[ AST ; LPM ] Comment on sait ?

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[ Abel et Achroma parlent ensemble d'aromantisme. Bonne pride, je posterai peut-être plus de petits trucs comme ça, rien de sûr ]

« Tu veux savoir comment j'ai su que je suis aromantique ?

- Ça a l'air de te surprendre. » une carte est posée sur la table, un huit. Fin du tour. « Tu n'es pas obligé de me répondre, si ça ne te met pas à l'aise.

- Ce n'est pas ça, loin de ça. Ce n'est juste pas très intéressant.

- Pas très intéressant, pour le meilleur ami de Judicaël Levavi ? Laisse moi en douter.

- Justement, Achroma. » il rigola un peu, un petit bruit qui équivalait à un fou rire dans sa tête. « Il n'y a pas grand chose à dire grâce à lui. »

C'est toujours une chose qui l'amusera, cette manière de se découvrir. Un deux est posé sur la table, un autre tour terminé et il posa un double quatre. Il n'avait que douze ans quand ce garçon est venu vers lui, lui parlant français avant de comprendre qu'Abel n'y comprenait rien du tout. Deux personnes isolées, l'un par son handicap et son identité de genre, l'autre par la couleur de sa peau et son caractère de cochon.

Ils étaient devenus amis, les seuls moments dont Abel aimait se souvenir de ces deux années passées à Saint-Cyr. Les seuls moments qui le faisait sourire un peu, des moments dont il aimait rappeler son ami quand il demandait.

« Tu sais que j'ai été à Saint-Cyr jusque fin deux-mille dix-neuf ? » elle hocha la tête en récupérant les cartes que Abel lui tend, avant de lui donner les siennes. « Pendant deux ans j'ai eu le temps de réfléchir à pourquoi ce que Judicaël me racontait à l'époque me parlait autant. Et entre temps j'ai eu le temps de commencer mon activité.

- C'est vrai que tu as obtenu ton Ultime très jeune, toi.

- Tu dis cela comme si tu ne l'avais pas obtenu dès tes dix-huit ans, Achroma. » elle rigola, et le sourire d'Abel se fit un peu plus visible. « Pendant que je tenais mon compte de critique sur instagram, je suis tombé sur un nom familier. Et quand j'ai vu son visage sur des publications j'ai immédiatement reconnu Judicaël.

- C'est assez drôle, vu la différence de monde entre les deux types de comptes.

- Surtout qu'a cette époque, je ne connaissais de la communauté queer que ce qu'un garçon me disait entre deux bouchées lors des repas. Mais j'ai commencé à le suivre, lire ses publications.

- Tu ne lui as jamais envoyé de message ?

- Je suis bien moins doué avec mes mots sur papier ou écran qu'en personne.

- C'est dire...

- Je te prierai de ne pas te moquer de moi quand tu es en train de perdre ta troisième partie d'affilée, Achroma. »

Ils rigolèrent de nouveau alors qu'Achroma roulait ses yeux, ses mains mélangeant les cartes et distribuèrent sans regarder, changeant la musique qui leur servait de bruit de fond dans la petite chambre d'internat.

Abel n'avait pas l'habitude de se souvenir de ce genre de choses. Des émotions qui l'avaient saisit quand il avait vu le post de Judicaël sur le fait qu'il était devenu un Ultime la même année que lui, la joie et l'espoir qui l'avaient saisit dans l'appartement vide que ses parents lui avaient laissé.

« Tu sais, Judicaël m'avait raconté que quand il t'a vu l'approcher à la rentrée de deux-mille vingt-et-un il a cru que tu allais le tuer ?

- Ça ne m'étonne pas, il avait l'air terrifié, quand je l'ai approché. Et je l'était aussi, mais je suppose que ça avait surtout l'air intimidant. »

Il n'en parlerait sans doute jamais par respect pour son ami, mais Abel avait également du se retenir de rire, quand l'expression de Judicaël s'était transformée en confusion pure et simple, une fois la main d'Abel tendue vers lui. Il n'avait pas compris, à l'époque, la peur qui avait saisit Judicaël, et pour être honnête il ne la comprenait toujours pas.

Ils étaient partis se mettre à l'ombre de l'un des arbres de la cour, deux jeunes garçons d'à peine quinze ans, le visage encore boutonneux et sûrs de rien. Abel avait commencé sa poussée de croissance, Judicaël avait commencé à laisser pousser ses cheveux.

« J'avais peur, quand je lui ai demandé s'il y avait un mot pour ce que je ressentais.

- Peur qu'il te dise que ce n'était pas le cas ? » il hocha la tête et remonta ses lunettes sur son nez pour cacher le début de larmes. La peur le prenait toujours, à cette idée, l'idée qu'il était désespérément seul. Qu'il serait toujours seul. « Je comprends.

- Il a eu l'air surpris, au début. Alors on a commencé à chercher, comme si on avait jamais passé deux ans sans se parler. Il me posait des questions, je répondais. Il me faisait des propositions, je disais oui ou non. »

Il s'en souviendrait sans doute toute sa vie, du soulagement pur qui l'avait saisit quand Judicaël lui avait parle de l'aromantisme. Qu'il n'était pas bizarre, pas isolé. Qu'il était normal aussi, qu'assez de gens se sentaient comme lui pour poser un mot.

Peut-être qu'il avait pleuré, cette nuit là, après cette réalisation. Il ne s'en souvenait plus, c'était tellement secondaire.

« Et toi alors ? Je suis aussi asexuel, mais toi non, je suis curieux de comment on se rend compte de ce genre de chose.

- Oh, mon histoire est loin d'être aussi intéressante. » elle pouffa un peu, jurant sous ses dents suite à sa cinquième défaite d'affilée. « J'ai eu quelques copains, des copines. Des gens que j'appréciais sincèrement, crois moi, mais je n'ai jamais eu... » elle bougea sa main, ses yeux rivés sur les cartes face à elle. « D'étincelle.. ? Je ne voyais pas ce que les gens trouvaient de si différent entre la romance et l'amitié. Et en arrivant à Hope's Peak, c'est ironiquement en lisant les livres de ce cher Emerens que j'ai su que c'était ce que je ressentais.

- Je vois. Je devrais y jeter un œil, Judicaël m'en a fait bien des éloges. »

Elle rigola avant de poser sa dernière carte, brisant enfin la suite de défaite qu'elle subissait.

Le repos des mortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant