Prologue

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Elle s'abaisse et prend mon membre dans sa bouche. Sa langue effleure chaque cellule de mon gland et trace les lignes de mes veines. J'inspire d'un sourire, elle ne sait pas ce qui l'attend. Je baisse le regard sur elle. Le bleu mer de son regard me transperce bonnement tandis que ses lèvres fines et roses de blondasse enveloppent mon pénis. Elle entreprend le dedans-dehors et moi, dégustant chaque plaisir de cette dernière fois, je renverse la tête et serre fortement la limite de la table qui me sert d'appui. Elle accélère la cadence, je retiens mes grognements. Je me sens venir.

Quitte à retarder le plaisir, je m'échappe brusquement d'elle, et sans délicatesse, la repousse de façon à la faire tomber sur le lit. Quel regard obscène et fou de désir pour une femme noble jusqu'au bout des ongles ! Je me penche sur elle et l'embrasse. Elle joue, je le sais. Mais elle ne sait pas que je joue aussi.

Je suçote sa lèvre et elle ne lâche pas la mienne. La main dans le feu, tous les deux, nous sommes si synchronisés. Il n'y a pas de doute, c'est une pro dans son domaine. Mais sur mon territoire, c'est moi qui tire les ficelles. Ma main effleure sa peau de princesse, douce et si lisse. La journaliste gémit, quel beau refrain pour les médias. J'immisce mon doigt en elle, elle se cambre sous mon torse et frotte contre moi ses seins.

Dieu me garde, ils me donnent l'eau à la bouche. Petits et malléables comme je les adore. Dommage que je vais devoir m'en séparer.

Une vingtaine de minutes plus tard, je roule sur le côté. Elle pantèle encore du volcan orgasmique que je lui ai offert comme cadeau d'adieu. Je l'observe fermer les yeux, moi-même soufflant pour me reprendre. Un instant, je me lève et marche sous son regard jusqu'au fond de la chambre, vers la décoration murale. J'y glisse ma main et sors un petit appareil.

Lorsque je me retourne, elle est sur ses coudes et me fixe alors que je m'approche, enregistrant la prise, le regard nonchalant. Je finis par m'abattre sur elle qui se hâte de quitter ses aises, tout d'un coup blême entre interrogations et assourdissement.

— Eh oui, Miss Harth. J'ai pris soin de graver chaque détail de cette soirée pour qu'elle reste inoubliable. Sur quelle plateforme de porno voulez-vous que je poste cette merveille ? Je pense que ça pourrait nous faire un peu plus de renommée, qu'en dites-vous ?

Elle me fixe avec une telle animosité que j'en souris malicieusement.

— Allons, ma belle ! Faites-pas cette tête, putain ! Vous êtes incroyable, il n'y a pas à s'en faire.

Je peux presque voir la fumée lui sortir des narines alors qu'elle soupire d'une fureur inqualifiable. Toutefois, ce calme intense dont elle fait preuve m'écœure. C'est un monstre, un beau monstre. Son magnifique corps de déesse épouse les draps et je trouve que le sexe lui va à ravir. Son sourire est lourd de colère.

— Et que voulez-vous monsieur Parker ? Combien de journalistes tenez-vous ainsi sous silence ?

— Oh, je vous en prie, Mlle Harth, je n'aime que les nichons ! je respire doucement en marchant pour m'asseoir près d'elle. Pourquoi avez-vous choisi ce boulot alors que vous avez une brillante carrière qui n'attend que vous pour décoller. Quel gaspillage de talent !

— Ah oui ? marmonne-t-elle sournoisement sans détourner la tête pendant que je m'évertue à sortir la carte mémoire de l'appareil. Et de quel talent parlons-nous exactement ?

— Je sais qui vous êtes.

Elle tourne les yeux et je lui tends mon cadeau d'au-revoir. Elle baisse le regard sur ma main.

— Vous direz à ceux qui vous ont envoyé que votre couverture est grillée. Qu'un de mes hommes vous a percé à jour et que vous avez dû vous tirer avant que je ne sois au courant.

— Je ne comprends un traitre mot de ce que vous dites, Jack, sourit-elle.

Je la dévisage aussi en arquant mes lèvres. Je pose la mémoire sur sa cuisse nue en la caressant au passage. Elle a beau se montrer opaque, j'entends presque son cœur battre à mille à l'heure.

— Filez avant que je ne change d'avis, Pamela. Je suis beaucoup trop d'humeur ce soir.

Le visage déformé par la rage, elle descend les prunelles sur sa jambe repliée.

— Et qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas un piège ? C'est trop facile.

— Vous avez raison. C'est mon présent pour nos adieux. Je vous trouve trop mignonne pour vous envoyer vivante dans le broyeur.

Les cristaux entre ses paupières se ravivent. J'étire encore plus mon visage, affichant mes belles dents blanches, les seules choses non-obscures sur moi.

— Il y a trois appareils qui nous filment encore. Faites le moindre faux pas et je vous élime. Juste à la porte, trois hommes vous attendent pour vous escorter. Je me sens mal rien qu'à l'idée de ne plus vous voir.

Je me lève et me dirige vers la salle de bain avant que sa voix ne m'arrête.

— Il y a une chose !

— Laquelle ? murmuré-je en me retournant.

— Je suis enceinte, répond-elle sans la moindre réticence.

— Eh bien félicitations, Mlle Harth. Encore heureux de vous laisser la vie sauve.

— L'enfant est de vous.

Sa phrase me force à plonger mon regard dans le sein. Elle ne se dérobe pas à mon analyse. Je sens mes muscles se contracter. Des souvenirs affluent en moi, mais je garde à l'esprit mon devoir.

— Vous m'en voyez navré, Mlle Harth. Mais il n'y a rien qui me fasse revenir sur ma décision. C'est votre corps, faites-en ce que vous voulez. Pour ma part, je pense avoir été très clair. Allez-vous-en, avant qu'il ne soit trop tard !

J'ai à peine fini de parler que je me retourne pour envahir la douche. J'ouvre les jets et l'eau s'abat sur mon corps scarifié. Je n'ai aucune idée de ce que je ressens. Néanmoins, je sais qu'entre ce que j'aurais potentiellement envie de faire, et ce que je dois faire, le dernier prévaudra toujours.

3.SCRABBLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant