Hélène Salvador tapait sur le clavier du terminal tout en remontant ses lunettes sur son nez pour la troisième fois en cinq minutes. Ce tic elle l'avait depuis l'université, occupée à passer ses nuits à terminer ses thèses scientifiques. Sortie major de sa promotion, elle avait refusée toute vie sociale pour finir parmi les meilleurs. Mais aujourd'hui, voilà qu'elle le regrettait. Pourquoi passer sa vie à développer une entreprise, qui n'était même pas la sienne, surtout si cette dernière était destinée à provoquer la fin du monde ? Or, il était bien trop tard pour se poser la question. Elle tentait tant bien que mal de récolter des informations sur la fuite de son travail, et d'envoyer sur son serveur toutes les données qui pourraient plus tard lui être utiles.
Elle se retrouvait dans son laboratoire, totalement angoissée par la nouvelle. Le sujet s'était échappé ? Comment cela était-il possible ? Il était littéralement sous confinement, surveillé 24 heures sur 24, pas divers moyens de sécurité. Il était impossible qu'il se soit enfuit sans aide. Et bien qu'Hélène avait un avis sur ce sujet, il n'était ni le lieu ni le moment des aveux. Quand bien même, à qui pourrait-elle avouer tout cela ? A l'heure qu'il était, la ville devait être plongée dans l'anarchie, et le centre en pleine phase d'élimination. Un grincement de porte se fit entendre, et elle sursauta en se retournant. Quelqu'un, ou plutôt quelque chose se tenait de l'autre côté de la pièce, derrière la table d'opération.
- Tu nous quittes déjà Salvador ? dit une voix grave et tonitruante, presque inhumaine. Mais c'était bien cela le problème. Son interlocuteur n'avait d'humain que l'apparence ...
- Horius. S'il te plaît, laisse moi partir.
Elle s'était cramponnée à son bureau, tremblante, la main sur le tiroir qui contenait une arme de service, qu'elle était prête à utiliser, bien que douteuse de son effet.
- Je l'avoue, je te dois des remerciements. Après tout c'est grâce à toi que nous avons obtenu ces résultats.
- Tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu viens probablement de plonger l'humanité dans un chaos jamais vu auparavant.
- Tu t'égares, ma douce Salavador. Tu me crois responsable de tout ceci ? Pure illusion. Je ne suis que le missionnaire, conclut-il en un sourire. Et ce résultat, c'est grâce à toi.
Peu importe s'il disait vrai ou non, Hélène devait fuir de ce laboratoire. Pour cela elle devait emprunter l'ascenseur, et donc quitter cette pièce. Aussitôt, elle sortit l'arme du tiroir, et la pointa sur sa cible.
- Qu'es-tu venu faire ici ? M'éliminer ?
- Oh, je pense que ce serait une pure erreur. Tu as littéralement, et ce malgré toi, conclut un pacte avec le diable en personne.
- Le directeur n'a rien à voir la dedans, peu importe sa ... côte de popularité.
- Je ne parlais pas du directeur. Ton attachement pour cet opportuniste est parfois agaçant. Enfin ... J'oublie parfois que tu portes son enfant. Il est normal que tu le défendes. Mais je te rappelle que c'est lui qui, intéressé par nos gênes, s'est amusé à créer cette arme.
- Le parasite n'est pas une arme ...
- Non, c'est un céleste fléau. Et toi, une simple humaine, tu nous as aidé à l'améliorer. Alors t'éliminer ? Je viens plutôt te chercher, afin de t'amener vers notre prochaine destination, en lieu sûr. L'organisation se chargera de contenir la menace. De toute façon, à l'heure qu'il est le cobaye s'est déjà enfui dans la ville la plus proche. Il ne reste plus que quelques heures avant que l'armée n'intervienne. Puis ce sera à leur tour. Une nouvelle action sous une nouvelle façade. Les Folcan sont trop malins.
Hélène comprit alors dans ce brin de voix, qu'elles étaient ses intentions : Tester le parasite sur le terrain, quitte à sacrifier des milliers, voire des millions de vies. Prise d'un soudain vertige, elle manqua de s'écrouler si elle ne s'était pas retenue au dossier de son siège. Elle avait créé l'arme la plus puissante jamais possédée sur cette terre. Dieu seul savait ce qu'elle avait pendant tout ce temps enclenché. Puisse-t-il être à ses côtés en ce moment.
- Où est-ce que vous m'emmenez ?
- Vers un autre laboratoire, où nous pourrions récolter des informations nécessaires et de mettre fin à la menace. Nous avons déjà demandé aux meilleurs soldats de traquer le sujet.
- Et s'ils échouent ?
Un tremblement dans le bâtiment interrompu la conversation, faisant perdre l'équilibre à la scientifique. Quand tout à coup, d'autres pantins apparurent derrière lui. Il n'était pas seul. Ces créatures de ténèbres ... Hélène cru suffoquer de surprise.
- Alors, le monde sera plongé dans un chaos infernal, et personne ne pourra plus l'arrêter.
Sur ces mots, Hélène comprit trop tard que la créature s'était approché d'elle en une fraction de seconde, pour lui souffler une ombre au visage et l'endormir. Le lampadaire clignota, lui laissant tout de même l'occasion d'apercevoir son visage : Aussi noir que la nuit, des yeux d'une blancheur inerte presque ceux d'un reptile, et des dents acérées. Son arme tomba au sol, ainsi que ses lunettes. Plongée à plat ventre contre le carrelage du laboratoire, elle sentait l'appel du sommeil, tandis qu'une larme s'écoulait le long de sa joue. Et pour toute dernière vision d'horreur, elle vit le sang des gardes censés être placés devant sa porte s'étaler le long de l'entrée. Et leurs corps vidés de toutes vies, une der iere expression d'horreur sur le visage.
- Repose toi pour le moment. Nous aurons encore besoin de tes facultés pour la suite des événements, conclut-il en savourant sa larme de sa langue monstrueusement prolongée.
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L'île du phoenix
ParanormalÀ Vancouver, lorsqu'une terrible épidémie éclate dans la ville, un petit groupe d'individus tente de survivre tant bien que mal dans ce chaos que l'armée essaie maîtriser après deux ans d'affrontements. Alexia Folcan, une jeune femme sino-américaine...