La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯✯✯ ©

02 - Alexandre

Alexandre

30 septembre

Palais de Kensington, Londres, Angleterre

Voilà trois jours que nous avions quitté notre île paradisiaque, mais mon cœur et toutes mes pensées y étaient toujours, me remémorant inlassablement chacune des minutes passées à ses côtés, en particulier le moment de la demande. Tout du moins, la partie qui s'était déroulée sur la plage, là où elle avait accepté. Là où tout mon être s'était à nouveau emballé, comme lors de la toute première fois où je l'avais aperçue dans ce bar et où j'avais su sans l'ombre d'un doute que c'était elle.

Oh oui, c'était elle. Chacune de mes décisions, chaque doute, tout m'avait conduit jusqu'à cet instant, jusqu'à cet endroit, jusqu'à elle.

– Réflexe ! s'écria soudain une voix à quelques pas de moi.

Évidemment, trop pris par mes pensées, je ne pus attraper l'objet qu'avait lancé Ed dans ma direction. Celui-ci passa à quelques centimètres de mon visage avant d'atterrir dans un des nombreux cartons qui jonchaient le hall d'entrée du Palais de Kensington.

– L'idée c'est de monter les cartons à l'étage et non pas de les déballer ici. Et puis, fais attention ! Il a été dédicacé par Harry Kane, et j'y tiens.

– Est-elle au courant de ta passion pour le football ? Elle y connaît quelque chose d'ailleurs ? Ce n'est pas le sport le plus réputé dans son pays. De toute façon, elle n'aura pas vraiment le choix, entre toi et le fait que ce soit l'un des sports que nous représentons le plus, il va falloir qu'elle apprenne. Elle doit apprendre un tas de choses d'ailleurs, j'espère qu'elle en est consciente.

– Elle en est consciente, lui assurai-je avec fermeté. Jade est beaucoup plus terre à terre et en phase avec les défis de cette nouvelle vie que moi. Ne t'en fais pas, elle le sait, et c'est une jeune femme investie. Je mettrais ma main à couper qu'elle est en train de briefer sa famille sur les us et coutumes à cet instant précis. En attendant, presse un peu le pas. J'aimerais avoir déballé le plus possible d'affaire avant qu'elle n'arrive avec les siens.

– Tu sais, on pourrait demander à des employés de nous donner un coup de main, si tu veux que ça aille plus vite.

Je répondis par la négative avant d'attraper l'un des cartons et de me diriger vers l'étage supérieur. Ma vie était suffisamment facilitée, j'avais envie d'expérimenter, aussi normalement que possible, l'expérience d'un déménagement. Faire mes cartons, les porter, les défaire. C'était mes affaires, c'était à moi de m'en charger. Je n'étais plus un enfant qu'on devait seconder, j'étais un homme. Cela faisait légèrement râler Ed, qui aurait préféré passer une partie de sa journée à faire quelque chose de plus amusant, mais il ne rajouta rien et me suivit silencieusement.

Une heure et demie plus tard, toutes les caisses étaient disposées dans le hall d'entrée de mon nouvel appartement, à quelques mètres à peine de celui d'Ed et de Cecilia. Maman m'avait proposé de me donner l'une des nombreuses propriétés de la couronne, mais j'avais décliné... Tout du moins, pour le moment. Je ne voulais pas prendre une telle décision sans Jade. Choisir son foyer ne devrait pas se faire sans sa moitié. De plus, Kensington Palace était près de Buckingham Palace et au centre de Londres, ce qui serait beaucoup plus pratique en termes de logistique pour les premiers engagements ainsi que pour la préparation du mariage. Sans compter nos nouveaux voisins qui, je le savais, seraient d'une aide inestimable.

Oui, j'étais certain que j'allais souvent requérir l'aide d'Edward, et que Jade en ferait de même avec Cécy. Ils étaient passés par là il n'y a pas si longtemps après tout. Et Cécilia n'arrêtait pas de me répéter qu'elle était là pour nous, pour n'importe quoi et à n'importe quel instant. Je l'avais remercié un nombre incalculable de fois, et lui en étais reconnaissant. D'autant que je savais que cette période n'était pas facile pour elle, avec les essais bébés, sa gentillesse était d'autant plus appréciable. Je n'étais pas sûr de pouvoir apporter mon aide à quelqu'un si j'étais aussi triste que je savais qu'elle était. Elle tentait de le cacher, mais je le voyais. Je voyais la tristesse dans son regard, ainsi que dans celui d'Ed qui n'en disait pas un mot et qui dédramatisait à chaque fois que l'un de nous essayait de lui en toucher un mot.