de grands gestes rapides qui traduisaient sa légère anxiété et son malaise d'être en compagnie d'un Juge. Le sourire d'Éaque s'agrandit, alors qu'ils arrivèrent face à l'immense escalier.

- Et c'est donc ici que je dois vous laisser, c'est l'escalier sacré, qui mène à l'hôtel d'Athéna, qui est gardé par les 12 Temples du Zodiaque. Il vous faudra juste monter, jusqu'au treizième temple ! Vous y trouverez notre Grand Pope qui s'occupera avec vous... De tout ça. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez surtout pas...

- Justement, Chevalier, j'aurais une question...

Et c'est ainsi qu'il se retrouva, pied sous la table, dans l'humble maisonnette du bronze, à attendre que le plus jeune lui serve un repas -qu'il avait bien mérité !-. Plus jeune qui d'ailleurs, n'avait pas fini de ruminer en japonais contre son invité surprise, contre qui il n'avait pas pu refuser la charité.
Mais revenons à notre Garuda, qui attendait tel un enfant à table, regardant la décoration du Pégase.

- Je ne savais pas que tous les Chevaliers avaient leur propre espace, lança Éaque, essayant de converser un peu.

- Oh, Saorie essaie de faire en sorte qu'on soit tous à l'aise. Même si on a beaucoup de travaux à faire, avec la paix on devrait pouvoir y arriver, répondit Seiya, avec confiance. Pourquoi, les Spectres dorment à la belle étoile chez vous ? Tenta t-il, en guise d'humour.

C'est qu'il ne se sentait vraiment pas à l'aise, face au regard sombre et insistant de son invité. Et le sourire qu'il pourrait juger sadique qui venait d'apparaître sur son visage ne lui permettait clairement pas de se sentir mieux. Gloups.

- Tu ne peux pas savoir à quel point tu es proche de la vérité, répondit simplement le Garuda, avant d'exploser de rire face à la mine atterrée du garçon.

Le pauvre Seiya ne savait plus où se mettre ; pourquoi lui avait-on refilé la tâche de s'occuper de lui ? Il avait pourtant déjà tant fait ! Sauver ses amis, sauver la Terre, sauver Saorie... Et en plus, il fallait que maintenant, il se sauve lui-même de cet invité un peu trop spécial à son goût ?

- Vous... Rigolez, hein ? Espéra-t-il.

Combien même il les avait combattu, il restait un homme avec un cœur, des principes, et de l'empathie. Et savoir que les pauvres âmes de ces combattants passaient l'éternité dans le rude climat des Enfers lui faisait tout de même ressentir un pincement au cœur. Ainsi tenta-t-il de déceler la moindre trace d'humour chez son interlocuteur.

- Tu peux me tutoyer, lui répondit il simplement, avec toujours ce même sourire à vous donner des frissons dans le dos.

C'est ainsi que notre courageux Chevalier se dépêcha de terminer son soba, afin de voir cet énergumène quitter son foyer au plus vite. Athéna savait à quel point il avait côtoyé diverses personnes, toutes aussi spéciales les unes que les autres - les Chevaliers du Cancer et des Gémeaux, pour ne citer qu'eux - , mais alors ce Juge, il remportait la médaille ! Il avait cette facilité à vous faire sentir mal, juste par sa simple présence.

De son côté, Eaque se régalait de la situation. Le Pégase était tellement expressif que son malaise se ressentait à des kilomètres ! Et le népalais s'en délectait. Bon, d'accord, c'était pas vraiment sympa de faire ça à son hôte, mais franchement, il avait bien le droit de le charrier un peu ! C'était qu'il était drôle, le canasson.

Après quelques minutes, un bol fumant de nouille arriva devant son assiette. Et sans plus de cérémonie, il se jeta sur la nourriture, appréciant le goût salé, la texture granuleuse, qu'il sentait sous son palais. Elles étaient parfaitement cuites, un bonheur ! Décidément, le japonais savait parfaitement comment les faire ! Même en le déconcentrant, il avait réussi son plat. Pas de doute : le Pégase méritait une bonne note ! Même si lui, personnellement, aurait rajouté quelques herbes. Mais c'était déjà pas si mal.

Après ce bon repas, le Garuda se leva et se fit raccompagner devant les escaliers par un Pégase bien trop heureux de le voir quitter son foyer. Mais Éaque se tourna vers l'adolescent, dans une dernière tirade.

- Au fait, merci pour le repas. Il était moins bon que ceux qu'on a aux Enfers, mais c'était quand même respectable. Et tu feras attention : t'as laissé trainer une chaussette dans ton salon, ça rend pas bien quand on a des invités. Et puis il faudrait que tu aères plus souvent. Mais t'es gentil donc ça compense. Bref, c'était quand même sympa ! Termina t-il, en passant une main dans les cheveux déjà bien ébouriffés du japonais.

Puis il commença la longue montée des escaliers, en sortant un carnet de son sac. Il était l'heure de rendre son premier jugement ! Et, réussissant contre toute attente l'exploit d'écrire en montant les marches, il finit la première page, consacrée à sa première victime.

Seiya, lui, ne savait plus où se mettre. Pourquoi lui avait-il dit ça ? Pourquoi avait-il fait ce geste, qui lui semblait affectueux ? Pourquoi ?
Toujours était-il qu'il cherchait désespérément la chaussette solitaire, qu'il ne réussissait pas à trouver. Il avait une invitée ce soir, et ne souhaitait surtout pas qu'elle se retrouve face au vêtement !
Finalement, peut-être que la venue du Garuda avait du bon, se disait il. Phrase qu'il démentit 2 heures plus tard, lorsqu'après avoir fouillé de fond en comble son salon, il ne trouva rien. Et se mit à penser sérieusement que le Juge s'était moqué de lui...