Les agents

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C'était comme si tout était figé autour de lui.  Sa respiration se fit lourde et les battements de son cœur s'accélerèrent, tambourinant dans sa poitrine. Il avait tant redouté cet instant et pourtant le voilà qui fixait de ses yeux emplis de peur, l'homme qui le terrifiait.

- Que... Fais-tu ici ? Demanda Réo tout tremblant.

- Mmh... Etrange. Je dirais plutôt que la question est ce que TOI tu fais dans les souvenirs que j'ai mis tant de temps à verrouiller...

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu fais ça ?

- Parce que tu connais mon secret voyons. Et aussi, je le fais pour toi.

- Pour... Moi ?

- Oui. Par ailleurs, je te recommande vivement d'arrêter cette stupide thérapie. Recommence une vie, fais-toi de nouveaux amis et ne cherche pas à te souvenir. C'est un conseil. Je ne voudrais pas avoir à te gâcher cette vie là...

Il s'en alla. Et son souvenir reprit vie. Réo quant à lui, resta paralysé d'effroi en se demandant ce qu'il allait devoir faire. Le message était clair, il ne devait surtout pas approcher de la vérité. Mais pourquoi ? Et en quoi tout cela le concernait-il ? Il sortit de son hypnose de lui-même, en nage sous le regard étonné et interrogateur du docteur Van Gebruik.  Lorsqu'il tourna la tête vers elle, il ne put empêcher les larmes de couler. Que devrait-il lui dire ? Qu'elle aussi était potentiellement en danger ?

- Monsieur Diaz ? Demanda-t-elle curieuse. Vous êtes-vous souvenu de quelque chose ? Avez-vous pu savoir quelque chose à propos de cet homme ?

Il déglutit, sans répondre et posa l'une de ses mains sur ses yeux. Il n'arrivait pas à la regarder et réfléchit à vive allure sans trouver de mots à mettre sur ce qu'il venait de vivre. Il sentait que peu à peu l'envie de retrouver sa vie disparaissait. Était-ce là, l'œuvre de cet homme dont il ignorait encore le nom ? Ne sachant que penser de tout cela, il se leva brutalement et sortit du bureau. Cassandre eut beau l'appeler, ce fut comme s'il ne l'entendait pas. Il passa devant Charlie qui le suivit, non sans peine tant il marchait vite et se précipita dans la rue. Il s'était décidé : même seul, il fallait qu'il retrouve cet homme. Et ailleurs que dans ses souvenirs.

***

Pendant ce temps, au commissariat de quartier, le lieutenant Gabrielle Ambrose et son stagiaire Stanley, avaient ouvert avec impatience leur repas chinois du midi, après une nuit de garde dont ils se seraient bien passés. Bagarre entre prostituées, vomit de vieil alcoolique et insultes de fêtards en tords, ils venaient à peine d'avoir un moment de calme. Gabrielle avait bien l'habitude. Mais ce n'était pas le cas de Stanley qui, en plus de s'être pris un coup dans la bagarre, avait glissé sur le vomit.

- J'ai hâte de prendre une douche et au dodo ! Soupira le pauvre stagiaire.

- Ouais... Tu schlingues... Répliqua Gabrielle. En tout cas t'as fais du bon boulot pour ta première nuit ! Repliqua Gabrielle la bouche pleine.

- Si seulement l'autre avait pas vomit partout... Grommela-t-il en avalant un nem d'une seule bouchée sous le regard amusé de sa cheffe.

- Plus qu'un petit quart d'heure et on rentre ! Ahhh ! Souffla-t-elle.

Oui. Plus qu'un quart d'heure et leur service de nuit se terminait. Quinze petites minutes de calme et sérénité. Et tous les deux se préparaient déjà à rentrer lorsque, brusquement, Réo entra dans leur bureau et déclara :

- Je crois que quelqu'un veut me tuer !

- Oh non ! Cria Stanley sous le coup de la déception.

- Excusez mon stagiaire. Et développez s'il vous plaît.

- Un homme en veut à ma vie. Je sais qu'il a tué quelqu'un. Peut-être même plusieurs personnes ? Et il me menace ouvertement !

Réo raconta aux agents de police ce qu'il s'était passé lors de la séance d'hypnose, sa perte de mémoire et son réveil dans l'appartement, tout, alors que Charlie le rejoignit.

- Donc. Vous nous dites que, quelqu'un que vous ne voyez que dans votre tête veut vous faire du mal, c'est bien ça ? Demanda Stanley peu convaincu par l'histoire du jeune Diaz.

- La ferme Stanley ! S'énerva Gabrielle. Pouvez-vous me décrire cette personne ?

Il le décrivit le plus fidèlement possible. Il était nerveux et semblait être perdu. Mais même si toute cette histoire était alambiquée, Gabrielle avait une bonne intuition. Hors, celle-ci lui disait que cette histoire était bien plus compliquée qu'il n'y paraissait. Aussi, avec tout le sérieux dont elle faisait preuve pour ses enquêtes, elle envoya la description de l'homme aux autres commissariats de la ville. Soulagés, Réo et Charlie repartirent. Le stagiaire souffla, se moquant presque du jeune homme.

- Quand je pense qu'il nous a embêté plus d'une heure avec son histoire...

- Dis. Tu te souviens de Lily Ford ?

- Ah oui ! L'etudiante ?

- Ouais... Bizarrement l'appartement où s'est réveillé Réo Diaz est le même que celui où Lily dit avoir vu Nate Smith pour la dernière fois le mois dernier...

- Et merde ...

- Ouais. On a une affaire mon petit Stanley.

Amnesia Où les histoires vivent. Découvrez maintenant