Chapitre 1 : L'esprit Feuerthal

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Les murs en marbres noirs m'entourent et me retiennent. Le lustre de cristal se balance et produit un son qui m'apaise au plus haut point. Le sol froid accueille mes pieds, mes mains et bientôt mon corps entier.

Des hurlements lointains caressent mon ouïe et m'encourage à rester éveillée. Une odeur acre de sang envahit subitement la pièce et une envie irrépressible d'y goûter me fait reprendre mes esprits.

Je bondis sur mes pieds et observe attentivement ma cage doré. La petite cellule est entièrement vide, à l'exception du gigantesque lustre. Sa lumière imite à la perfection celle du soleil et à chacun de mes pas, ma peau se met littéralement à brûlée, ce qui m'impose de rester assise dans l'un des quatre angles de la pièce.

L'odeur de sang se fait plus insistante, et mon instinct carnassier menace de prendre le dessus d'une minute à l'autre. Je replie mes jambes contre ma poitrine et incère ma tête entre mes genoux.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, à attendre, à me languire, mais plus le temps passe et plus l'angoisse monte en moi.

Les hurlements cessent. Le sang laisse place à la rose. Le marbre à la soie. La douleur à la douceur.

Mon corps et mon esprit se réveillent lentement, tandis que mes sens sont déjà à l'affûts d'une proie. Pourquoi ? Je ne chasse pas. Une Feuerthal ne chasse pas, on chasse pour elle. Elle ne tue pas, on tue pour elle.

Les rares fois où j'ai la chance d'apercevoir mon père, les pensées que j'ai à son égard me glace le sang. A-t-il déjà tué ? Ses victimes ont-elles soufferts ? A-t-il un tant soit peu d'affection pour nous, sa famille ?

Ses idées volent en éclats lorsque ma sœur Leticia pénètre dans ma chambre telle une tornade. Son corps fluet traverse la pièce à une vitesse impressionnante et vient s'installé élégamment sur mon lit.

"- Toujours en train de sommeillée petite sœur. Je te conseille fortement de te préparer, mère risque de se mettre très en colère." me dit-elle d'une voix empreinte de douceur.

Sa main d'une pâleur divine se pose sur mes cheveux et ses doigts saisissent quelques mèches qui glissent artistiquement entre. Elle lâche un long soupire emprunt de regret avant de marmonner (autant qu'elle peut marmonner) :

"- Tu as vraiment de la chance d'avoir hérités de la chevelure de mère."

Elle reste un moment pensive avant de se reprendre. Sa longue manche en dentelle noir vient chatouillé mon visage et je ne peux m'empêcher de rire.

"- Dépêches-toi donc", m'ordonne-t-elle.

Je lui obéis aussitôt et une armée de domestique s'introduit dans l'immense chambre afin de me préparer.

Je prend place devant le grand miroir en or massif et cale mon dos sur le dossier du siège en soie rouge qui lui fait face.

Mon reflet est livide. Ma peau est pâle, mais elle n'a rien à voir avec celle de Leticia, c'est une pâleur cadavérique.Une servante s'occupe de lui donnée une teinte impeccable, divine. Mes cernes disparaissent instantanément et mon visage revête cette beauté glacée dont tout les vampire "mâle" raffole.

Elle s'attaque ensuite à ma longue chevelure châtains, qu'elle peine à nouer en chignon vaporeux et distingué. Elle réussit après dix minutes de tentatives vaines.

Contrairement aux êtres humains, les vampires privilégient la beauté naturelle, elle laisse donc mon regard d'acier libre de tout artifice.

La mise en beauté terminée, je retourne auprès de mon lit où trois jeunes femmes m'attendent pour m'aider à enfiler l'ensemble en cuir blanc moulant que ma mère à sélectionner la veille.

Le top serré au thorax et au cou me fais étouffé et je me retrouve bientôt en train de suffoqué. Le pantalon moulant me brûle les cuisses. Mais que puis-je dire ? Ma mère se fiche de tout ses petits détails, seule l'apparence à de l'importance à ses yeux.

Mes bottes enfilée, je glisse autour de mon cou un long pendentif en rubis, pierre précieuse de notre Maison.

Parée, je décide de descendre prendre le petit-déjeuner.

La table au centre de la gigantesque salle à manger semble être en lévitation tant elle est épurée. Des dizaines et des dizaines de brocs y sont disposés. Leur contenu pourpre se reflète sur les murs et le sol blancs. Ma mère, mon père (quel évènement), ma sœur Leticia et mon frère Ivan semblent attablés depuis un petit moment.

"- Tiens, je croyais ne jamais te voir."

Une voix rauque emprunte d'amertume me vrille les tympans et mon regard se dirige machinalement vers son détenteur, mon père. Son regard de braise me transperce avant de se détourné.

" Prends donc place, j'ai quelques...consignes à vous transmettre." Je m'assied aux côtés d'Ivan et attend les consignes de mon père, anxieuse.

"- Bien. Comme vous le savez tous, aujourd'hui la Maison Feuerthal reçoit la visite des autres clans fondateurs. Je vous demanderai donc d'avoir une attitude impeccable et de faire honneur à vos couleur. Feuerthal est d'une puissance sans égale et nous devons leur rappeler qu'ils nous sont inférieurs.

De plus, j'envisage la possibilité d'une union entre Leticia et Blak, de la Maison Desnos."

Leticia manque de s'étouffer et son verre atteint le sol dans un fracas épouvantable.

"-Mais...vous ne m'en aviez pas...."

"- Assez. Tu connais les sacrifices Leticia."

Elle se tait et se tasse sur sa chaise. Pauvre Leticia, elle a toujours été docile, mais je ne sais pas si elle acceptera un si grand sacrifice. Sa robe en dentelle est maculée de sang et ses cheveux bruns viennent dissimuler son expression affligée. Ivan et ma mère ne disent rien et se contentent de siroté leur verre de O négatif sans la moindre trace de compassion.

Cette "famille" me dégoûte. Le pouvoir semble être l'essence même de notre existence. Je ne peux pas laisser ma sœur ainsi.

"- Père, vous ne pouvez pas marier Leticia, elle n'a que 22 ans !"

Ma vois déraille et dénote une pointe d'hésitation.

"- Leticia est en âge de fondée une famille et de faire honneur à sa Maison." s'interpose ma mère, toujours d'un calme olympien.

"-Mais...."

" - Ca suffit ! Je t'interdis de prononcer encore un seul mot !" tonne mon père.

" J'ai également songé à te marier, mais qui voudrait de toi ?"

Une gifle. Voilà ce que je viens de me prendre. Son regard me torture et je quitte la table furibonde. Me marier, moi ? Il a raison, personne ne veux de moi. Mais qu'importe. Cette idée n'aurait pas dû effleurer son esprit. Je suis une guerrière, pas une mère.


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⏰ Dernière mise à jour : May 28, 2015 ⏰

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Douce Anarchie (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant