. 4 ans plus tard

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4 ans plus tard...

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Je me réveillai par des cris.

Je sursautai et me crus un instant quatre ans plus tôt, à Paris, tirant sur un des gardes. Je le revoyais un instant mort, étendu sur le sol.

Mais non, ce n'était que les cris de Victoire, ma petite sœur née il y a deux ans, de mes parents à nouveau ensemble.

Je me levai lentement, encore la tête dans mes cauchemars. Victoire courue dans mes bras.

- Coucou ma puce, lui chuchotais-je à l'oreille.

J'étais dans le dortoir, la yourte des filles, que je partageais avec Lia, Emma et Liz et Lola.

- Joyeux anniversaire !! Me cria Liz, qui était dans le lit à côté du miens.

Cela faisait 18 ans que j'étais née. Il y a quelques années, j'aurais imaginé ce moment en étant le meilleur jour de ma vie, à faire la fête avec des amis, car enfin, j'aurais été une adulte.

Mais je savais que j'étais maintenant adulte depuis quatre ans. Le même jour ou l'ancienne France avait exploser. C'est là que plus rien n'a jamais été pareil dans ma tête.

Je sortis de la yourte avec Liz et Victoire, qui me tenais la main.

L'air était chaud, c'était comme ça depuis quatre ans, et on s'en était tous habituer.

Autour de moi, nous avions notre village que nous avions construit, loin de reste du monde, dans la montagne. Nous avions fabriqué comme nous le pouvions, des tentes, des yourtes, des cabanes, et nous vivions seulement à 25. Et ça m'allait très bien. Depuis que nous avions quitté de Paris, l'idée même de nous séparer avec les autres familles ne nous avait pas traverser l'esprit. Car maintenant, après cet évènement qui nous avait rapproché à jamais, nous étions une famille, ensemble.

Nous nous nourrissions d'un potager, et d'un élevage de poule. Et parfois, quand nous avions trop faim, nous allions trouver à manger en Espagne, où nous faisions 10 jours de marche pour aller voler des vivres.

Mais notre mode de vie m'allait très bien. J'étais heureuse.

- Joyeux anniversaire !! Me crièrent tout le monde, à peine sortit du dortoir.

Tous ces visages qui me souriaient me firent chaud au cœur. J'enlaça tout le monde.

Mais dès que ma grande famille arrêta de me prêter attention, je m'éclipsai discrètement.

J'allais souvent au bord de la falaise, regarder le monde. J'aimais parfois être seule.

Bien que j'adorait vivre à beaucoup, parfois, il m'arrivait de manquer d'aire.

J'étais assise, les jambes dans le vide, à laisser mes pensées se perdre.

Puis je pris la petite caméra qui était dans ma poche. Comme j'en avait l'habitude, je la plaçai devant moi. Même si j'avais l'impression que c'était hier, cela faisait trois ans que j'avais commencé à me confier à cet objet.

Il m'écoutait parler, mais ne me jugeait jamais. C'était devenue mon refige, mon psy. Un poids se retirait de mes épaules dès que je lui parlais.

- Aujourd'hui, j'ai dix-huit ans. Mais ici, qu'est-ce que c'est avoir dix-huit ans, au bout du monde ? Ce n'est rien. Mais je m'en fou...

J'entendis alors des pas derrière moi.

Je me retournai en vitesse, le cœur battant. Personne ne me rejoignait ici d'habitude. Personne ne savait ou j'allais, et ce que je faisais ici.

Mon regard croisa alors le siens. C'était Rayane. Je soupirai de soulagement. J'éteignis rapidement la caméra et l'enfonça dans ma poche avant que Rayane soit eu le temps de la voir.

- Je t'ai fait peur ? Me demanda-il.

- Un peu, oui.

- Tu préfères que je te laisse seule ?

J'aurais dit oui, si ce n'était pas lui.

- Non, reste.

Il s'assit à côté de moi.

- Parfois, je me dis que je suis content que tout cela se soit passé...Je me demande parfois comment ils ont choisi les dix personnes qui devais survivre. Je ne sais pas si c'est un hasard que ce soit les dix personnes qui s'entendent le mieux au monde...Me dit-il.

Je regardai Rayane dans les yeux. Pourquoi me disait-il cela ?

- Mais, mais on a perdu tellement de personne ? Tu ne peux pas être content que cela s'est passé ? Lui dis-je, en pensant à son frère.

- Tu sais, au début, j'étais désespéré, quand j'ai su que je ne reverrais jamais mon frère. Me confia-il, comme s'il avait deviné que je faisais allusion à son frère. Mais au final, ce n'était pas ce que mon frère voulait, mourir ? Depuis son coma, il ne parlait que de ça. Mais en positif. Au final, il est heureux maintenant, non ?

- Si...

Depuis quatre ans, Rayane ne m'avait jamais plus parler de son frère. Et là, c'est comme si je retrouvais le Rayane que j'avais découvert puis reperdu.

- Au fait, tu n'étais pas venu ici pour me dire ça, si ? Demandais-je après un lourd silence.

- Non. Je suis venu t'offrir mon cadeau, pour tes dix-huit ans.

- Mais il ne fallait...

Rayane me fit signe de me taire.

Mon cœur battait à cent à l'heure. J'avais mal au ventre. Que m'arrivais il ?

Les secondes me parurent une éternité avant que Rayane s'avançât vers moi et posa ses lèvres sur les mienne.

Je l'aimais.

Ce fut le plus beau cadeau d'anniversaire de ma vie. Je n'aurais jamais pu rêver mieux.

- Ton cadeau ta plus ? Me demanda-il.

Comme seule réponse, je l'embrassai à nouveau.

On resta des heures sur la falaise, à s'embrasser, avant de rejoindre les autres. La falaise, ce n'était plus mon secret. A présent, c'était le nôtre.

Alors à présent, quand on me demande si je suis traumatisée de cette explosion, je réponds que ça a été ma plus belle aventure. 

𝐄𝐭𝐞́ 𝟐𝟎𝟑𝟖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant