La sorcière Borgne

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C'est mon moment préféré de l'année. On respire l'excitation des élèves à retrouver leurs familles pour les vacances estivales, les épais parfums du grand banquet nous caressent la peau. C'est officiellement la fin de l'année scolaire à Poudlard. Une quatrième année qui s'est déroulée un peu comme les autres, soit bien ordinaire. On nous a cassé les oreilles avec les B.U.S.E qui auront lieu lors de notre cinquième année et nous avons appris un éventail de sortilèges que la plupart d'entre nous ne pourrons pas utiliser en dehors de l'école sous peine de se faire expulser puisque nous habitons des régions peuplés de moldus. Parfois, je me demande bien à quoi tout cela sert puisqu'il nous est impossible de pratiquer à la maison durant les vacances. Les étudiants habitants les Highlands, soit les environs de l'école, peuvent pratiquer la magie durant l'été puisque les villages et les hameaux sont habités uniquement par des sorciers, il n'y a donc aucun risque de briser le Code international du Secret Magique.

Tous se dirigent avec hâte dans la grande salle afin de déguster le festin qui nous y attend et assister à la remise de la coupe des Quatre Maisons. Je me tiens debout devant les quatre gigantesques sabliers de verre qui rendent compte des points de chacune des maisons, gagnées ou même perdues durant l'année. Sans grande surprise, Serpentard va remporter la coupe haut la main, encore une fois. Les émeraudes qui remplissent le sablier brillent de mille feux sous les lueurs des torches.

- Alors, pas trop jalouse Poufsouffle?

Je pourrais reconnaître cette voix parmi des milliers. Sébastian Pallow, le frère jumeau de ma chère Anne. Anne est ma meilleure amie depuis notre première année à Poudlard. Arrivés directement de France seulement quelques mois avant le début des classes, je ne connaissais personne lors de mon entrée à l'école. Nous avons rapidement développé une grande amitié. Nous avons échangé nos premiers mots lors de la cérémonie de la répartition. Elle me voyait très mal à l'aise et est tout de suite venu me rejoindre. Depuis ce temps, nous sommes inséparables. Cependant, lorsque nous sommes amis avec Anne, il est impératif d'accepter Sébastian car un ne vient pas sans l'autre. Tout le monde est ami avec lui, très peu sont capables de résister à son charisme. C'est cette qualité qui le rend incroyablement charmant mais, je dois l'avouer, le rend incroyablement insupportable.

- Vous vous reprendrez l'année prochaine, rajouta-t-il.

Mon regard se posa sur le sablier de ma maison. Malgré les reflets flamboyants des diamants qui s'y trouvaient, il n'en avait guère pour être à la hauteur des émeraudes de Serpentard.

- Oh si seulement j'avais la même vivacité d'esprit que ce cher Sébastian Pallow, je pourrais peut-être faire gagner plus de point à ma maison, ricanais-je

- Avec un peu de travail, je suis certain que tu pourrais m'arriver à la cheville, Calypso Lavigne.

Un sourire en coin se dessina sur mon visage. Bien que tout cela était des blagues, j'enviais Sébastian d'être aussi doué. En plus d'être populaire au sein de l'école, c'est un étudiant hors pair. Les professeurs lui pardonnent assez facilement ses écarts de conduite car il est toujours premier de classe. Peu importe la matière, il a toujours, ou presque, les meilleures notes. Sa seule compétition est sa propre famille, Anne. Malgré l'aide incommensurable de mes amis et les efforts mis, je suis encore et toujours une étudiante moyenne, au grand désespoir de ma mère.

Ma mère... bien qu'elle soit une femme aimante, j'ai l'impression qu'elle est constamment déçu de moi et de la vie. Je suis né et j'ai grandi à Paris. Mes parents étaient des sorciers très réputés. J'insiste sur le mot 'étaient'. Lorsque j'avais 9 ans, mes parents ont contracté la varicelle du dragon. D'une quelconque manière, j'en ai été épargnée. Ma mère est une guérisseuse qui adore les remèdes artisanaux qu'elle confectionne elle-même. étant une pro des potions. En voyant son état de santé se dégrader ainsi que celui de mon père, elle a expérimenté plusieurs fois avec son chaudron. Elle finit par s'empoisonner et empoisonner mon père du même coup. Étant encore une enfant, je ne comprenais pas vraiment la gravité de la situation. C'est lorsque mes parents ont commencé à convulser au sol que j'ai compris. J'ai alors couru jusqu'au nécessaire à potion de ma mère afin d'agripper quelques bézoards. Je suis par contre arrivée trop tard, trop tard pour mon père. Ma mère s'en est sorti, mais pas lui. Il était un homme intelligent et professeur de sortilège à la prestigieuse Académie de sorcellerie Beauxbâtons. C'est dans cette école que mes parents auraient voulu que j'étudie la magie. Depuis ce terrible événement, tout a changé. On pourrait croire qu'une malédiction s'est acharnée sur ma mère et moi, du moins c'est ce qu'elle me répète. Elle n'est plus du tout la même, elle s'est engouffrée dans une noirceur sans fin et malgré qu'elle va mieux, elle y est toujours plongée. Il lui a fallu beaucoup de temps avant de reprendre un certain contact avec la réalité et reprendre le contrôle d'elle-même. C'est à ce moment que nous avons déménagé à Londres. Ma mère croyait que notre ancienne maison était devenue un lieu hostile où les mauvais souvenirs prenaient le contrôle sur nous. Je crois qu'elle cherchait plutôt un endroit qui ne lui rappelle plus mon père. Elle s'est trouvé un emploi de Guérisseuse à l'hôpital de Ste-Mangouste pour les maladies et blessures magiques. Elle est maintenant toujours enfermée dans sa chambre avec son chaudron à concocter je ne sais trop quoi. Je ne l'ai plus jamais revu faire de magie. Sa baguette doit se trouver au fond d'un placard à récolter la poussière. Bien que c'était son choix de déménager dans un autre pays, elle est encore déçue que je n'ais pas fréquenté l'Académie Beauxbâtons. De plus, je ne fais qu'accentuer cette déception puisque je suis d'une médiocrité en potions ainsi qu'en sortilège.

Dans l'ombre de la destinée // Sébastian PallowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant