Le couple inattendu

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Hartford, Connecticut

Nous sommes trois jours après le repas, après le jour où je me suis ridiculisé devant ma famille. Maintenant, avec le recul, j'assume ce que j'ai fais. De toute façon, le mal est déjà fait et je ne peux pas effacer le passé.

Le fait de leur avoir tout avoué m'a permis de me libérer d'un poids. Je ne me rendais pas compte que ça me pesait de cacher la vérité à ma famille. Malgré tout, je n'ai pas encore eu l'occasion de m'excuser.

Joyce m'a fait un petit debrief lorsqu'elle m'a appelé hier. Sauf que j'y ai accordé peu d'importance car je n'étais pas encore redescendu de mes émotions. 

Je suis au cabinet en train de lire des papiers d'un dossier lorsque ma mère m'envoie un message. Elle m'annonce qu'elle a une longue pause à midi et elle me propose qu'on mange ensemble. Je l'invite alors à venir manger chez moi car j'ai moi aussi une grande pause et je dois récupérer ma robe d'avocat chez moi.

En plus, ça sera l'occasion de parler de l'autre soir. Avec ma mère, nous sommes plutôt fusionnels. Nous n'avons pas de mal à tout nous raconter et ce, depuis toujours.

Il est 11h30 à peu près, lorsque je pars du bureau. Avant de rentrer chez moi, je passe à l'épicerie pour acheter de quoi préparer à manger. J'ai décidé de faire un poulet tandoori avec du riz.

J'ai le temps de tout préparer avant que ma mère n'arrive. Lorsqu'elle entre, je ne peux pas m'empêcher de lui faire un câlin pour la saluer. J'en avais besoin, pour ressentir l'amour de ma mère.

Nous nous installons à table et pendant que je sers à boire à ma mère, elle me demande :

« Ça va ?
- Bof. Je suis un peu fatigué en ce moment. Je réponds en buvant une gorgée.
- Tu ne dors pas bien ? S'inquiète ma mère.
- Oui et non. J'ai beaucoup de choses en tête. J'avoue en baissant la tête.
- Tu sais mon chéri, tu peux me parler à moi. Je te soutiendrais toujours, à part si tu fais vraiment une grosse bêtise. Elle va dire et nous allons rigoler ensemble.
- Oui mais c'est compliqué. Je me sens bête.
- Mais pourquoi ?
- Parce que je ne voulais pas vous décevoir mais c'est ce qui est arrivé finalement... je dis, tristement.
- Tu te trompes complètement. Pour reprendre les mots de Erika « tu es courageux. ».
- Elle a vraiment dit ça à mon propos ? Je demande, étonné.
- Oui Ethan. Et d'ailleurs, je pense parler au nom de tout le monde, mais on te trouve courageux d'avoir pris ce choix. Ce n'était peut-être pas la meilleure décision on ne va pas se mentir, mais tu l'as tenue jusqu'au bout et c'est remarquable. Me raconte ma mère pendant que nous mangeons.
- Donc vous ne me trouvez pas nul de vous avoir mentir ? Je demande en reprenant espoir.
- Je t'avoue que je ne suis pas très fan des mensonges de manière générale, et je pense que tu le sais. Mais j'ai compris tes raisons. C'est plutôt à nous de nous excuser pour t'avoir posé toutes ces questions.
- Je voulais juste vous prouver que moi aussi, je suis capable d'avoir une relation sérieuse mais tout ce que j'ai gagné c'est de la tristesse et de l'énervement.
- Tu n'as pas revu Allie depuis le mariage ? Me demande ma mère, curieuse.
- Je l'ai aperçue au tribunal mais on ne s'est pas reparlé.
- Tu voudrais aller plus loin avec elle ?
- Je ne sais pas. Je me suis habitué à sa présence, à être proche d'elle. Même si on se chamaillait beaucoup, j'aimais ça. Sauf qu'elle m'a blessé. J'avoue en fronçant les sourcils.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous aviez l'air bien ensemble mais c'est vrai que le lendemain, on a vu la différence. Ce n'était vraiment pas pareil entre vous même si vous essayiez de ne pas le montrer.
- Tout allait bien mais on s'est disputé le lendemain matin. Elle m'a reproché des choses que je ne trouve pas fondées et ça m'énerve. Je raconte en restant assez vague.
- Je sais, tu n'aimes pas l'injustice. D'où le fait que tu sois avocat maintenant. Elle dit en souriant.
- C'est vrai. Je réponds avec un petit sourire.
- Mais pourquoi vous vous êtes disputés ?
- C'est délicat maman. Je lâche en commençant à être un petit peu gêné d'aborder le sujet.
- Tu peux tout me dire mon chéri.
- Bon et bien, nous avons couché ensemble, c'était très bien. C'est au réveil, le lendemain, que nous nous sommes disputés.
- Oh je vois. Écoute, je pense que tu es assez grand pour prendre tes décisions par toi-même. Seulement, si je peux te donner un conseil, ne te laisse pas influencer par ton égo. Ça serait dommage de passer à côté d'une belle histoire. Elle me dit, avec un regard bienveillant.
- C'est dur de faire ça car elle m'a blessé. Vraiment. Elle m'a dit des choses dures quand même.
- Je te crois mon fils mais parfois il faut savoir mettre de l'eau dans son vin pour avancer. Oh je n'avais pas vu l'heure. Il va falloir que j'y aille car j'ai du travail. Elle annonce en se levant.
- Merci d'être venue. Ça m'a fait du bien. Je dis en me levant à mon tour.
- Je serais toujours là pour toi Ethan. Prends le temps de bien réfléchir. C'est tout ce que je peux te dire. Elle me conseille.
- Oui. Merci. Bon après-midi. »