Full Moon ~ Lost tome 6

CHAPITRE UN

Lya

Des cris résonnaient.

Mes oreilles bourdonnaient alors que je tentais de les couvrir pour ne pas subir ces sons. Des hurlements de peur, mélangés à des pleurs et à une tristesse intense. Un déchirement qui tranchait l'air, les environs et bien plus encore. Un cœur qui se trouvait brisé, écrasé en de minuscules petites miettes.

Je me rendis compte que ces cris étaient les miens, que cette détresse était mienne, tout autant que cette peur.

J'étais arrivée trop tard à Shaun Cohen, Aggur était déjà mourant.

Comment était-ce possible ? Aggur était le Chasseur le plus puissant que je connaisse ; un descendant direct de la lignée des Cohen. Alors pourquoi se laissait-il faire si facilement ? Il aurait pu contrer l'attaque, renvoyer Alouqua d'où elle venait et en faire de même pour les deux frères...

Mais rien de tout ça.

Il était en train de partir, nous abandonnant derrière lui. Sans lui, nous ne serons plus les mêmes, pour toujours et à jamais.

Mon esprit était dans le vague, me repassant la scène encore et encore, comme pour me torturer. Mes membres se paralysaient tandis que je tentais de repousser la douleur. Pourtant je devais l'accepter, me faire enivrer de tout, juste pour une dernière fois... Elle serait la clé de ma repentance.

Alors, je me laissai submerger par mes pensées...

« — Lya tu... C'est trop tard je vais mourir... Il ne... me reste que quelques secondes...

— Non c'est impossible, le coupai-je en ne retenant plus mes larmes qui glissaient sur mes joues et qui atterrissaient sur son visage pâle.

Aggur m'observa avec de grands yeux tristes. Il souffrait terriblement et sa poitrine montait et descendait au rythme de sa respiration saccadée. Ma main droite écrasait toujours le sang et de l'autre, je tenais sa tête sur mon bras. Aggur, d'un geste faible, m'attira contre lui de sorte que mon oreille se retrouve au niveau de sa bouche. Je n'arrivais plus à retenir les innombrables sanglots, je ne voyais plus rien du tout.

— Lya... Toi seule peux le faire. Tu peux réussir, je savais que j'allais mourir... C'était écrit, ba-fouilla-t-il alors que chaque mot semblait lui coûter.

Impuissante, j'écoutais l'homme qui avait changé ma vie me dire ses dernières volontés. Dé-vastée, je sentais le liquide poisseux de ce courageux directeur me couler sur la main. Mon cœur se serra davantage quand je compris que je n'arriverais pas à faire face à la mort d'Aggur Cohen. C'est lui, qui d'un simple geste, m'avait offert une nouvelle vie.

Son souffle se fit beaucoup plus lent.

— N'abandonne pas Lya et ramène Alouqua dans son monde prison...

Du bout des doigts, il effleura ma joue.

— Protège mon enfant... Louka.

Mon cœur s'emballa quand cette information traversa mon esprit. Louka ? Son... fils ? Com-ment était-ce possible ? Alors il restait donc un Cohen en vie ?

La main qui retenait mon épaule tomba sur le sol emportant Aggur Cohen avec lui.

— Non, non non non ! Vous ne pouvez pas mourir ! Pas maintenant !

Je hurlais de toutes mes forces en observant le visage de mon directeur dont les paupières étaient fermées pour toujours. »

La réalité m'était si dure, si abrupte et si cruelle. Je n'avais que seize ans, dix-sept dans quelques semaines, alors pourquoi, pourquoi moi ?