1.Mozalieri

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- Salieri, si je ne survis pas, dis à ceux que j'aime qu'ils resteront toujours dans mon cœur, supplia-t-il, le front couvert de sueur. 

Il était dans un état pitoyable, le teint pâle, les yeux creusés par des cernes et les lèvres sèches. Il ressemblait à un homme sur son lit de mort. La misère qu'il montrait désespérait Salieri qui secouait la tête. 

Que pouvait-il faire face à une telle situation ? Il était seul avec l'homme et celui-ci ne semblait pas vouloir l'écouter. Salieri avait beau avoir l'une des patiences les plus impressionnantes du palais, lui-même avait ses limites. Et l'homme venait de les atteindre.

- Mozart, pour la énième vous n'allez pas mourir, vous n'avez qu'une simple grippe, répéta Salieri, l'air dépité et profondément agacé. 

Au départ, quand il avait appris que le compositeur était alité au lit dans un état déplorable, il n'avait pu s'empêcher de froncer les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi on l'en informer lui en particulier. 

Puis, lorsque Constance Weber, l'avait suppliée d'être à ses côtés pendant son absence, il s'était mis à croire que Mozart ne devait plus en avoir pour longtemps. C'était avec une fausse réticence qu'il avait accepté la requête, au fond un peu inquiet pour le plus jeune, bien qu'il ne l'avouerait à personne. 

C'était ainsi qu'il s'était retrouvé à son chevet, veillant sur lui et écoutant ses complaintes pendant des heures sans que celui-ci ne s'arrête de parler. Il ne lui avait fallu qu'une visite du docteur pour comprendre que sa vie n'était pas tant en danger que ça, mais Mozart refusait de l'entendre de cette manière.

Il ne cessait de geindre, de gémir de douleur, comme à l'article de la mort. Salieri commençait à se demander s'il ne le faisait pas exprès pour l'énerver. Et si c'était le cas, c'était très efficace.

- Vous savez Salieri, même si vous ne m'aimez pas, je vous ai toujours apprécié. Votre travail est bon, même s'il n'arrive pas à la hauteur du mien, annonça Mozart, sincérité dans ses yeux. 

S'il comptait flatté Salieri, c'était raté. Sa dernière phrase resta en travers de sa gorge. Il détestait comment Mozart avait raison, son talent était bien plus impressionnant que n'importe quel autre musicien, Salieri compris. 

Peut-être que si Mozart ne s'en ventait pas autant, ils auraient pu très bien s'entendre, mais le jeune homme était obstiné à se pavaner devant quiconque qui oserait le regarder. Un tel talent pour un comportement si irritant, quel gâchis. 

Si seulement c'était lui qui l'avait eu, cette capacité à écrire les plus grands chefs-d'œuvre en un rien de temps, il aurait été modeste, avenant envers les compliments sans en faire trop. Mais non, il fallait que ce soit ce jeune écervelé. 

Hélas, la vie n'était pas juste et Salieri ne le savait que trop bien. 

Elle était d'ailleurs tellement injuste, qu'elle l'avait fait tombé amoureux de son pire cauchemar. 

Enfin, tombé amoureux, ça faisait trop roman à l'eau de rose, disons plutôt, que la personne de Mozart avait la capacité de lui faire ressentir quelque chose proche de l'affection. Oui, c'était mieux ainsi. 

Au tout départ, il avait haït le jeune homme, le trouvant trop bruyant pour sa petite taille. Et alors il avait entendu sa musique, elle était divine, d'une perfection presque surnaturelle. Salieri avait senti son âme résonner avec ses notes qui ne pouvaient venir que de Dieu. 

Il avait eu ce besoin de les toucher, de joindre sa propre mélodie à celle-ci. Il ne voulait faire qu'un avec cette salvation. Excepté que celle ci venait de Wolfgang Amadeus Mozart, l'être le plus insupportable qu'il puisse connaître. 

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⏰ Dernière mise à jour : May 02, 2023 ⏰

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