Assise sur le lit, les jambes en tailleur, elle attendait patiemment que le routier revienne. Il était parti à la recherche d'un distributeur ou autre chose du genre qui leur permettrait de manger, puisqu'ils avaient complètement oublié cette partie-là du programme. Elle jeta un dernier regard à sa tenue: un survêtement et un t-shirt. Ce serait très bien pour dormir. Et rien qu'à cette idée, elle se sentait gênée. Elle allait partager le lit d'un homme qui, bien que beau et gentil, n'en restait pas moins un homme qu'elle ne connaissait que depuis quelques heures. Un total inconnu.
Elle pensa à sa sœur qui aurait bien rit de la situation. Se moquant d'elle bien évidemment. Mais ça avait toujours été ainsi. Elle n'avait jamais connu que de l'agressivité et de l'insolence venant de son aînée. Kristen la méprisait. Et elle n'en savait pas les raisons. Peut-être était-ce parce qu'elles étaient trop différentes l'une de l'autre. Sûrement. Et puis, il fallait bien avouer que sa famille, ses parents, n'étaient eux même pas vraiment versés dans l'amour. Elle ne se rappelait pas que sa mère ou son père lui aient dit une fois l'aimer. Ni qu'ils étaient fiers de son parcours sans faute. Parcours éminemment brillant. Il n'y avait que reproches et remarques déplacées. Parce qu'elle n'était pas mariée à vingt-trois ans. Parce qu'elle ne cherchait pas de vie de famille stable. Parce qu'elle ne rêvait pas d'être la femme au foyer comme l'étaient sa mère, sa sœur et toutes autres âmes de la gente féminine de son rang. Elle ne rêvait pas de salons de thé, de spas et de journées oisives. Elle prenait sur elle de faire tenir l'entreprise familiale. Elle la faisait fructifier. Mais là encore, ça n'allait pas.
Elle soupira en se laissant tomber en arrière. Les yeux au plafond, elle pensa que le lit était pour le moins confortable, bien qu'il ne soit pas le sien. Et son fil de pensées la reprit. Sûrement ses parents seraient-ils choqués de la voir dormir dans un motel de routier. Ça la changeait des cinq étoiles où la tuyauterie était sertie d'or. Mais elle se rappela le fameux été où elle avait sapé l'autorité parentale.
Ils l'avaient inscrite dans un camp de vacances, correspondant à leur rang bien évidemment. Elle devait avoir quinze ans à cette époque. Et elle s'était arrangée pour annuler l'inscription dans leur dos, préférant partir dans une colonie de jeunes ados venant de milieu modeste. Elle était partie sans qu'ils ne s'en rendent compte. Le changement de milieu lui avait été étrange au début. Mais elle s'y était vite habituée. Et elle avait adorée. Parce qu'au fond d'elle, elle savait que c'était ce qui lui correspondait le mieux. Le retour avait été fracassant. Mais elle n'avait rien regretté. Et depuis, chaque année, elle s'octroyait une semaine de vacances loin de tout mais surtout loin du luxe. Une petite chambre dans une auberge de jeunesse et elle parcourait la ville choisie à l'occasion à travers les bus, le métro, la marche. Une vie normale somme toute. Bien évidemment, ses parents la pensaient dans un lieu paradisiaque, à l'abri des regards. Elle n'osait imaginer le scandale qu'ils lui feraient.
Mais ses pensées furent coupées par l'arrivée de Tom dans la chambre, les bras chargés de ce qui lui semblait être des chips.
- Bon eh bien c'est pas la gloire mais au moins, on ne mourra pas de faim dit-il en laissant tomber tous les petits paquets sur le lit alors qu'elle se redressait. Un repas de chips... ..lâcha-t-il en observant son butin. Si ma mère voyait ça je crois qu'elle ferait une syncope. Elle sourit alors qu'il quittait ses chaussures et la rejoignait sur le lit. J'ai dévalisé le distributeur mais au moins il y en aura pour tous les goûts. Et en prime continua-t-il en fourrant ses mains dans ses poches, j'ai le dessert. Il fit tomber Mars et Twix à côté des différents paquets de chips.
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Freedom's Route
RomanceExtrait : - Hi! Lança-t-il de sa voix grave, Can I help you ? Surprise qu'il parle en anglais, elle supposa qu'il n'était pas du pays. Surprise aussi de sa question qu'elle ne comprit de suite. Il reprit en voyant ses sourcils froncés. I can put you...