Kélima (Terminée)

Chapitre 3

Allongée, Kélima contemplait le tissu du baldaquin qui ornait son lit. Les murs roses, ornés de moulures en or, brillaient sous les rayons du soleil qui passait par la grande porte-fenêtre menant au balcon. Le lit sur lequel elle se trouvait faisait face à une immense baignoire en marbre, à moitié dissimulée par un paravent en bois. Une porte au fond de la pièce menait à la chambre d'Emalie, afin qu'elle soit toujours proche d'elle, et une autre donnait sur une penderie. Contre un mur, une coiffeuse était couverte de colliers de perles, de bagues en diamants et de pinces à cheveux incrustées de pierres précieuses étincelantes et colorées qui brillaient encore plus que l'or sur les murs.

Après plusieurs heures de repos pour rattraper sa nuit incomplète et son escapade matinale, Kélima se leva. Elle s'y dirigea tandis qu'une larme dévalait maladroitement sa joue. Elle s'assit sur l'immense fauteuil et s'observa dans le miroir. Elle essuya du bout d'un doigt la goutte d'eau salée sur son visage puis ferma les yeux pour empêcher d'autres larmes de couler.

— Tu es la fille du roi Mathéry. Même si ce n'est que par adoption, tu es une princesse.

Elle marqua une pause, cligna plusieurs fois des paupières.

— Je suis Kélima de Klairmonta. Kélima, princesse, de Klairmonta.

Elle répéta son nom plusieurs fois avant de laisser échapper un rire amer.

— C'est ridicule... Même toi, tu n'y crois pas, souffla-t-elle.

Elle se leva en soupirant et se rendit sur le balcon. L'air frais et les bonnes odeurs de la saison des fleurs lui parvinrent accompagnés du parfum salin de la mer. Elle ferma les yeux et se laissa bercer un instant par le son des vagues avant de les rouvrir et de s'avancer vers la rambarde. Sa chambre se situait au cinquième étage et donnait sur la cour avant. De sa fenêtre, Kélima pouvait voir au-delà les murs qui entouraient le château. La vue imprenable sur Klairmonta la subjuguait toujours autant.

Jetant un œil dans le vide, elle vit le professeur d'équitation de Camélys guider Lôr, l'étalon nouvellement acquis, près de la porte menant sur les jardins. Le cours de sa sœur allait donc bientôt commencer, ce qui voulait dire qu'il devait être presque dix-sept heures.

L'humeur maussade de Kélima disparut comme par enchantement. Sans attendre, elle se précipita vers la penderie. Elle parcourut rapidement des yeux ses robes et en sélectionna une qu'elle jugeait facile à enfiler seule puis se changea en vitesse avant de retourner dans sa chambre. Elle attrapa quelques bijoux, se passa un peu de rouge à lèvres pâle et quitta sa chambre à la hâte. L'adolescente se précipita ensuite dans les escaliers pour descendre de deux étages et parvint à l'une des fenêtres du troisième étage qu'elle ouvrit pour scruter l'arrière-cour menant aux appartements des soldats. Parmi ceux pressés de rentrer chez eux, elle chercha le regard qu'elle affectionnait tant.

En quelques secondes seulement, Kélima rencontra les yeux de Démerss. Visiblement à sa recherche aussi, il lui adressa un grand sourire qu'elle lui rendit en rougissant. Après un signe de la main, il se dirigea vers ses quartiers.

— Je t'ai vue, chantonna une voix.

Kélima se retourna soudainement vers Camélys qui l'observait avec une expression amusée.

— Tu es amoureuse ! s'exclama la jeune princesse.

— Oui et ? réitéra-t-elle.

— Tu l'avoues ?

— Oui et ?

— Arrête de te répéter ! s'exclama Camélys en fronçant les sourcils avant de se radoucir presque aussitôt. Tu dois être tellement contente que papa t'ait autorisée à l'avoir comme cavalier au bal.