Madame Astragale, chargée de l'infirmerie de Poudlard depuis plus de soixante ans, était attendue comme tout le personnel du château l'avant-veille de la rentrée sorcière, afin de préparer l'école au retour de tous ses élèves. Ce qui impliquait que sa jeune protégée se retrouvait coincée dans le château, seule, deux jours complets avant l'arrivée de tous ses amis.
Meredith passait la majeure partie de sa journée sur un des lits de l'infirmerie, lisant assise en tailleur face au bureau de l'infirmière. Elle faisait semblant de dévorer les romans que lui avait envoyé Remus et Lily, quand elle leur préférait la rumeur inlassable des conversations qui animaient l'infirmerie.
A midi comme à minuit, professeurs et fantômes défilaient inlassablement, s'asseoir face à la brave Miss Astragale, lui parler de la guerre, des disparitions, des morts, comme si on ne recevait pas la Gazette de la où l'infirmière venait. Dès l'instant où les élèves arriveraient, ce manège deviendrait plus discret, pour préserver les jeunes des angoisses de leurs tuteurs, mais pour l'instant Meredith y assistait en première loge. Sur le point d'entrer en sixième année, elle était visiblement considérée comme assez mature pour écouter une énième histoire de voisin démembré par les sbires du Mal.
Quand Madame Chourave s'en alla enfin de son pas pressée, visiblement secouée par sa privation brutale de fête des voisins, la jeune fille aux cheveux noirs leva les yeux de son livre, prenant un instant pour observer la vieille infirmière.
Assise à son authentique bureau de chêne, elle semblait inébranlable. Voilà le cinquième été qu'elle hébergeait Meredith, et cette dernière ne se souvenait pas l'avoir déjà vu dormir, ou même prendre un instant pour se reposer, quand bien même elle devait approcher les quatre-vingt ans. James Potter, qui avait tendance à passer un temps démesuré à l'infirmerie, croyait dur comme fer qu'elle avait retrouvé la pierre philosophale. Astragale était toujours aussi dynamique, et son esprit était terriblement vif. D'ailleurs, elle leva le regard de son parchemin, comme si elle avait deviné le regard de Meredith.
- Qu'es-ce que tu regardes comme ça, demoiselle ?
- Vous, Abigaël-Line. C'est l'heure de la sieste pour les gens de votre âge.
- Jeune fille, fit l'infirmière en se relevant de la chaise, sa voix haut perchée sonnant à la fois comme une menace et comme un rire, ton impertinence aura ton dos. Je dois me joindre à l'Assemblée Générale des Personnels, ne jette rien dans le chaudron cette fois-ci.
Meredith lorgna le contenu bouillonnant du chaudron de potion dans un coin de la pièce, mais ne répondit pas. Pour être honnête, elle n'avait jamais rien jeté dans la mixture: Peter y avait fait tombé un de ses gants quand ils étaient venus distraire Potter, et elle en avait pris la responsabilité pour calmer les pleurs du pauvre garçon. Depuis l'infirmière ne manquait de lui rappeler l'évènement.
Pendant que la jeune fille était perdue dans ses pensées, la dite infirmière avait quitté la pièce, laissant la porte claquer derrière elle. Meredith reposa son livre et sauta sur ses pieds. Elle adorait farfouiller les étagères de mixtures et de potions, pour les sentir, les observer. Il lui arrivait aussi de voler quelques ingrédients rares pour les potions que Lily s'entraînait à préparer dans son dortoir. Pour le Noël de l'année précédente, elle lui avait rapporté une poignée d'authentiques graines de Fenugrec d'Égypte : James avait boudé pendant une semaine de ne pas avoir lui aussi eu le droit à un câlin de la jeune rousse.
A se promener dans l'infirmerie sans but, Meredith finit par croiser son reflet, dans le miroir qui surplombait un évier de granit. La petite sorcière renfermée de première année était devenue une adolescente, qui commençait à affirmer son esthétique. Son visage s'était encore creusé, la peau blanchâtre laissait apparaître des pommettes saillantes et un menton marqué. Avec ses yeux enfoncés dans leurs orbites et ses joues profondément creusées, Meredith était loin d'être un canon de beauté. Dénotaient ses yeux d'un vert clair et ses cheveux de jais. Avec leurs reflets presque bleutés, ils étaient relevés dans une haute queue de cheval, parcourue de tresses très fines. La coiffure était complétée par une frange en pointe, qui tombait entre ses sourcils.
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Lethé [HP- Maraudeurs]
FanfictionLethé - Souveraine des oubliés. Ils s'appellent Remus, Sirius, Peter, James, ou encore Lily, Marlène, Dorcas, Alice, Frank.... Des ébauches de héros qui grandissent au fil des épreuves d'une guerre sorcière sans merci, dont ils seront spectateurs pu...