Chapitre I

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I

  Les nuages ne font pas parties du paysage. Le ciel est dégagé, le soleil se reflète sur les vitres des bâtiments, la plupart des oiseaux ont déjà migré vers des pays plus froids. C'est le début de l'été et la canicule est déjà présente. La chaleur est étouffante.

  Les gens marchent vites dans les rues. Ils se pressent, se bousculent, se hurlent dessus pour des raisons futiles. Parfois, ils rient bruyamment pour se donner l'air d'être intéressant. Ils pleurent, ils sourient, ils s'énervent. Ils jouent de leurs émotions pour se sentir en vie. Ils se persuadent avec leurs propres mensonges qu'ils sont heureux. Les gens sont étouffants.

  Les voitures accélèrent, freinent et klaxonnent. Les pots d'échappements dégagent une fumée noire et nauséabonde. Les usines en font de même. Les immeubles, les maisons, les rues, les villes, les pays, le monde en font de même. Tout est bruyant, noir et pourrit. Le monde est étouffant.

  Peu importe le lieu, mes pensées ou les gens que je côtoie. Tout m'étouffe. Depuis toute petite j'étouffe. J'ai beau inspirer profondément, remplir mes poumons de cet air pollué, le garder au plus profond de moi, j'étouffe. Respirer est une chose simple. C'est le commencement de la vie. Mais moi, je n'y ai pas eu droit. Mais ça ne sert à rien de se plaindre. Je ne vais pas me morfondre sur mon sort comme le ferai n'importe qui. Non, Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec ces conneries. J'y ai déjà donné trop d'intérêt pour un résultat inexistant. Il n'y a qu'une seule solution et je la connaissais depuis le début.

  La chaleur est pesante. J'ai le corps mouillé de chaud et je peine à garder les yeux ouverts devant le soleil. Pourtant, celui-ci est sur le point de disparaître derrière les barres d'immeubles de la ville. Il se couche calmement pour laisser place à la noirceur. Mais il prend son temps. Il ne se presse pas et continue d'étouffer l'air avec ses rayons. En bas, les derniers élèves quittent le bâtiment. Ils s'empressent de rejoindre leurs amis pour rires et blablater. Rien qu'à voir leur bouche bouger de haut en bas, j'en ai les oreilles qui sifflent. Ils parlent sans cessent, sans s'arrêter une seule seconde. Mais ils ne se rendent même pas compte que personne ne les écoute. Ils parlent dans le vide pour rien dire. Mais malgré tout, ils continuent. Je déteste les entendre. Je déteste devoir leur répondre. Je les déteste et pourtant, il y a de forte chance que je sois comme eux. Non, je n'en doute pas, j'en suis sûr. Je suis comme eux, mais je me suis rendu compte de mon inutilité bien avant eux. J'ai compris que parler et écouter ne servait à rien. Je ne suis pas une brebis, je ne suis pas aussi bête qu'eux. La vie et l'espoir ne sont qu'une illusion. Il faut être con pour ne pas s'en rendre compte. C'est sûrement pour ça que je suis perché là, que je les regarde de haut quitter l'établissement. J'ai juste besoin de montrer ma supériorité. De me trouver à la même place que ceux qui tirent les ficelles de ces vulgaires pantins.

  Je détache mes yeux du sol quelques secondes pour regarder le ciel orangé. Je peux de nouveau ouvrir mes yeux sans que le soleil ne me brûle la rétine. Mais le béton sous mes pieds reste encore chaud et dégage une vapeur humide. La chaleur finira vraiment par me retourner le cerveau.

  Non loin de là, posé sur le sol, une rose rouge commence à s'affaisser sous le poids lourd de la température. La tige est dépourvue d'épines tandis que les pétales son d'un rouge presque fluorescent. Si elle ne dégageait pas son odeur, on pourrait croire qu'il s'agit d'une fausse. Même les fleurs sont faussées, dénaturé, rendu fade et plastique. Comme le visage et les pensées des gens, elle n'est qu'un vulgaire mensonge. Tu te prends pour une fleur, mais tu n'es que l'idéalisation de celle-ci. Tu n'es que la représentation parfaite de ce qu'elle devrait être. Mais tout le monde sait qu'une telle fleur ne pousserait jamais dans la nature par elle-même. Ou alors elle sera moins coloré, moins symétrique, moins belle. La beauté ne vient pas de la nature, seule l'homme peut la créer. Et il en est de même pour l'humain et tout ce qui l'entour. Tout n'est que farce, un vulgaire mensonge que l'on s'obstine à croire. De plus, l'Homme ne peut s'empêcher de signer sa création, de prouver au monde que c'est bien lui qui est à l'origine de cette œuvre dite « sublime ». Il en est de même pour cette rose faussée. Une petite ficelle blanche est attachée autour de la tige. Et au bout de celle-ci se trouve un petit bout de papier cartons joliment décoré avec, inscrit en lettres calligraphiques, : « Je t'aime ! ». Cette fleur m'a été offerte par un garçon de ma classe. Il me l'a tendu à la fin du cours pendant que je rangeais mes affaires. Il souriait d'un air charmeur laissant apparaître un petit rictus sur le coin droit de ses lèvres. Et lorsque je l'ai prise, il a simplement fermé les yeux d'un air confiant avant de me dire : « A demain ! ». Il a ensuite quitté la pièce pour rejoindre ses amis qui se sont directement jetés sur lui pour le taquiner sur sa déclaration. Mais malgré toutes ces remarques, il était fier de son action. Il était fier d'avoir balancé ses sentiments au visage de quelqu'un sans attendre la réponse de celle-ci. Il est fier d'avoir offert une fleur à l'une des filles les plus désiré de bahut. Il ne se rend même pas compte de ses agissements faussés, et de ses sentiments mensongers. Son inconscient cherche simplement à se placer au-dessus des autres et à prouver un courage hors norme. Il a simplement fait ça pour rendre jaloux les autres brebis du troupeau. Qu'elle abruti ferai une déclaration pareille à quelqu'un avec qui il n'a jamais parlé et dont il ne connaît rien. Encore un idiot qui n'a rien compris...

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 03, 2023 ⏰

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