Mirabella Holmes

Chapitre 2

— Blackwood pendu demain ! s'exclamaient des hommes dans tout Londres, dont en bas du 221b, Baker Street. Edition spéciale !
— 15/8 de tension, annonça le Dr john Watson à son patient, dans son cabinet, au premier étage de l'immeuble.
— C'est très bien, dit le vieil homme, ravi. Mes nerfs vont bien mieux, grâce à vous. Ah, dites moi, ce nouveau cabinet, vous emménagez quand ?
— Dans la semaine, répondit Watson. Cavendish Place... Avec touche de féminité.
— Ça, c'est merveilleux, dit le vieil homme.

Il s'apprêta à féliciter son médecin lorsque des coups de feu retentirent dans la pièce d'à côté.

— Seigneur Dieu ! s'exclama le vieil homme. C'était des coups de feu !
— Non ! Non, non. Des coups de marteau, n'est-ce pas ? tenta de rectifier Watson. Mon collègue doit... accrocher un tableau. Je vais voir.
— Ce collègue... hésita le vieil homme. Il n'emménage pas avec vous ?
— Oh que nous. Ni lui, ni sa sœur, répondit Watson d'un ton catégorique en sortant de son cabinet d'un pas déterminé.

Devant la porte, il croisa Mme Hudson dont le visage était crispé de lassitude. Elle semblait sur le point de lui porter le journal, avant les coups de feu.

— Je n'entre pas seule s'il est armé, dit-elle.
— J'y vais, la rassura Watson. Le journal ?
— Que ferai-je sans vous ? soupira Mme Hudson en lui tendant le journal. Il va tout dévaster. Et Mademoiselle Holmes ne fait que l'encourager... Ça pourrait la mettre en danger. Imaginez si elle reçoit une balle ?
— Il suffit qu'il ait une enquête, c'est tout, dit Watson avec un sourire pour tenter de rassurer la femme. Et elle, elle...
— Prolongez vos fiançailles, coupa Mme Hudson d'une voix suppliante.

Watson eut un rire nerveux qui ne se calma pas lorsque son patient sortit du cabinet en pestant :
— Ça sent la poudre, ici ! C'est inconvenant dans un lieu d'habitation !

Sa phrase fut immédiatement suivie d'un nouveau coup de feu et le patient du Dr Watson se baissa, affolé.

— Merci, commandant, s'impatienta Watson en l'incitant à suivre Mme Hudson. Une bonne tasse de thé ? Même heure, la semaine prochaine.
— Venez, commandant, dit Mme Hudson en l'entrainant avec elle dans les escaliers. C'est plus calme, en bas.
— Mme Hudson ? interpella Watson au dernier moment. Apportez-lui un réconfortant, dit-il en désignant une porte à sa gauche.

Puis il prit une grande inspiration et enclencha la poignée de cette porte. Mais en la poussant pour l'ouvrir, quelque chose derrière la bloquait, laissant juste assez de place pour laisser passer Watson. A l'intérieur, la lumière du soleil était interceptée par les rideaux et une fumée blanche emplissait la pièce..

— Permission d'entrer dans l'armurerie ? demanda Watson en discernant Holmes dans un des fauteuils.
— Accordée, dit Holmes en tirant dans le mur d'en face. Watson, j'élabore un dispositif étouffant le bruit des armes à feu...

Mais Watson avait déjà traversé la pièce en boitant et ouvrit les rideaux d'un geste vif.

— AARGH ! hurla Holmes de douleur en se cachant les yeux.

Endormie sur le canapé, vêtue d'un pantalon à rayures, Mirabella plissa les yeux, les sourcils froncés.

— Je peux savoir ce qui se passe ? grogna-t-elle.
— Votre dispositif ne marche pas, Holmes, trancha Watson. Sauf avec Mira, puisque ça ne l'empêche pas de dormir. Je peux voir ?

Il prit l'arme que Holmes lui tendit et la déchargea avant de la poser sur la table. Il y trouva du courrier éparpillé qu'il regroupa et épila soigneusement.

— Quelle heure est-il ? demanda Mirabella en posant une main devant ses yeux. Mon Dieu, cette lumière... Que quelqu'un l'éteigne, je vous en prie...
— Il est 11 heures passées, Mira, indiqua Watson. Vous êtes malade, peut-être ?  demanda-t-il en posant une main sur le front de Mirabella.
— Seulement ? gémit Mirabella. Laissez-moi dormir quelques heures de plus, je n'ai fermé l'œil que depuis 3 heures...
— Je peux savoir ce que vous avez fait, cette nuit, pour ne pas avoir dormi ? demanda Watson d'une voix dure.
— Oh mais vous connaissez déjà la réponse, Docteur, dit Mirabella avec malice.