Cette nuit-là, Natzora fit des cauchemars si réalistes qu'elle se demanda si elle n'avait pas, d'une manière ou d'une autre, maintenu son lien avec les yeux de Kuruta qu'elle avait eus entre les mains. Le portrait du dernier visage qu'avait croisé cette pauvre femme était gravé au burin dans sa mémoire, tout comme celui du dernier Kuruta encore en vie.
Elle savait qu'il était à York Shin, elle avait facilement reconnu les rues qu'il arpentait dans sa vision. Son reflet dans une vitrine avait été succinct mais elle avait pourtant retenu tous les détails de son visage. Détails qu'elle s'était empressée de coucher sur papier, tout comme ceux de l'assassin d'ailleurs.
Le premier était de taille moyenne, avait de grands yeux gris expressifs et de beaux cheveux blonds qui retombaient devant ses yeux. Il portait une tunique pour le moins atypique d'un style oriental et aux couleurs claires. Le second, quant à lui, était de petite taille. Ses vêtements comme ses cheveux étaient aussi noirs que la nuit. Ses yeux étroits aux reflets violets avaient de quoi vous glacer le sang. Ou bien cette sensation était-elle due au sang qui dégoulinait de sa main aux ongles acérés ? Natzora revoyait encore parfaitement les contours de la tête de mort dessinée sur le bandeau qui cachait son visage.
Les deux hommes ne pouvaient pas être plus radicalement opposés, l'ombre et la lumière. L'obscurantisme du meurtrier en faisait probablement l'un des membres de l'Araignée les plus émérites. Natzora frissonna à l'idée de croiser un jour sa route. Tout ceci était inacceptable, tous ces gens étaient morts pour une raison révoltante et même si elle avait assisté à la scène, elle n'y pouvait rien. Son nouveau talent ne lui permettait que d'être spectatrice impuissante, elle se demandait bien à quoi il allait pouvoir lui servir.
Elle se sentait idiotement coupable, rongée par un mal-être qui n'aurait pas dû être le sien. Elle se redressa pour s'asseoir sur son lit, dormir était désormais devenu une utopie. Elle serra ses genoux contre sa poitrine et y posa son menton. Elle songea longtemps à comment détruire cette boule de reproche qui s'était créée au creux de son ventre. Bien décidée à en finir, elle se leva d'un seul coup et alluma sa lampe de chevet. Elle chercha le portrait du dernier des Kuruta et le prit en photo avec son téléphone. Elle envoya le dessin à ses collègues accompagnés de ces mots :
"Trouvez-moi ce garçon."
**********
Natzora trainait depuis deux heures dans le lobby d'un des grands hôtels de York Shin. Après quelques jours de recherche, Bash lui avait dit que le Kuruta avait été engagé par la famille Nostrad, un clan mafieux qui avait gagné en popularité et en influence depuis que la fille du patron avait appris à utiliser ses capacités de divination. Le Kuruta était justement embauché en tant que garde du corps de la devineresse, Neon, et ils se trouvaient tous dans cet hôtel.
Bien qu'elle soit sur place, Natzora ne savait pas bien comment elle allait aborder le jeune homme. Elle composa plusieurs scenarios dans sa tête mais aucun n'était satisfaisant. L'apparition du jeune homme mit un terme à ses hésitations.
Elle le suivit tandis qu'il marchait vers les ascenseurs, accompagné d'une femme de petite taille et au crâne chauve. La femme appuya sur le bouton et tous les trois attendirent qu'un des ascenseurs arrivent. Quand ce fut fait, ils montèrent calmement. Natzora observa le Kuruta avec insistance, peut-être trop, car dès que les portes se fermèrent, celui-ci activa son aura. Les poils des bras de Natzora se hérissèrent et elle activa son gyô. Une chaine glissa du bras du garçon et fonça sur son cou. Elle leva son bras pour l'intercepter. La chaine s'enroula autour de son poignet avec force mais elle lutta suffisamment pour ne pas se laisser attirer vers son propriétaire.
- Qui es-tu ? questionna-t-il sans ménagement.
- Je ne suis pas une ennemie.
- C'est à moi d'en décider.
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Nos cœurs alliés - Decima (Kuroro x OC)
Fanfiction"Au cours de sa vie, Kuroro Lucifer n'avait jamais flanché, que ce soit à cause du choc, de la peine ou de la peur mais en ce moment unique, dans la frayeur de devoir se détacher d'elle, il s'abandonna. Au diable sa retenue, au diable ce qu'il devai...