Chapitre unique

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Le Soleil qui s'était levé sur la ville de Coney Island semblait radieux. Le monde ici paraissait souriant, peut-être trop parfait à mon goût. Les gens ouvraient tous leurs rideaux au même moment, les voitures ne faisaient pas de bruit avant huit heures du matin.

La journée n'avait même pas commencé que je la savais déjà ennuyante à mourir, j'allais probablement encore me faire battre à un jeu stupide par Franck, la plante de compagnie d'Ive, en fixant le ciel de la ville.

Encore une journée de plus à me demander ce que l'Univers pouvait avoir contre moi. Une journée de plus à ressasser la mort de Monsieur.J .

J'avais déjà beaucoup de mal à voir cet homme comme celui qui avait ruiné ma vie. Les yeux plongés dans mon café, j'essayais de me remémorer les bons moments passés à ses côtés.

Malheureusement pour moi, cet homme avait été aussi aimant que toxique.
S'il n'avait pas essayé de me tuer en me jetant dans une cuve d'acide, je ne serais probablement pas qui je suis à l'heure d'aujourd'hui. Mais peut-être aurais-je continué ma carrière de psychiatre tout simplement ?

Mon avenir semblait prometteur, mais sans lui je n'aurais jamais connu la jouissance de l'extrême. Cette quête d'euphorie ne rimait à rien sans mon bouffon vert. Je me sentais vide, qu'une personne parmi les autres.

Et il fallait bien que, l'idiote que j'étais, croise son regard si froid mais si séduisant. Je me sentais envahie par tellement de sentiments dès lors que ses yeux se plongeaient dans les miens.

Pourquoi fallait-il qu'il meurt ? N'avais-je pas le droit d'être heureuse ?

C'était si frustrant, je ne me sentais plus spéciale. J'étais devenue une fille banale que l'on voit sans vraiment regarder.

Bien qu'Ivy m'accompagnait dans ces épreuves, j'avais toujours ce sentiment de non-accomplissement qui grandissait en moi.

Comme s'il n'était qu'un prix au final, qu'un vulgaire défi que je voulais relever. Sa perte était étrangement frustrante.

Bien que je connaissais le mal qu'il pouvait m'infliger, je retombais inlassablement dans ses bras comme aspiré. Mes doigts qui s'entremêlaient toujours de la même façon dans ses longs cheveux verts. Comme si tout cela n'était qu'un rien d'autre qu'un serpent qui se mordait la queue.

Même mort il continuait à m'obséder, à créer cette chaleur étouffante dans mon ventre. Je ne ressentais plus aucun amour pour lui, tout ne se résumait qu'à un désir déchirant de me sentir exister, d'être quelqu'un.

Pourtant Ivy était là, auprès de moi comme toujours. Dès lors que mon regard a changé pour elle, Monsieur.J semblait s'être dissipé.

Les yeux verts de mon amie transperçaient chaque jour un peu plus les barrières entre nous.
Je n'avais jamais ressenti cela auparavant, mais comment savoir si c'était réellement de l'Amour.

Je ne l'avais jamais aperçu cette véritable passion, ne connaissant que l'illusion de cette peur confondue avec l'amour. Je n'avais même plus besoin de faire d'effort avec Monsieur.J je n'existais plus, il maniait ma vie avec tant de souplesse, je n'avais qu'à obéir, c'était étrangement reposant.

Depuis que je suis devenue maître de mon propre corps, j'ai l'impression de ne plus rien comprendre. Moi qui savais si bien interpréter les gens, mon savoir s'était ainsi retourné contre moi afin de me piéger dans ses filets. Il m'avait étudié, j'étais incapable de m'en défaire.

Puis Ivy est arrivée, souriante et dynamique. Les couleurs qu'elle apportait dans ma vie semblaient être une nuance différente de ce même vert attrayant. Elles avaient la vertue de m'apaiser, de me faire découvrir le calme que la vie peut nous offrir.

L'Amour, ce sentiment qui m'était autrefois étranger. Pourtant après avoir réellement regardé Ivy, j'avais enfin compris ce qui me paraissait, à l'époque, si lointain.

Malheureusement, je me sentais incapable de tout. Après avoir vécu un traumatisme amoureux comme celui là, l'idée de pouvoir à nouveau aimer quelqu'un paraissait impossible. La peur de redevenir comme avant m'effrayais, la peur de ne plus savoir quoi faire ou encore de ne pas réussir à me contrôler, qu'Ivy soit finalement comme lui.

Tant de choses me gâchaient la vie, je réfléchissais beaucoup trop, j'étais aspirée dans cette boucle qu'il avait façonné pour moi au fil du temps.

Ivy était de ses mortels que personne n'a jamais pris le temps de réellement regarder.

Ils s'arrêtaient tous à ce qu'elle leur offrait, aucun d'entre eux n'a réellement voulu la connaître. Elle racontait, à qui voulait l'entendre, que son seul véritable Amour sera à tout jamais la douceur de la sève.

Elle avait endurci son cœur, sans savoir que je savais que tout ça n'était qu'une façade.
Je savais qu'elle ressentait la même chaleur que moi lorsque son bras m'effleurait, qu'elle avait les mêmes envies quand ses doigts se posaient sur le tissu rugueux du canapé, ou encore quand elle osait les passer dans mes cheveux.

Son regard en disait long, ses yeux verts me transperçaient à chaque coup d'oeil. Je me sentais impuissante face à elle, mais cette fois ci, tout était différent.
C'était plus réconfortant mais aussi plus intense. Un sentiment qui me rattachait à elle de manière saine. Elle m'apportait autant que je pouvais le faire, voir plus à des moments.

C'était mon pilier.

Je pouvais passer des nuits à rêver d'elle, à imaginer l'odeur de son parfum, ou encore songer à ses mains se baladant le long de mon corps, aggripant mes hanches.

Avec le temps, mon esprit ne pensait plus du tout au Joker. Parfois il restait là, dans un coin de ma tête, jugeant mes nouveaux choix de vies. Il s'invitait de temps à autre dans mon intimité pour m'accompagner lorsque je cherchais du plaisir.

Il était là, malgré moi, mais sa présence ne me faisait plus aucun effet. J'étais enfin libre. Je pouvais enfin décider ce que je pouvais faire de ma vie.

J'en avais fini avec le crime, tout ce que je désirais était de tout recommencer à zéro et terminer ce massacre. J'avais repris le contrôle de mon corps et de mon esprit, plus en forme que jamais.

Après avoir enfin accepté la personne qu'il m'avait fait devenir, tout a été plus beau à mes yeux.

En particulier Ivy, que je ne cesserai certainement jamais d'aimer. Cette femme qui a changé ma vie. L'étincelle qui me manquait.

Malheureusement toute bonne chose à une fin, l'illusion de ce monde plus beau s'était dissipée avec le temps.

Me pardonnera-t-elle un jour d'avoir finalement succombé à la folie ?

Je t'aime Ive, bien trop pour qu'un simple mot puisse réellement retranscrire l'amour que j'éprouve à ton égard. Pardonne moi pour tout. Je n'aurais jamais dû fuir notre avenir.

Coucou c'est la fin de cette petite histoire, j'espère que ça vous a plu !
J'écris réellement pas souvent alors si jamais ça pique les yeux, désolé hein :')

Ça m'avait touché à l'époque d'écrire ça, j'étais dans une relation plutôt toxique avec une personne que je haïssais. J'avais écrit cette ff en espérant trouver le courage de la faire sortir de ma vie.

Si jamais vous avez déjà été dans ce genre de relation, ou si vous l'êtes maintenant mais que vous n'arrivez pas à vous en défaire...
Déjà rassurez vous car ce n'est en aucun cas votre faute, et c'est dur, même très dur de quitter cette illusion de bonheur et d'appartenance,
Mais vous n'êtes pas seuls, et vous méritez bien mieux :)
(Si jamais vous avez besoin, n'hésitez pas à me parler, et bisous)

HarlivyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant