Si les oiseaux pouvaient voler

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Tes lèvres tracent des baisers sur mon épiderme. Tes mains caressent ma peau. Tes yeux sont clos, profitant de ce moment d'intimité. Mes doigts jouent dans tes cheveux blonds. Ils sont longs, la parfaite longueur pour m'y perdre. Il n'y a que nous deux, les oiseaux envahissent le ciel.

Le soleil se lève à l'horizon. Le ciel se remplit de couleurs orangées et les bruits de la ville prennent lentement le dessus. Les vagues roulent sur le sable, se rendent jusqu'à nos orteils. Nous sommes à Miami, sur la plage. 

Il nous faut rentrer, revenir à ce rythme monotone qu'est la vie par chez nous. Là-bas, les oiseaux ne volent pas, les vagues ne lèchent que les roches et tes lèvres sont sur une autre. Je vous vois de loin. Je te vois de loin. Ton sourire, sa tête sur ton épaule et tes yeux qui fuient les miens. Là-bas, il n'y a pas de nous et il n'y en aura jamais. Tes mains caressent une autre, lui fait une pression réconfortante sur la cuisse. Là-bas, les matins sont gris, les nuages cachent la parade du soleil. C'est vous qui paradez, au milieu des couloirs. 

Tu redresses ma tête doucement, le bout de tes doigts effleure à peine ma peau. Tes yeux me fixent, scrutant chaque recoin de mon visage. Que vois-tu? Un énième amant? Une âme en peine? Ou bien un ami un peu spécial? Ta tête se penche doucement, nos lèvres se rencontrent naturellement. Ton pouce décrit des cercles sur mes joues. Nous nous arrêtons: un oiseau vient de se poser à nos côtés. Il chante, sa voix est claire comme le vent. Je crois l'entendre dire des paroles que je n'oserais jamais prononcer. Égoïstes et anormales. 

Bientôt, la plage sera remplie de surfeurs ou de touristes. Tu te lèves et me tends la main. Je la prends et je sais. Je sais qu'elles ont été faites l'une pour l'autre. Tu sembles hésitant, tes yeux cherchent des visages familiers dans ce paysage pourtant si loin de chez nous. Puis, comme tes recherches semblent avoir le résultat que tu espérais, tu m'attires contre toi et m'enlaces. 

L'air se réchauffe et tes bras m'entourent. Je me sens revivre dans cette étreinte. Les mots nous manquent, mais les oiseaux parlent pour nous. Ils chantent. Regarde comment ils chantent. Nous le savons tous les deux. Là-bas, il faudra jouer le rôle. Notre chez-nous tourné en prison. Dans quelques heures, l'avion passera, le voyage touchera à sa fin et nous serons de retour dans notre pays. 

Nous quittons la plage et faisons nos adieux à ce petit paradis. Le soleil est haut dans le ciel maintenant, et nous marchons à distance l'un de l'autre. La pensée de tes lèvres sur ma peau me pousse à continuer. Ce souvenir m'amène jusqu'à la chambre d'hôtel, jusqu'à l'aéroport et jusqu'à l'avion. Ce souvenir me fait tenir tout le trajet, alors que tu dors profondément. Ce souvenir me fait mettre les pieds en terre connue, voire complètement étrangère. Ce souvenir me fait garder les deux pieds sur terre alors que je te vois courir vers elle et elle vers toi. 

Tandis que vous vous enlacez, je t'observe. En silence. Tu ouvres les yeux et me fixes. Et je le vois, dans le coin de ton œil. Une larme qui roule. Tes lèvres forment des lettres, des syllabes, des mots. Je souris tristement. Je vois sur tes lèvres remuer les paroles de l'oiseau sur la plage. Les paroles que je n'ose dire. 

Oh, Hyunjin, si seulement les oiseaux pouvaient voler.

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𝑆𝐼 𝐿𝐸𝑆 𝑂𝐼𝑆𝐸𝐴𝑈𝑋 𝑃𝑂𝑈𝑉𝐴𝐼𝐸𝑁𝑇 𝑉𝑂𝐿𝐸𝑅 | 𝐡𝐲𝐮𝐧𝐥𝐢𝐱Où les histoires vivent. Découvrez maintenant