Chapter 1 - Julska

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Il le regardait. Lui et ses stupides cheveux bruns. Ses boucles qui lui allaient si bien. Ses yeux bruns qui le fixait. Son sourire qu'il avait l'honneur de voir.

Tout l'énervait chez lui, le rendait envieux. Oui, Jules était envieux de Simon. Parce qu'il avait un chien, des relations, de la musique, tout ce qu'il voulait.

Ou peut être qu'il le voulait lui ?

Il s'énervait, à regarder les photos qu'il avait prise de lui la veille, à les retoucher, à s'attarder sur chaque détail en se disant « qu'est ce que j'aimerais lui ressembler ».

Mais il fallait qu'il travaille, sinon il ne pourrait jamais lui envoyer son rendu demain. Simon allait les poster, comme toujours et ça allait faire un carton, comme toujours. Il aimerait crier au monde entier de ne pas regarder, garder ça pour lui. Il paraissait fou comme ça, non ? Ronger par la jalousie de quelqu'un qu'il n'était pas, de quelqu'un qu'il voulait plus que tout au monde.

Il se sentait comme un ivrogne en manque d'alcool qui pose les yeux sur une bouteille, son être cher, son envie, sa pulsion.

Il voulait le prendre, le mettre dans un coin et que personne n'y touche, comme un simple object. Mais Jules savait que son obsession était malsaine. Et ça c'est confirmer ou il a vu un simple tiktok dans sa for you page.

Il scrollait de manière paresseuse en faisant des pâtes parce qu'il avait faim et qu'il était tard. Et une musique trend sortait de ses oreilles en fixant le tiktok. D'une fille. Avec lui.

Il l'a regardait, d'un regard amoureux, de ce regard qu'on oublie pas parce qu'il renvoie un bonheur simple et humain. Et encore une fois, il crève de se dire que ça ne sera jamais pour lui.

Son côté toxique se demandait toujours pourquoi ? Il avait tout fait pour lui et avec lui. Il l'avait accompagné sur ses shooting, ses festivals, les vidéos, les montages, le temps entre amis, les vacances, l'entourage, la famille. Tout. Et ce n'était jamais assez pour qu'il tombe pour lui comme il l'avait fait.

C'était si dur pour lui de regarder cette vidéo, après tout, il ne serait jamais elle. Ses stupides cheveux longs, ses yeux bruns crème, son jolie sourire, son beau nez, ses boucles d'oreilles, ses vêtements. Il y avait tout à jalouser. Mais le constat était là: rien de tout ça ne ferait tomber simon amoureux de lui. Parce que c'était une fille, et qu'il était un garçon.

C'était un poids qui s'écroulait sur sa poitrine dès qu'il y pensait. Dans ce monde, il y a des gens qui pensent que tout à été inventer un jour, par dieu, par les humains, par l'univers. Alors qui a eu la foutre idée d'inventer le fait d'aimer quelqu'un qui aime quelqu'un de diamétralement opposé à ce qu'il était et à ce qu'il était destiné à être toute sa vie. Il était un homme, et Simon aimait les femmes.

Il ferma son téléphone, coupa le gaz, retourna sur son canapé et prit son ordinateur pour refaire son montage. Avec lui sur l'écran, comme d'habitude. Pourquoi modifier des photos quand la personne dessus était déjà une perfection ? Il se l'a poser tout le temps, cette question.

Après avoir finit et envoyer la v1 à Simon, il alla se doucher. Ses cernes dans le miroir était le reflet profond de toute la noirceur qui l'entourait et qui le consumait. Tout ses propos qui repassaient en boucle et en boucle à n'en plus finir. On pouvait finalement imager une ligne noir sur sa tête qui devenait un gribouillis de noirceur. Est ce qu'il en sortirait un jour ? D'abord sur sa famille, puis sur les filles, puis sur son avenir, sur son orientation, son taff, et maintenant lui.

Sa vie entière tournait autour de Simon ? Ou il le faisait inconsciemment ? Jules ne savait plus. Consacrer sa vie à quelque chose, et à le perdre était si dur à accepter. Il a déjà vécu ça avec sa mère, et ça a été une déchirure. Elle l'aimait, jusqu'au jour où il lui a annoncé qu'il n'apporterait jamais de belle fille, son regard était devenu si perdue. Puis elle l'a jugée. Sa propre mère.

Elle lui avait dit que ça ne serait plus jamais pareil, qu'elle n'y croyait pas, qu'il voulait lui faire du mal, que des thérapies existait, qu'il ne serait pas malade toute sa vie. Ça a définitivement fait quitter Jules de la maison familiale, donc il a prit un appartement et s'est chercher un boulot dans ce qui le passionnait, la photographie. Et Théodore s'est proposé pour qu'il devienne son photographe, puis Jordan, puis Théo, puis Arnaud, puis lui. Et c'était avec Simon qu'il passait le plus de ses journées. Et il aurait espéré être la personne de Simon aussi, mais il y avait cette fille.

Il y avait toujours eu des filles. Il pleurait pour elle parce qu'il l'es aimait, et lui le consolait parce qu'il l'aimait. Un rond point sans aucune route pour emmener autre part, bloquer au même endroit comme un poisson rouge coincé dans son bocal. Mais même si on sait que c'est mauvais pour le poisson, il reste dedans, bloqué parce que ce n'était pas son choix d'avoir ce bocal.

Il avait tenté de voir des psy, pour essayer de comprendre pourquoi il était tant obsédé par lui, mais la seule réponse était "l'amour est capable des merveilles et des pires folies". Même si la plupart du temps, il avait abandonné tout espoir d'en voir. Soit le juger sur son orientation, disait qu'il exagérait, cherchait trop profondément la source de ça. Quand ça rentrait trop dans son intimité, Jules ne prenait plus rendez vous.

Pendant que je conte tout ça, cela fait 6 jours que Jules n'est plus sorti de chez lui. Il dormait, pensait, marmonnait, écrivait, allumait, éteignait, marchait, restait allonger, regardait son ordinateur, fumait, buvait, déprimait.

Mais ce cycle sans fin s'était arrêté soudainement quand un toquement s'était fait entendre à sa porte.

Sûrement le facteur, la voisine venant râler pour l'odeur de son appartement, des gens venus parler d'une association, quelqu'un de quelconque et de peu intéresser dans l'histoire de sa vie, donc il resta allonger et remit sa télévision en route.

Quand un autre toquement s'était fait à nouveau percevoir à travers les sons de son écran. Et une voix. "Jules ? C'est Simon". Il l'avait reconnu à la prononciation de son prénom. Comme un phare en pleine mer de nuit qui était venu le sauver, comme une bouée une fois noyée ou l'horizon d'une sirène quand on délire sur la plage.

Pour être sûr ou possiblement pour nourrir son déni, il n'ouvrit pas mais coupa le son d'une chaîne d'info quelconque. "Je sais que t'es là, ouvre moi s'te plaît" encore cette voix. Ne sera donc t-elle de le hanter ?

Jules se décida de se placer devant la porte, et d'attendre, encore, un autre signal que ce n'était pas un mirage.

- je sais que t'es là, et possiblement que tu m'entends. Si c'est pas le cas, je parlerais dans le vide, ça me dérange pas. J'espère que tu vas bien, tout le monde s'inquiète au loat, on attends chaque jour de tes nouvelles. Tu me manques, bosser avec toi, rire, chanter, j'y pense la plupart du temps. Redonne moi de ta présence s'il te plaît, prends soin de toi. T'es mon pote j'ai pas envie de te perdre.

Il n'ouvrit pas, posa sa tête contre la porte, et soupira un bon coup discrètement. Et une fois le bruit des pas dans ses escaliers, il retourna s'allonger dans son canapé sans rien faire.

Il n'avait plus la force d'espérer plus, de faire semblant.

Ce soir là, où Jules n'a pas ouvert à Simon, c'était l'effet papillon le plus impactant de sa vie sans qu'il le sache. Parfois, un simple choix peut changer une vie, mais comment le savoir sans en faire un ? Impossible de comprendre ce que l'autre aurait fait. Que se serait-il passé si Jules lui avait ouvert ? Si il avait décidé de prendre son courage et de faire ce que son cœur lui disait ? Il ne le saura jamais, préférant écouter son cerveau qui lui disait de fuir.

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