Chapitre 1: Savoir se faire désirer

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Printemps 89 :

Il fait agréablement chaud, l'eau tiède m'enveloppe, je me repose, je suis bien... Je pourrais rester là toujours.

Amélie !

Amélia !

On s'était mis d'accord pour Amélie !

Des voix floues mais fermes me sortent de ma sérénité.

Pourquoi crient ils encore ces deux-là ? me dis-je.

Eux, ce sont mes parents : Robert et Christine.

Ils se sont rencontrés au Jump, une boite de province, l'été 1987.

Pour papa ce fut le coup de foudre : elle était douce, belle et timide mais intelligente, cultivée et artiste comme lui. Même si la dure réalité de la vie le fit devenir fonctionnaire.

Maman l'a trouvé bienveillant, beau garçon, bien élevé sans être snob pour autant. Le premier homme qu'elle ait connu qui ne lui voulait aucun mal. Ils se précipitèrent, se marièrent et voilà comment je suis arrivée là.

Eté 89 :

J'apprécie tranquillement le chocolat au lait et noisette que maman m'a envoyé gracieusement ce matin quand je me mets à ressentir des petits soubresauts, comme un hoquet contenu. Mais qu'est-ce qu'elle fait encore ?

Ma mère à une prédisposition à l'agitation : Escalade, parcs d'attraction, festivités locales, même enceinte de huit mois, rien ne l'arrête ! Je pense que la phrase que j'ai le plus entendu depuis que mon ouïe fonctionne c'est « Je suis enceinte, pas malade ! »

Mais là quelque chose ne va pas, sa voix est comme étouffée. Maman, tu pleures ?

Tu as quitté papa ?! Mais pourquoi ?

Automne 89 :

« Your mother sucks cocks in Hell, Karras, you faithless slime ! »

Non mais, elle va se calmer la possédée avec sa voix immonde ! Si elle pense qu'elle va réussir à me faire sortir d'ici avec ses films d'horreur de seconde zone, maman, tu te fourres le doigt dans l'œil !

Je suis bien là moi. Pourquoi voulez-vous me faire sortir ? Oui, oui, je sais je suis en retard, mais il pleut dehors ! Je déteste la pluie. Maman flippe quand il y a de l'orage.

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