Prologue

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                          ♪♪♪









-Je refuse.

Mes paroles furent aspirées par les rafales de vents qui m'entouraient, mais je savais très bien que mon interlocuteur m'avait entendu.

À moins d'un mètre de moi il essayait tant bien que mal de rester debout, les mains solidement ancrées autour de la rambarde en bois.

Ses cheveux noirs dansaient au rythme de la tempête et les gouttes dévalaient son visage fin, qui à l'entente de mes paroles se durcit :

- Je ne vous laisse pas le choix.

- Je refuse quand même.

Me fusillant du regard, il se tourna vers la mer déchaînée.

C'était le pire moment pour se disputer, autour de nous s'agitait l'équipage qui luttait pour remplir toutes les tâches et ne pas se faire emporter par les vagues.

L'eau inondait le pont et certains hommes essayaient de s'en débarrasser à l'aide de seaux. Au lieu de les aider, Charles avait décidé de régler ses comptes avec moi.

- Nous en reparlerons plus tard. La priorité est d'arriver en un morceau à Orayon. Dis-je sèchement.

Savant qu'il n'obtiendrai rien d'autre de moi, il se dirigea vers la figure de proue en évitant une lanterne volante. Jusqu'ici la mer avait été calme mais il avait fallu qu'elle soit capricieuse à notre approche de la capitale.
Ces temp-ci le destin était contre moi et cela commençait à m'agacer fortement.

Il fallait absolument atteindre la capitale. Et il le fallait ce soir.

Hugs est introuvable.

Les assauts des silhouettes des hommes et des femmes sur le pont m'empêchaient de le trouver. Il pourrait être n'importe lequel d'entre eux.

Le vent fouettait mon visage avec une force inouïe, mes cheveux blonds se collaient à mes joues et j'étais obligée de plisser les yeux pour percevoir les mouvements sur le bateau. Je grimaça à la sensation de mes vêtements mouillés sur mon corps.

Chaque membre a une tâche bien précise à accomplir en cas de tempête comme celle ci. Hugs et moi les avions toutes attribuées en fonction de chaque personne. Mais j'ai bien peur que nous ayons oublié de m'inclure dans cette distribution des tâches.

C'est la première situation de la sorte que je dois gérer.

Et je me sens bien bête de ne pas savoir quoi faire, je me trouvais en plein milieu du chemin de certains. Je les regardai, cherchant désespérément quelque chose qui pourrait me rendre utile.

Mon regard fut retenu par la porte de la cabine du capitaine et la mienne. À pas prudent et en évitant de me faire aspirer par les vagues, je la rejoignis. J'espérais qu'il s'y trouve. Mais je n'étais pas surprise de trouver une pièce vide.

Vide, mais pourtant bien animée.

Je me précipita sur la gauche et rattrapa de justesse une statuette de bois en forme de panthère. Mes doigts se crispairent autour de la petite figurine.

Si elle s'était cassé, Hugs ne s'en serait jamais remis. Je releva furtivement mes yeux et je pris le temps de balayer la pièce du regard. Sur les murs étaient dispersés, de manière aléatoire, des étagères bancales. Dessus, s'empilaient des livres, des cartes, des bougies entamées et toutes sortes de bibelots récupérés ou volés sur les îles de l'empire.

Les Marchands Du VentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant