Je m'approche de la porte en bois devant moi. Je pose ma main tremblante sur la poignée dorée et la tourne lentement...
Cela fait cinq heures maintenant. Le silence, l'obscurité et toujours la même sensation de présence tout autour de moi. Je suis piégée dans ma chambre. Il n'y a plus d'électricité et aucun appareil électronique ne fonctionne. Le temps s'écoule lentement, seconde après seconde, appuyé par le tic-tac assommant de ma vieille montre à ressort. Je suis toujours en vie, je n'ai pas faim, ni soif, mais j'ai sommeil. La seule lueur qui m'éclaire proviens de la grande fenêtre. Je l'ai finalement remarquée alors qu'un sentiment de malaise s'accentuait peu à peu avec l'intensité de la lueur rougeâtre qui enveloppait bientôt toute ma chambre. Somnolente, j'ai relevé la tête doucement pour voir de quoi il s'agissait. J'habite une rue passante et les phares d'une voiture venant de s'arrêter devant chez moi aurait pu créer cet effet. Il aurait alors fallu que les phares aient un aspect rouge intense mais... Cela me paraissait crédible au début. Lorsque j'ouvrit les yeux, je les ai vu ! La source de la lumière ! Deux sphères d'un rouge intense semblable à des yeux d'une pupille rétractée à l'extrême qui me fixaient à travers la fenêtre ! J'ai criée ! De toutes mes forces ! Mais il a bien fallu que je me résigne et me rende compte que mes cris ne changeaient absolument rien à la situation... Les deux yeux restaient là, fixant à travers la fenêtre, semblant n'avoir d'autre but que de maintenir la puissante angoisse qui me tenaillait. J'ai fini par un peu me calmer, tentant en vain d'utiliser mon téléphone et d'allumer les lumières. Puis j'ai finalement tenté d'analyser posément la situation.
Voici ce que j'en ai tiré. Les grands yeux rougeoyants regardent toujours fixement l'intérieur de la chambre. Ils ne me fixent pas vraiment mais regardent droit devant, comme un regard vide. Après un long moment d'hésitation, je me suis aussi décidée à approcher lentement de la fenêtre pour essayer de discerner autre chose. Je me suis alors rendu compte de deux choses supplémentaires. D'une part, l'extérieur ne ressemble plus à ce que je connais de ma rue. Pour être honnête, elle ne ressemble à rien, ce n'est qu'une obscurité d'un noir profond s'étendant à perte de vue. Comme s'il n'y avait que ça, comme s'il n'y avait jamais rien eu d'autre. D'autre part, ces choses que je prends pour des yeux ne sont reliées à aucun visage, aucun corps... Ils flottent simplement dans le vide devant la fenêtre de ma chambre.
Je suis si fatiguée... Je ne peux pas simplement me rendormir comme si de rien était. Je tremble et même si l'angoisse s'est un peu calmée, je suis toujours morte de peur par la situation. J'aimerais pouvoir contacter quelqu'un, n'importe qui. J'ai besoin de parler, de me rassurer, je me sens seule et constamment observée par la présence de ces yeux dans cette ambiance profondément malsaine. Je me suis mise à écrire. Ça me donne au moins l'impression que quelqu'un finira par lire ça. Alors je note tout, ce que je fais, ce que je vois, ce que je veux vous dire... Tout ! J'utilise un petit carnet de note et un crayon de bois qui trainait sur mon bureau. Ça me rassure un peu.
Nous y voilà. Je me suis mise en tête de sortir de la chambre. Je ne suis pas rassurée, j'observe les alentour de ma chambre, aux aguets. Le silence est si pesant ! Il est paranormal... Je me sens oppressée ! Mais il faut impérativement que je fasse quelques choses. Les yeux fixent toujours droit devant eux. Derrière la porte, il n'y a qu'un grand couloir qui mène aux différentes autres pièces de la petite maison ou nous vivons, mes parents et moi, depuis tout récemment. La main tremblante sur le poignet dorée de ma porte, m'apprêtant à ouvrir, je pris pour trouver ce grand couloir que je connais bien. J'approche mon oreille de la porte doucement. Le silence. Je me retire ensuite je tourne la poignée, puis tire légèrement la lourde porte vers moi. Le léger cliquetis du mécanisme de l'ouverture et le grincement qui s'ensuit contraste lourdement à travers le silence omniprésent de la pièce. Un frisson désagréable me parcourt alors tout le corps. J'approche prudemment la tête du léger entrebâillement de celle-ci afin d'observer le couloir. Des yeux ! Les mêmes yeux rougeoyants qui me fixent déjà à travers la fenêtre ! Il y en a d'autre, juste là, derrière la porte ! Ils sont si proche de mon visage, me bloquant le passage ! Je ne peux rien faire ! Et les ténèbres, partout ! Je claque la porte pour la refermer aussitôt et m'y adosse, tombant au sol, les genoux dans les bras ! Je suis terrifiée ! J'observe par la fenêtre. Les yeux initiaux sont toujours là.
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Entitées
HorrorUne personne se retrouve piégée dans sa chambre, sans électricité ni contact avec le monde extérieur. Elle est observée par des yeux rouges flottants à travers la fenêtre et ressent une présence oppressante. Le temps devient confus, les souvenirs se...