Père et Alexander se disputent comme d'habitude. Et je ne sais jamais pourquoi. Jade joue avec ses poupées. Je trouve qu'elle est trop âgée pour y jouer encore, elle a 11 ans mais sa nounou l'y encourage et finalement je la comprends. Victoria, je ne sais pas où elle est : Père n'a rien voulu me dire. Mais j'aimerais vraiment savoir. Ma mère est morte il y a 10 ans, je ne m'en souviens même pas. Thomas doit être en train de travailler au bar de son père. Gabrielle doit se morfondre puisqu'elle est seule dans tous les sens du terme. Maximilian, je pense, est en train de s'acharner sur son mur comme à chaque fois qu'il est en colère. Et moi, pendant ce temps, je ne fais rien à part penser, j'attends et je m'ennuie.
Ce soir, je dois participer à un horrible bal où les gens sont tous des hypocrites ! Toute la noblesse : les femmes enfermées dans d'affreux corsets très serrés qui les empêchent de respirer, les hommes parlant de politique pendant des heures et jouant les idiots. Et moi... obligée d'assister à cela car ma grande soeur a été enfermée je ne sais où et donc déchue de son titre ! Elle m'énerve !
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Jade a encore fait l'une de ses crises dont elle a le secret. Étonnamment, je suis la seule à pouvoir la calmer. Mais elle en fait de plus en plus souvent et je ne comprends pas pourquoi.
Il va falloir que je commence à me préparer pour le bal où je serais vue comme Lady Viola Wilson et non pas Viola de Castelle. Ce qui fait que je ne peux pas prendre la même voiture que mon père qui lui sera un de Castelle. Lorsque ma mère a fait hériter Victoria de son titre, cela a mis mon père dans une colère noire qui a duré plusieurs jours apparemment. Je ne m'en souviens pas puisque j'avais 4 ans mais c'est ce que m'a raconté Alex.
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Définitivement, je ne mettrais pas de corset malgré les demandes de la gouvernante. Je refuse de porter un truc qui m'empêchera de respirer et qui fait s'évanouir. S'évanouir et porter le corset sont jugés beau par les hommes mais ça se voit que ce n'est pas eux qui les portent ! Tout cela pour nous rendre dépendantes. Je déteste et même je hais le patriarcat !
- Mais mademoiselle, vous serez la seule fille à ne pas avoir de corset...
- Et alors ? En quoi ça vous pose un problème ? Vous n'y serez pas il me semble.
- Vous allez vous...
Elle n'eut pas le temps de continuer vu le regard que je lui ai lancé.
- Très bien. Faites comme vous voulez, comme vous l'avez dit je n'y serais pas. Et ridiculisez vous autant que vous le souhaitez.
Je porte la robe que mon père m'a forcée à mettre, c'est déjà bien.
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Lorsque j'eus fini de m'habiller je descendis dans le hall d'entrée. Mon père s'y trouvait déjà. Il m'a regardée de haut en bas et a souri. Qu'est-ce que je haïssais ce sourire...
-C'est bien, Viola, pour une fois que tu m'obéis.
Je l'ai foudroyé du regard ce qui l'a fait encore plus sourire.
- Je peux encore me changer si vous voulez.
- Oh non, c'est bon. Cette robe te va très bien.
Qu'est-ce que je le détestais !
- Père a raison, Viola, tu es très jolie, a commenté Alex d'une voix qui voulait clairement dire : pour une fois.
- Mouais.
- Allons-y, ordonna mon père.
Je l'ai suivi. Il m'amena devant la voiture que je devais prendre, beaucoup moins belle que la sienne évidemment. Lorsque je montais il me murmura : « ne fais pas comme Victoria, ma chérie » ce qui voulait tout dire.
Je pense plus profiter de la promenade que du bal, même si elle est courte.
Justement, je suis trop vite arrivée. Mon père bien avant moi ce qui heureusement ne me força pas à le voir.
J'aurais voulu rester dans les jardins et me promener mais malheureusement je fus assaillie par des furies.
- Viola c'est toi ? Tu remplaces ta sœur c'est ça ?
- C'est vrai qu'elle a été emprisonnée ?
- Qu'est-ce qu'elle a fait ?
- Victoria doit être folle comme sa mère !
- Ma mère et ma sœur ne sont pas folles, idiote !
- Ta petite sœur aussi avec ses crises. Ce doit être le diable.
Cette fille m'a poussée. Puis les autres et je me suis retrouvée par terre.
- Je vous interdis d'insulter ma petite sœur !
- Ah oui et tu vas faire quoi ? Tu n'as personne et tu n'es personne Viola ! Ton père et tes frères te détestent. Personne !
- LAISSEZ-LA TRANQUILLE !
Elles ont toutes déguerpies. On m'a tendue une main ... que je n'ai pas prise. Je n'ai absolument pas besoin d'aide.
Mais du coup ma robe était dégoutante. Je l'ai un peu dépoussiérée (mais cela n'a pas très bien marché) avant de relever la tête en prenant mon plus beau sourire avant de le perdre totalement en voyant leurs têtes. Oh non ! D'ailleurs j'avais dû dire ces deux mots à haute voix car ils m'ont regardée bizarrement.
- Oh bonjour Viola.
Phillipe avait l'air aussi heureux de me voir que moi, Charles ne montrait aucune émotion.
- Que te disaient elles ? a demandé Charles.
- Rien.
- Oh vraiment ? Elles avaient plutôt l'air de t'en vouloir.
- Cela ne vous regarde pas, ai-je craché.
Ils m'ont regardé en fronçant les sourcils. Je crois que ma réponse ne leur avait pas trop plu. Et puis tant pis je m'en fiche.
Je frissonnais. C'est qu'il commençait à faire froid.
- Bon je vais rentrer.
- Attends 5 petites minutes, Viola.
- Quoi ?
Ils commençaient vraiment à m'énerver ces deux-là.
- Qu'est-ce qu'elles te disaient ? demanda Philippe.
- Vous n'allez pas lâcher l'affaire, hein ?
- Non, ma chère.
- Bon très bien.