Je les vois. Ils sont là, debout, et leurs doigts touchent le haut. Sans aucun effort, ils dépassent déjà l'obstacle. Est-ce qu'ils ont le vertige de là-haut ? Comment est la vue ?
Je les regarde d'ici, si proche du sol. J'ai tenté de sauter, mais je n'atteint même pas le milieu. J'ai essayé, encore, et encore, et encore...
Il sont proches du ciel, je suis proche du sol. D'accord. Dans ce cas, je deviendrai maître du sol ; personne ne pourra atteindre mon niveau, j'irai les faire trébucher et je leur montrerai mon royaume. Jamais je ne découvrirai le leur, car ils sont tellement à ce battre pour ce ciel, tellement nombreux à atteindre le sommet. Mais personne n'essaie de rester à mon niveau. Serai-ce trop bas pour eux ? Je leur montrerai le potentiel du sol. Je leur montrerai la force qu'il faut pour rester de son plein gré au sol.
"Tendu comme un arc", "quelques centimètres au-dessus de ta tête", "au centre de la paume", "le bras tendu". C'est comme ça qu'on fait un service. Pied d'appui derrière, tout le corps reposant dessus, le torse bombé, le colonne vertébrale tendue vers ce ciel lointain, le coude en arrière à quatre-vingt dix degrés, un arc tendu, l'autre bras qui lance le ballon, pas trop haut, pas trop bas, et pendant ce court moment où la balle reste en place, on lâche la corde de l'arc : le coude part vers l'avant, suivi de l'avant-bras et de la main, tendu vers le ciel, au centre du ballon, et on frappe ! C'est comme ça qu'on sert. Ça fait mal au dos, et au bras. Mais quand ça passe au-dessus du filet pour la première fois, c'est magique.
Il n'y avait que sur le terrain que j'avais quelque chose à revendiquer. Il n'y avait que sur le terrain que j'étais quelqu'un avec autant de possibilités que les autres. Avec mes capacités à moi. Proche du sol, loin du ciel.