Prologue.

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"Sometimes there's a man... I won't say hero, 'cause what's a hero? but sometimes there's a man, and I'm talking about the Dude here, sometimes there's a man... Well, he's the man for his time and place. He fits right in there."

-The big Lebowski


***

Devant le corps couvert d'un drap blanc, dans la pénombre, deux silhouettes veillaient.

Elles savaient le corps froid comme le marbre depuis des heures déjà, mais ne pouvaient se résoudre à détourner le regard.

Sur le visage d'une des silhouettes, les larmes coulaient sans cesse. C'était des larmes silencieuses : Aucun sanglot ne venait secouer l'ombre, qui ne reniflait même pas pour tenter de se ressaisir. C'était à se demander si le jeune homme avait conscience du flot qui courrait le long de ses joues en s'attardant sur le sillon de profondes cicatrices.

Son immobilité parfaite permettait à la seconde silhouette de reposer sa tête au creux de son épaule. Ses yeux parfaitement secs étaient fixés sur une courbe du drapé qui lui faisait face, là où l'on pouvait deviner la forme d'une baguette magique.

Depuis que leurs camarades les avaient quitté cinq heures plus tôt, lassés de devoir prier un dieu inefficace pour que ce nouveau cadavre soit le dernier, ils n'avaient pas bougés.

Ils n'avaient pas vu le soleil descendre, pas prononcé un seul mot.

Chacun chavirait sur son propre océan de pensées.

Chacun s'était pensé plus fort que la guerre.

Des jeunes perdus qui avaient trouvé un sens à leur misérable existence dans le plus déséquilibré des combats. Leur mort ne les effrayaient pas, loin de là. Ils la voyait approcher comme une amie entre les sorts sur les champs de batailles.

Mais ils découvraient abruptement que la mort des autres étaient terrifiantes, des phobies qui brûlent l'estomac et rongent l'âme. Ceux qui se délivraient du fardeau du combat les obligeaient égoïstement à une peine démentielle.

Assis face au cadavre d'un des leurs, ils pensaient chacun à leurs êtres chers et l'angoisse de les voir engloutir par la réalité.

La silhouette qui ne pleurait pas songeait à son premier ami, celui qui restait infaillible au cœur de l'ouragan. Celui dont les vices le sauvait continuellement de leur enfer. Combien de morts avant que son bouclier fonde ? Combien de temps pour qu'il défaille et les entraînent à sa suite ?

Son poing se serra, douloureux d'avoir déjà serré une baguette magique avec l'énergie d'un condamné à mort toute la nuit durant. Dans la pièce obscure, sa voix rocailleuse s'éleva bientôt, déchirant le lourd silence :

- Lupin ? Je veux que tu me fasses une promesse.

Le jeune homme en larmes resta silencieux, attendant sa demande.

- Si je meurs, je veux que Black m'oublie. Si il le faut, je veux qu'ils m'oublient tous.

- Tu veux que je t'efface ? S'étrangla l'homme en l'écartant de son épaule, la voix étouffée par les émotions.

- Je t'en supplie. Je ne veux pas qu'on se souvienne de moi en martyr de la résistance. Je serais une misérable qui n'aura fait qu'obtenir ce qu'elle a toujours voulu.

***

- Maman j'ai tout ! Baguette, chouette, chaudron, tout est bon ! Baguette, chouette, chaudron... Balai !

Euphémia Potter leva les yeux de son exemplaire de La Gazette du Sorcier, juste à temps pour voir son hyperactif de fils remonter en trombe les escaliers à la recherche du balai dont il venait de se souvenir.

Lethé [HP- Maraudeurs]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant