J'aurais voulu ne jamais remettre les pieds dans cette maison. Et pourtant, m'y revoilà... Rien ne semble avoir changé depuis ces cinq dernières années : les mêmes meubles sont disposés aux mêmes endroits, avec la même décoration. Même l'odeur environnante de lavande persiste et je déteste ça.
Mes parents sont décédés des suites d'un accident de voiture il y a trois mois et je suis la seule à pouvoir m'occuper de leurs affaires, étant leur unique enfant. La belle affaire ! Ils ne se sont jamais vraiment souciés de mon sort jusque-là et c'est encore une fois à moi que revient la responsabilité de gérer tout ce bordel.
L'ambiance qui règne dans la maison est dérangeante : tout paraît s'être figé, attendant que mes parents rentrent d'une minute à l'autre pour reprendre le cours de leur vie. De la vaisselle est encore à sécher sur le rebord de l'évier, les chaussons de mon père traînent au pied du canapé où les coussins sont en désordre.
Je ressors à l'avant de la maison récupérer mon second sac de voyage dans ma voiture, une petite Citroën C1 rouge, avant de le monter à l'étage avec ma valise.
Arpenter de nouveau les lieux me laisse un goût étrange dans la bouche, comme si je me retrouvais de nouveau quelques années en arrière et que je n'avais finalement jamais quitté mon village natal.
Ma main reste figée quelques secondes sur la poignée de la porte de ma chambre alors que je retiens ma respiration sans même y penser.
Aller, Lise, tu peux le faire.
La pièce était, à l'instar du reste de la maison, identique à mon souvenir. Les volets ne sont même pas fermés, les rayons du soleil laissant apercevoir la poussière accumulée sur le mobilier et voletant dans les airs. Depuis combien de temps personne n'était entré dans cette pièce ?
Alors que je fais le tour du lit pour y déposer mes sacs et ouvrir l'armoire qui se trouve derrière, mon pied heurte un objet au sol. Je me penche pour l'attraper et redécouvre une vieille figurine représentant une jeune bergère avec laquelle j'adorais jouer quand j'étais petite. La tenir dans mes mains me ramène dix ans en arrière, dans cette même pièce.
- Maman, regarde ! Ma bergère aimerait garder ses moutons sur le tapis !
- Ah non, Lise ! Tu sais très bien que je ne veux pas que tu restes jouer dans le salon alors que tu as une chambre pour ça ! Remonte vite, sinon je t'y enferme comme l'autre jour ! C'est ça que tu veux ?
Ce souvenir remonté à la surface me fait ressentir toute la peine et la solitude que j'ai vécu pendant mon enfance, principalement passée enfermée dans ma chambre pour ne pas déranger mes parents.
Lorsque j'essayais de descendre au salon avec eux, ma mère me réprimandait et me menaçait de m'y enfermer, quitte à mettre sa menace à exécution durant des heures. J'avais donc très vite assimilé ces quatre murs à une prison.
Même s'ils ne l'avaient jamais clairement exprimé, je savais au fond de moi que mes parents ne m'avaient pas réellement désirée. C'était arrivé, tout simplement. Bien entendu, j'avais été élevée correctement et je n'avais jamais manqué de quoi que ce soit de matériel, mais je n'avais pas reçu l'attention dont j'avais tant besoin. Je ne me suis jamais sentie tout à fait à ma place étant donné que mes parents ne m'avaient jamais considérée autrement que comme une personne à leur charge.
Bien entendu, je ne m'en étais pas rendue compte tout de suite. Cependant, lorsque mon esprit d'analyse a commencé à se développer, j'ai vite remarqué que le comportement des autres parents vis-à-vis de leurs enfants différait de celui que les miens me témoignait.
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VINDICTAE
Mystery / ThrillerJe suis une survivante. J'ai été contrainte de quitter mon village natal il y a de cela quelques années, mais aujourd'hui, je suis enfin prête à revenir et ce ne sera pas en vain. Je compte bien profiter de ce nouveau départ pour reprendre ma vie...