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Introduction - la Fin des Jours

Introduction - La Fin Des Jours

     Cette histoire se déroule en l'an 2352, sur la planète Terre. Depuis l'an 2056, tous les pays ont été regroupés pour n'en former qu'un seul. Cet unique pays est dirigé par un unique gouvernement, employant des méthodes dures et très controversées afin de faire régner "l'ordre" au sein de la société. Les agents des forces de l'ordre, appelés "Défenseurs de la Paix", et surnommés affectueusement les "Défenseurs de la Peste", travaillent jour et nuit pour faire respecter la loi, et maintenir la société en sécurité... Enfin, ça, c'est ce que le gouvernement laisse penser, ou plutôt fait croire.

     Depuis les années 2060's, l'espèce humaine a été forcée de déménager, de changer de mode de vie, de migrer vers les profondeurs de la planète Terre. Les gratte-ciel, symboles de la richesse et de la puissance des pays, tombent en ruine, et finissent par s'écrouler sous le poids des années. L'humain vit sous terre... Pourquoi ? D'après le gouvernement, l'activité de l'espèce humaine était si polluante que l'atmosphère à la surface de la Terre est devenue irrespirable et dangereuse. 

     Dorénavant, les humains vivent sous la surface de la Terre, dans d'immenses villes souterraines construites à la hâte par des ouvriers sous-payés, dans des conditions déplorables. La population mondiale a chuté subitement durant les travaux d'envergure planétaire. Certains mouraient de chaud, d'autres de faim, certains tombaient des échafaudages rudimentaires et disparaissaient dans les profondeurs des énormes crevasses souterraines... Pendant des années entières, les familles des ouvriers ayant perdu la vie n'ont cessé de réclamer les corps de leurs défunts, ou au minimum, une cérémonie décente et digne de leur courage. Mais l'État n'a jamais rien fait pour ces hommes et femmes qui ont donné leur vie pour bâtir cet empire des profondeurs... 

     Depuis ce temps-là donc, les citoyens pensent vivre à l'abri du plus gros danger pour l'humanité, créé par l'humanité elle-même : un air si pollué qu'il est strictement impossible de le respirer sans y laisser la vie, ou au moins d'en garder des séquelles graves. Certains anciens racontent encore aujourd'hui que : "Les seuls à s'être aventurés trop loin dans la quête de la surface ont perdu la vie, ou la tête... J'ai vu des enfants revenir de là-haut si traumatisés qu'ils n'ont jamais osé dire un mot, et sont subitement devenus mués. L'air de la surface est pire que tout ce que l'on pourrait penser.". Des discours qui se répètent, encore et toujours, en boucle, dans les bouches de personnes souvent politiquement très orientées, évidemment en faveur du gouvernement en place. 

     En réalité, les seuls à s'être aventurés trop proche de la surface, ne sont jamais revenus. Certaines rumeurs courent dans les ruelles sombres et sinistres des banlieues souterraines délabrées et insalubres, racontant quelques faits et gestes du gouvernement et de leurs agents : "L'autre jour, j'en ai vu un : un grand, gros, mal coiffé et carrément moche. Y' portait l'un d'ces insignes en forme de cercle. Y' tenait un flingue... J'te jure ! Et là il a chopé le p'tit par l'col, lui a plaqué l'flingue sur la tempe, et a tiré ! Le pauvre... Y' d'vait même pas avoir dix ans. Tout ça, sous les yeux d'sa mère, parce qu'il avait eu l'malheur de se venter qu'il avait vu l'ciel...". Cet insigne en forme de cercle, transpercé d'une flèche, brodée sur les uniformes des "Défenseurs de la Paix", est le symbole du gouvernement en place. Il est censé représenter l'air, l'Oxygène, transpercé par la nature de l'Homme : dévastatrice et violente. Un symbole de haine et de violence, comme icône d'un gouvernement prônant la paix et le "vivre ensemble"... Ces méthodes peu conventionnelles comme celle racontée ci-dessus, on en entend parler tous les jours. Il n'est pas rare, en effet, que certains disparaissent sans un mot, sans laisser de trace... Souvent, ces citoyens qui partent sans prévenir, sont mêlés de plus ou moins loin à des histoires de "rébellion", de "quête de la surface", ... De jeunes âmes folles d'aventure qui partent à la recherche d'un mythe, à la découverte d'une légende. Car oui, aujourd'hui, en 2352, la surface de la Terre et l'air qui y règne ne sont plus qu'un mythe, entretenu, bien que parfois déformé, par les différentes générations. Le gouvernement tente donc de masquer les "preuves" de l'existence d'une éventuelle surface terrestre, en éliminant tous ceux jugés "dangereux".

     Les plus riches, qui se placent évidemment du côté du gouvernement, n'ont quant à eux que très peu de problèmes. Seuls les habitants des banlieues, des villes plus sombres, moins riches, c'est-à-dire très pauvres, sont les réelles cibles du gouvernement. Ceux-là vivent dans les "Basses-Terres" : un endroit si profond que même les lumières et projecteurs gigantesques installés au-dessus des villes ont du mal à l'éclairer. Les Basses-Terres sont considérées comme l'endroit le plus sordide du monde souterrain. En effet, il n'y règne que crimes, délits, et trafics en tous genres. Ce sont souvent les habitants des Basses-Terres qui remettent le plus en cause les dires du gouvernement, et affirment le plus que tout n'est que complot, et que la surface est habitable. 

     Beaucoup pensent que la surface terrestre n'est pas un mythe, et que l'air qui y règne est tout à fait respirable sans danger. Seuls quelques d'entre eux ont trouvé le courage, la force de se battre et d'essayer, quoi qu'il en coûte, de parvenir à la surface de la Terre et de révéler au monde entier la supercherie. Des âmes déterminées à rétablir une vérité dont ils ne sont, à vrai dire, par pleinement sûrs. De courageux défenseurs de la vérité, prêts à se sacrifier pour permettre à chacun de voir la couleur des rayons du vrai Soleil... 

     Car tout ici, sous la surface de la Terre, est artificiel : le Soleil n'est pas cette boule de feu et de lave en fusion magnifique et grandiose qui flotte dans le ciel et nous réchauffe la peau, mais plutôt des milliers... ou millions de lampes et de projecteurs braqués sur les villes lorsqu'il fait "jour". Lors de l'extinction des feux, nous n'assistons pas à de spectaculaires couchers de Soleil, pleins de couleurs, presque féeriques ; le soir, les Défenseurs de la Paix (ou "DP") se contentent de débrancher d'énormes prises aux quatre coins du monde... La pluie n'est pas non plus la même : finies les gouttes d'eau tombées des nuages, dorénavant les systèmes de tuyauterie des villes peuvent larguer depuis les hauteurs des villes souterraines, des litres d'eau pour arroser les champs, eux aussi aucunement naturels et bourrés de pesticides bien plus polluants que ceux utilisés avant la "Fin des Jours".

     La "Fin des Jours", c'est le surnom donné à cette journée sinistre du 18 juin 2056, jour où l'unification de tous les pays, et de la mise en place du gouvernement unique, dirigé par le sympathique (c'est ironique) Vladivostok Statoriv. De nos jours, la provenance de ce surnom est assez trouble, mais la théorie la plus plausible affirme que ce sont les premiers humains à être entrés dans les nouvelles galeries souterraines tout juste creusées qui se sont écriés : "Ça y est, c'est la fin des jours !".

     Personne n'ose réellement imaginer à quoi pourrait ressembler la surface, les rayons du Soleil, les océans, ... Personne n'ose non plus imaginer la souffrance ressentie par les humains qui ont dû se séparer de cette clarté et de cet air frais, pour rejoindre les profondeurs sombres, humides, et froides des souterrains.

     Personne, sauf elle : Alice Delpom, 19 ans, habitante des "Basses-Terres". Elle n'étudie pas, ne travaille pas, et ne se fait pas remarquer. Elle a décidé de consacrer presque tout son temps à la quête de la surface. Sa famille n'est pas très riche, elle est même assez pauvre, et il n'est pas rare que sa mère se prive de repas pour les nourrir, elle et son frère, Noan, 11 ans. Son père ? Aucune idée de qui il est, ni de où il est... Sa mère, Ayana, n'en parle jamais, et évite constamment le sujet, si bien qu'Alice s'est résigné à aborder ce point important de sa vie. 

     Alice a toujours vécu dans les souterrains. Les Basses-Terres sont son quotidien, et sa vie se résume à errer dans les ruelles sombres, cyniques, et sales de la ville de "Tenerra". Elle a toujours rêvé de pouvoir un jour aller visiter la capitale du pays mondial : "Magniris". C'est là que toutes les grandes personnalités ont grandi, se sont fait une place dans la haute société. Mais s'élever socialement n'est pas le seul rêve d'Alice : elle souhaite également découvrir la vérité sur la surface, et mettre un terme à ce qu'elle qualifie de "dictature de l'ombre". 

     Pour arriver à ses fins, Alice n'hésite donc pas à faire des coups bas, à user de ses capacités et/ou de ses dons pour obtenir ce qu'elle souhaite.

     Cette histoire, se déroulant en 2352 sur la planète Terre, raconte l'histoire d'Alice et d'autres qui, comme elle, veulent découvrir la vérité et respirer l'air de la surface terrestre...