Chapitre 2

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– Je ne te fais plus confiance Lise, je ne sais plus qui tu es.

Le voir autant en colère contre moi ne fait que raviver la douleur lancinante dans ma poitrine qui me coupe le souffle. Je m'attendais à ce qu'il éprouve du ressentiment à mon égard, mais ce que je perçois de lui à cet instant me stupéfait. C'est comme s'il avait renié notre amitié.

- Je conçois totalement que tu m'en veuilles. Je ne te demande pas de me pardonner, uniquement de me laisser l'opportunité de t'expliquer pourquoi je suis partie de cette manière. Ensuite, tu décideras et je ne remettrai pas ton choix en question, je te le jure.

- Ce n'est pas tant ton départ qui m'a brisé, Lise. C'est ton silence.

Encore une fois, la froideur émanant de lui me traverse. Je sais qu'il a raison et que rien de ce que je pourrais dire ou faire ne changera cela. Pourtant, je me devais d'essayer.

Pendant toutes ces années, jamais je n'ai ressenti cette envie, ce besoin même, de libérer ma parole. Toutefois, cela me semblait être vital à cet instant précis. Des frissons me parcourent des pieds à la tête et le vent breton n'y était pour rien.

Je me sentais à la fois glacée et fiévreuse.

– Je n'aurais jamais dû t'évincer ainsi. Je le sais maintenant et...

Je reprends mon souffle comme si je venais de courir un sprint.

– Viens, rentrons et je t'expliquerai tout.

Je le sens hésiter puis son regard fixe le mien et je ne baisse pas les yeux, espérant qu'il pourra y voir toute ma sincérité. Au bout d'un certain temps, je peux observer ses épaules se déraidir légèrement et il finit par acquiescer en silence avant d'indiquer à Tao de nous suivre jusqu'à la maison.

Aucun mot ne franchit nos lèvres sur le court trajet du retour et une fois rentrés, je remets rapidement en ordre le salon afin qu'Alan et Tao puissent s'installer confortablement.

J'étais dans un état second, comme sur pilotage automatique, et à la fois très consciente de l'angoisse que je ressentais ainsi que de la nécessité d'être en mouvement pour ne pas me laisser envahir par ce flot d'émotions.

– Est-ce que tu veux boire quelque chose ? Je lui propose, avant de me souvenir que je ne sais pas ce que contiennent les placards.

– Oh, mais je n'ai rien à te proposer si ce n'est un verre d'eau. Je suis désolée, je viens à peine d'arriver et je n'ai pas eu le temps ni de défaire mes valises ni de...

- Respire Lise, je n'ai pas soif de toute façon. Arrête de gesticuler et assieds-toi. Tu m'as promis des explications, je suis là. Maintenant, je t'écoute.

Après avoir déambulé d'un coin à l'autre de la pièce, me voilà désormais figée par la peur, emprisonnée dans mon propre corps sous l'effet de l'appréhension.

Je déglutis péniblement, la gorge serrée.

Tao doit sentir mon malaise, car il s'approche de moi doucement et colle son museau au creux de ma main, ce qui a pour effet de me sortir de ma léthargie et m'apaise immédiatement. J'arrive alors à m'installer auprès d'Alan sur le canapé et Tao s'allonge à nos pieds.

- Alors, où étais-tu pendant tout ce temps ?

Sa voix se fait pressante. Il est agacé par la situation et cela renforce ma nervosité.

Je prends une grande inspiration et déclare :

– À Paris.

Ses yeux s'écarquillent et la tension gagne de nouveau ses membres.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 29, 2023 ⏰

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