Danaë

Chapitre 6

Chapitre 6 :

PDV Danaë :

Je retourne la lettre dans tous les sens et je trouve finalement un message écrit au dos de l'enveloppe. Le message est court et clair : "Pont des miraculés. Minuit." C'est tout. C'est un rendez-vous ? Il veut organiser une rencontre ? Si il est si bien informé qu'il le prétend, il doit savoir que je ne peux pas sortir du palais seule, enfin pas sans raconter un énorme mensonge. Je ne sais pas quoi faire.

Je m'arrête. Je n'avais même pas remarqué que je m'étais levée pour faire les cent pas.

"Calme toi. Calme-toi."Je me répète cette phrase en boucle. Ça ne sert à rien de paniquer. Il faut que je réfléchisse calmement à la question qui est : "Vais-je à ce rendez-vous ?" Cet homme à l'air dangereux, il pourrait me tuer sans que je m'en aperçoive. Mais, si il avait voulu me tuer, il l'aurait déjà fait, non ? Alors, si il ne me tue pas ça veut dire qu'il a besoin de moi. Mais pour quoi ? Je dois savoir...

Ellipse de la journée.

Ça y est. Il est 23h, l'heure à laquelle je dois sortir du palais si je veux arriver à temps au point de rendez-vous. J'ai passé un pantalon en cuir, une veste courte et des bottes. L'ensemble est noir pour qu'on ne me repère pas. Un poignard est caché dans ma botte, on ne sait jamais.

Je sors de ma chambre sur la pointe des pieds et je longe les murs jusqu'à l'escalier. Je descends et j'arrive aux grandes portes. Le plus dur à passer est devant moi. Les gardes. J'ai répété ma tirade tout l'après-midi mais si j'échoue, mon plan tombe à l'eau. Je m'approche des soldats et je prends un air paniqué. Je leur dis que j'ai entendu du bruit dans le couloir et que quand je suis sortie de ma chambre j'ai vu un homme se diriger en courant vers l'aile royale. Aussitôt, les gardes me remercient de les avoir prévenus et partent en courant en me demandant de retourner dans ma chambre, pour ma sécurité.

Dès qu'ils sont hors de ma vue, je me précipite vers les portes et je tire sur les poignées. Les grands panneaux de bois sont lourds. Je dois me dépêcher, les gardes seront de retour dans quelques minutes quand ils s'apercevront de la supercherie. Après les avoir ouvertes, je franchis les portes en courant. Ouf ! J'ai réussi. Je cours aussi vite que je peux vers la sortie du jardin. Je me concentre sur mes foulées et je ne vois pas la grande ombre qui se dirige vers moi à toute vitesse. Je lui rentre dedans de plein fouet et tombe à terre. J'entends un "Aïe !" et je me fige. Cette voix. Je la reconnaîtrais entre mille. Cette voix c'est celle de Koray, mon meilleur ami depuis toujours et, accessoirement, le fils de la reine. Mince ! Si il me reconnaît je suis foutue. Mais non, il fait trop noir, c'est tout simplement impossible qu'il me reconnaisse.

- D ? (prononcé "Di") C'est toi ?

J'ai parlé trop vite. Que faire ? Vite, invente un mensonge !

- Koray ?!

Je feins la surprise.

- Que fais-tu dehors à une heure pareille D ?

- Hum... j'ai ... un rendez-vous.

- Rendez-vous ? Avec un garçon ?

Je ne vois pas son visage mais je sens au son de sa voix qu'il est triste, peiné. Pourquoi ?

- Et bien... oui en quelque sorte. Tu veux bien me laisser y aller s'il te plaît ?

- Et pourquoi je ferai ça dis-moi ? Tu enfreins le règlement du château là.

Mais qu'est-ce qu'il lui prend ? Pourquoi agit-il comme ça ?

- Koray s'il te plaît c'est important. Je ne peux pas ne pas y aller.

- Pourquoi est-ce si important ? Ce n'est qu'un garçon. Il y en a plein qui ne rêve que de sortir avec toi au palais...

- Ecoute Koray, c'est plus compliqué que ce que tu crois. Mais, si tu me laisse passer je te promets de tout te raconter demain matin.

- Promis ?

- Promis.

- Hum... très bien. Vas-y.

- Merci !

Je l'embrasse sur la joue et pars en courant. Après quelques foulées, il crie :

- D !

Je me retourne et le regarde, attendant qu'il parle.

- Fais attention à toi.

Je hoche la tête même si je sais qu'il ne peut pas me voir. Pendant quelques instants je ne bouge pas, je fixe l'endroit où se trouve Koray. Je réfléchis : "Est-ce vraiment une bonne idée ?". Je pèse le pour et le contre. Cet homme a dit avoir des choses à me révéler sur mon passé. Et si il savait qui est mon père ? Je dois bien avouer que, en y réfléchissant, même moi je ne sais rien sur ma propre histoire. Alors c'est bon. Je suis prête à rencontrer l'homme qui pourrait bien changer toute ma vie.