CHAPITRE 3

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Je me retourne pour la énième fois dans mon lit en soupirant. Grâce aux rayons de la lune qui éclairent faiblement la pièce, je peux distinguer les traits de Sasuke profondément assoupi à côté de moi. Je tends la main vers lui et la pose sur sa joue que je caresse doucement.

Je t'aime. Pensais-je en fermant brièvement les yeux.

Oui, je l'aime tellement. Je l'aime à un point que j'en ai mal. Et pourtant, je ne saurais dire si je suis véritablement heureux de son retour. A vrai dire, je suis content de l'avoir avec moi, j'ai tant prié, désespéré de voir un jour ce moment venir. J'ai même souhaité la mort à de nombreuses reprises dans l'espoir de le rejoindre. Cependant, à présent qu'il est là dans mon lit, profondément endormie, j'ai comme une bile amère coincé dans la gorge accompagné de ce petit sentiment de culpabilité qui grignote mon coeur.

Pourquoi t'es là ? Pourquoi tu m'as forcé à faire cette promesse ? Pourquoi tu m'as suivi pendant trois ans sans quelquefois être venue me voir ? Pourquoi m'as - tu laissé croire que tu étais mort ? Pourquoi tu m'as laissé souffrir ? J'ai tant souffert de ta disparition. Et pourtant, ma peine n' a pas l'air de te déstabiliser plus que ça. Peut-être que au fond, tu ne m'aimes pas autant que je le pensais, autant que je Le voudrais.

Je laisse ma main tomber sur le matelas puis me redresse avant de me frotter le visage. J'ai mal à la tête à force de penser. Je dirige mon regard vers la vitre à travers laquelle je vois mon petit jardin avec en fond la balançoire de Himiko que j'ai construite avant hier. Ce jour-là , jamais je ne me serais douté que je ne vivrais plus dans le fantôme de Sasuke et qu'il n'y a jamais eu de fantôme non plus. Il a toujours été là. Tapis dans l'ombre.

Mais pourquoi ?

Telle une boucle infernale, mon esprit s'acharne à revenir sur ces pensées. Je crois que j'ai besoin de prendre l'air. Je me lève donc du lit et ouvre la porte fenêtre puis la referme derrière moi. L'air frais de la nuit me fait un bien fou. Je me sens toujours aussi fatigué mais je crois que ce soir ça va être nuit blanche pour moi. Je marche dans le gazon frais et m'assois sur la balançoire. Le souvenir de moi devant les portes de l'académie me revint en mémoire et un sourire acerbe étire mes lèvres. Au final, peut-être que les choses n'ont pas tant changé que ça depuis cette époque. C'est en repensant à tout ce chemin parcouru qu'en fin de compte je me dis que mon histoire avec Sasuke a toujours été plus ou moins répétitive. Lui s'en va, je lui cours après, on se dispute, il revient, on couche ensemble, je lui pardonne et il s'en va à nouveau. Si je me fis à ce schéma, je devrais être en train de coucher avec lui à l'heure qu'il est. Et ce n'est pas l'envie qui manque. Pourtant, quelque chose m'en empêche. Cette fois-ci ce n'est pas pareil que les autres fois. Je le sens. Et si ça avait été la fois de trop ?

Moi... sans Sasuke ? Et Himiko alors ? Non . Je secoue la tête. Je l'aime. Je l'aime tellement. Enfin ... je crois. Une peur irrationnelle afflux dans mes veines. Je prends une profonde inspiration. Est-ce-que je devrais aller coucher avec lui pour m'assurer qu'il est toujours à moi ? Ouais, peut-être que je devrais aller lui sucer la queue. Avec un peu de chance ça m'enlèvera toutes ces idées noires de la tête. Je lâche un nouveau soupire. Putain mais qu'est-ce - que j'ai ? Je regarde en direction de ma chambre. Il semble toujours endormi. A une époque, je pouvais dire clairement si son esprit était éveillé ou non, je pouvais même communiquer avec lui via la pensée. Maintenant, je ne sais pas si ce lien existe toujours. C'est à ce moment de notre vie où l'on a été le plus fusionnels aussi bien psychologiquement que physiquement. Le sexe entre nous c'était tellement bon. A ce souvenir, je sens ma bite se tortiller dans mon caleçon.

-Ahh... Je chuchote en prenant ma tête dans mes mains. C'est pas vrai.

Je fronce les sourcils, soupire et lève le nez vers le ciel étoilé. Je crois que de ma vie, je ne me suis jamais autant sentie perdue. Je ne sais pas quoi faire, ni comment réagir. J'ai l'impression de tomber dans un gouffre sans fin; que ma chute ne s'arrêtera jamais, que je ne toucherai jamais le fond. Je me demande même si je ne suis pas devenue fou. Je devrais sauter de joie, être en extase totale face au retour de celui que je considère être l'amour de ma vie. Et quelque part c'est le cas. Mon corps ressent ça, mais pas mon esprit. Ma tête semble ailleurs... C'est comme si - pour la première fois dans notre relation- ma raison faisait son boulot. C'est-à-dire : raisonner.

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