Untitled Part 1

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Les scarabées bousiers suivent la trace des étoiles de la Voie Lactée pour diriger leurs périples.

D'apparence plus ordinaires qu'un Sisyphe, ils se réveillent chaque nuit avec diligence pour rassembler les déjections des autres, les rouler en boule, les consommer goulûment, les rejeter eux-mêmes.
Dormir, manger, déféquer, recommencer.

Utiliser la carte stellaire pour retrouver le coin à crottes des mammifères. Aux humains plus que similaires.

L'émoi commence toujours comme une caresse. C'est le vent qui effleure les petits arbres et qui les biaise, légèrement penchés sur le bord argenté des grandes falaises. C'est le petit déjeuner qu'on prend entre amis, doux comme un premier matin de vacances à Saint-Valéry. C'est la douceur du soleil de bord de mer, deux pastis en main pendant qu'on lit Aimé Césaire.

Puis l'émoi progresse, il obtient son diplôme d'impolitesse. Alors, c'est l'ouragan qui se presse contre les vieux volets, qui les écrase jusqu'à pouvoir les traverser. C'est les galaxies qui explosent, qui entrent en collision jusqu'à ce qu'on les peigne rose. C'est les constructions qui s'écroulent, la poussière qui efface les pierres qui déboulent.

L'émoi emmure les Hommes dans sa tambouille de sentimentalité comme dans une forteresse.

La méduse Turritopsis nutricula inverse son cycle de vie dès lors qu'elle se sent trop vieillie.

Grande de cinq petits millimètres, elle est capable de l'une des plus grandes prouesses qu'il soit d'être : renverser son cycle de vie du terme à l'amorce ; la taille du corps n'en fait pas sa force. Moins connue que le phœnix, elle est un élixir d'immortalité plus efficace que botox et vitamines, ambroisie de Kim K et de Diadermine. Défier les règles du vieillissement, poursuivre le désir de l'enfant de devenir adulte et de l'adulte d'avoir à nouveau huit ans.

L'homme n'a ni ailes pour voler, pas de super oreilles pour lui permettre de percevoir les ultrasons, aucun museau capable de renifler les effluves les plus bénins; pas de nageoires ni de branchies pour ne faire plus qu'un avec le corps marin; ni pelage ni plumage pour le protéger à longueur de vie des intempéries; des yeux bigleux et des pupilles peu performantes, incapables de percer la limite de la nuit; des pattes dénuées de griffes, bien incapables de chasser sans harpon; un cerveau un peu plus développé que la moyenne du règne animal qui lui ouvre les portes de l'autodestruction.

Le champignon Ophiocordyceps a maîtrisé l'art de la possession de corps et esprits.

Il s'infiltre par les muqueuses et fait germer sa pensée à la marge de mouches, sauterelles et fourmis. Parasite psychophysiologique, il fait son nid dans les cervelles et zombifie les coccinelles. Désordonner les synapses et faire court-circuiter les connexions neuronales. Il s'étend et pousse au cœur de ses victimes avant de les mener à la fosse communale.

Bouseux, irritant, parasitaire, l'Homme combine toutes les pires facettes de la glorieuse nature. Enfin, certains plus que d'autres.

Le reste explore les étoiles à l'aide d'une lunette, dans une fusée, ou allongé sur un drap ; teste les lois de la physique et des mathématiques jusqu'à en développer médecine, informatique et transhumanisme ; sait mouvoir le cœur de ses semblables par la seule beauté de son langage ; transmet sa culture de génération en génération ; met son intelligence au service de la sauvegarde de tous les animaux, dont celle des hommes ; vit et crée en communauté ; écoute attentivement les bruits qui émanent du sol terrestre ; voit son insignifiance dans le reflet de la glace et ne la renie pas ;

S'émeut et s'émerveille devant la mouche qui butine du vomi sur le trottoir tout en pensant à ses yeux quadrillés, et à ce que ça doit faire d'être aussi petit.

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⏰ Last updated: May 09, 2023 ⏰

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Panorama animalierWhere stories live. Discover now