CHAPITRE 10

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Décidément, je suis une idiote ! J'aurai déjà dû comprendre que lorsqu'on donne rendez-vous à Messire Coste, il nous honorera de sa présence que dix ans plus tard

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Décidément, je suis une idiote ! J'aurai déjà dû comprendre que lorsqu'on donne rendez-vous à Messire Coste, il nous honorera de sa présence que dix ans plus tard.

J'essaye de mettre de côté mes pensées assassines envers mon bourreau pendant que je tire sur ma cheville droite pour étirer mon ischios-jambier. Sérieux, il aurait pu faire un effort. J'ai dû batailler sec avec Sandra pour qu'elle nous laisse la salle ouverte plus tard que d'habitude, et je sais déjà que je vais devoir m'excuser mille fois pour ce retard. Si j'ai de la chance, elle ne me demandera pas de faire 30 burpees d'affilés en guise de compensation.

Je souffle bruyamment pendant que j'attrape mon autre cheville. Le silence de la salle me rappelle que personne ne peut voir mes états d'âme, et que ça ne sert à rien de faire la gueule. Sandra est dans son petit bureau pour s'occuper de sa comptabilité et a promis de ne pas venir nous embêter. J'aurai préféré qu'elle soit là pour arbitrer notre combat "amical", mais je n'ai pas le cœur à la déranger pour ces broutilles. Une partie de moi me dit que j'aurai surtout voulu qu'elle soit présente pour ne pas me laisser seule avec mon retardataire, mais je décide tout bonnement de l'ignorer.

Ça fait déjà deux jours que Monsieur Insup' m'a mis au défi de le mettre au tapis. Je lui ai donné rendez-vous rapidement pour avorter cette rencontre ridicule le plus rapidement possible. C'est pour moi la meilleure façon de procéder pour que nous nous concentrions ensuite tous les deux sur l'essentiel. Autant battre le fer tant qu'il est chaud. Et puis je joue à domicile, il n'y a pas de raison que ça se passe mal.

Charlotte n'a pas arrêté de me rappeler avec hystérie l'échange intense que j'ai eu avec Coste lors de ce déjeuner désagréable. Elle s'est fait tellement de films dans la tête qu'elle voulait même venir ce soir voir notre combat ! Je n'ai pas pu m'empêcher de lui coller encore plus de travail pour lui mettre des bâtons dans les roues. Elle a eu tellement de dossiers à traiter que la pauvre n'a même pas eu le temps de lever la tête de l'après-midi. Que voulez-vous... Être patron à ses avantages, et même si je reconnais avoir été injuste, il faut dire qu'elle l'a bien cherché.

La situation est déjà bien assez embarrassante pour qu'elle y ajoute son grain de sel. Ça me désespère de voir comment Coste me mène en bateau avec autant de facilité, moi qui m'étais juré que ça n'arriverait plus jamais. Je vais devoir lui faire comprendre que je ne suis pas quelqu'un qu'on peut prendre à la légère. Je ne le suis plus depuis longtemps.

En position du cobra pour étirer mon dos, un frisson me parcourt soudainement l'échine et un doux parfum épicé aux pointes salées vient titiller mes narines. Il est arrivé. Mon foutu corps continue de réagir lorsqu'il est à proximité.

Je regarde par-dessus mon épaule et le voit là, debout derrière moi, en tenue de sport avec un sac bowling en cuir usé dans la main. À en juger par son air débraillé, sa peau légèrement humide et ses veines saillantes qui serpentent autour de ses bras, il n'est pas difficile de comprendre qu'il sort d'une séance de sport. Ses iris me parcourent paresseusement, laissant à chaque fois une nuée de chair de poule où son regard s'attarde. Lorsque ses yeux capturent enfin les mieux, il me lance son sourire signature.


BULLSEYE - TOME 1 - ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant