À ma place.

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Si je peux affirmer une chose, c'est que l'équilibre d'une vie est ce qu'il y a de plus fragile.
J'en suis l'exemple parfait.

Mon nom est Hannah Donfort et j'avais tout.
Un petit ami aimant, un groupe d'amis de longue date, une famille soudée. J'avais. Tout.
En apparence.
En réalité, je faisais face à des tempêtes internes en permanence, la culpabilité était mon fardeau et le silence mon meilleur ami.

J'avais, plus jeune, commis la plus grosse erreur de ma vie, me rendant responsable du décès d'une adolescente puis de la disparition de son corps.
Comment trois adolescents auraient ils pu gérer ça ?

Encore une fois, j'avais voulu garder cet équilibre, cette magnifique façade de vie parfaite qui m'avait permis de tenir un temps.
Jusqu'à ce que tout vole en éclats.
J'avais d'abord vécu des années avec cette sensation étrange et dérangeante, celle d'être observée.
J'en parlais a mes deux complices, et pour cause, je ne pouvais m'adresser qu'à eux, mais je lisais dans leurs regards de la compassion, au pire de l'inquiétude. Mais ils ne me croyaient pas.

Étais-je la seule à être poursuivie ? Ne voyaient -ils rien ?
J'avais parfois du mal a me rappeler que nous avions commis le même méfait ensemble.

Amy semblait avoir enfoui tout cela au plus profond d'elle et refusait de parler de Jennifer.
Elle balayait les discutions, avançant que nous nous étions protégés comme nous avions pu.
Je ne lu pas souvent de remords dans son regard, a tort, probablement.

Richy.. Richy était le genre de personne capable d'ignorer l'éléphant au milieu de la pièce.
J'avais voulu échanger avec lui, il semblait toujours très inquiet, soucieux, me faisant baisser le ton de la voix même lorsque nous étions uniquement tous les deux dans une pièce fermée.
Il semblait préoccupé à l'idée que je me sente observée ou suivi.
Il semblait préoccupé pour moi.

Il en va de soi que lorsque je fus amené à l'hôpital le plus proche après des jours de captivité et de privation d'eau et de nourriture, je ne crus d'abord pas la police quand elle m'annonça que mon meilleur ami et complice était responsable de mon propre enlèvement.

Qui l'aurait cru ? Richy ? Notre Richy ? Ce garçon qui a toujours une blague au bon moment et qui vous donne un sentiment de sécurité instantané ?
Je du pourtant me faire une raison.
Rongé par la culpabilité, il avait commis le second acte le plus stupide de sa vie. Kidnapper sa meilleure amie.

Je mis du temps à réaliser. Je fus soulagée que les visites me soient interdites pendant quelques heures, j'avais besoin de digérer ce que je venais d'apprendre.
Richy fut donc le premier coup de massue.

Le deuxième fut lorsque l'on vint m'annoncer son décès, les heures suivantes.

J'avais passé des jours entiers les yeux bandés, j'étais parfois nourrie a la cuillère, mes mains entravées en permanence.
Ce contexte n'avait pas permis a mon cerveau d'intégrer que Richy était mon bourreau. Richy était Richy, il n'avait pas pu faire ça.
Le déni fit place a la tristesse et je passais mes premières heures libérée a pleurer toutes les larmes de mon corps.
Richy avait laissé une lettre adressée à la police, cette dernière le rendait responsable du meurtre de Jennifer des années auparavant.

Si le but était que je me sente mieux, ce fut un échec. La culpabilité m'assaillit de toutes parts lorsque Alan Bloomgate, chef de la police local, vint s'adresser à moi comme a une victime, avec une compassion démesurée.

Je n'avais rien dit. Trop lâche, trop épuisée. Oui, je l'avais laissé être blâmé. Je comptais avouer ma culpabilité mais pas ce jour là, pas maintenant.
Tandis que ma vie semblait partir en lambeaux, mes parents, ma soeur Lilly et mon petit ami Thomas purent enfin venir me voir.

The Other WomanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant