sensible.

Prologue

   Je marchais vers la maison en ruminant lorsque je reçus un message de ma mère me disant de ne pas me presser. Je soufflai. La veille, je m'étais encore disputée avec elle au sujet de papa.
   Cela faisait déjà trois ans qu'ils étaient divorcés mais la rancune était toujours présente. Elle prétendait être d'accord pour que je le vois mais lorsque j'étais dans ma chambre ou autre, elle appelait son petit ami pour se plaindre du fait que je m'entendais bien avec papa. Pour maman, ce n'est qu'un bon à rien, pathétique. Elle l'avait quitté le jour de leur anniversaire de mariage. Il lui avait acheté une bague et un bouquet de fleurs. Sur la route il avait croisé un jeune homme qui avait eu un problème avec sa voiture, il l'avait aidé et lorsqu'il était arrivé au restaurant, il avait vu ma mère se lever et s'avancer jusqu'à lui. Elle avait pris le premier verre venu et le lui avait jeté à la figure. Papa n'avait même pas eu le temps de s'expliquer et les mois qui ont suivi tout est allé très vite. Papa s'était installé ailleurs, ils avaient signé les papiers du divorce et avaient partagé leurs biens. J'étais entre les deux, chaque bras tiré de chaque côté. Nous étions le genre de famille à tout faire ensemble, à tout partager. Mais tout s'était brisé en seulement une soirée.
   Maman ne travaillait pas et lui il faisait des heures supplémentaires pour qu'on puisse se permettre de voyager ou faire des sorties en famille. Papa faisait de son mieux pour nous offrir une belle vie. Mais j'avais l'impression que maman était égoïste. Elle lui reprochait de n'être là que le soir et les week-end. Il lui promettait que tout allait s'arranger et que nous pourrions profiter tous les trois ensembles. Mais elle n'y croyait pas. Elle ne le soutenait pas.
   Et puis, après le divorce les efforts de papa ont payé. Il avait eu une promotion en plus de sa prime. J'étais encore en fin de troisième à ce moment mais avec l'argent de poche que maman m'avait donnée, je nous ai payés un repas dans un Fast-Food. Papa avait insisté en disant qu'il pouvait payer mais je lui avais dit que je voulais le faire. Papa s'était mis à pleurer et je savais à quoi il pensait. Il regrettait. Il voulait que maman soit là avec nous. Après cela, papa avait plus de temps pour moi donc il travaillait moins. Il était même venu avec moi pour ma rentrée en seconde. Il essayait de passer de temps en temps à la maison pour parler avec maman mais rien à faire... elle le rejetait à chaque fois. Je pensais que cela lui ferait regretter son choix mais elle avait l'air plus énervée lorsqu'elle a appris pour sa promotion que lorsqu'ils ont divorcé. Elle avait accusé mon père d'avoir fait exprès pour pouvoir avoir l'argent seulement pour lui. En voyant que maman ne le comprenait pas, il avait fini par abandonner et couper contact avec elle. Des fois je me disais qu'aller vivre avec papa serait mieux. Mais je ne pouvais pas laisser maman seule. Après le départ de papa, elle avait eu beaucoup de mal à se trouver un travail. J'étais là pour la soutenir et elle avait l'air apaisé car elle savait que j'étais là.
   Puis après quelques semaines, je rentrai à la maison lorsque je l'avais vu rire avec un homme qui semblait être son petit ami. C'était la première fois que je le rencontrais. Elle avait quitté la cuisine pour aller chercher quelque chose dans sa chambre. Je m'étais approchée de l'homme pour lui poser une question : "Depuis combien de temps sortez-vous avec ma mère ?
  – Cela doit maintenant faire un an, je dirais." Je l'avais seulement remercié et avais quitté la maison. Maman trompait papa et au lieu d'assumer et lui dire directement ce qu'elle avait fait, elle lui avait remis la faute dessus. Elle a profité de papa. Je prenais le premier taxi et rejoignais le quartie où habitait papa. Je l'appelais, ça sonnait mais aucune réponse. Mon cœur battait de plus en plus vite. Je sortis de la voiture et entendis un bruit au fond de la ruelle d'à côté. Je lâchais mon téléphone et me précipitais vers les cris. Je m'arrêtais voyant une personne vêtue de noire se reculer et s'enfuir dans l'autre ruelle. Mon père était devant moi, au sol. Le t-shirt imbibé de son sang. Je m'étais écrasé au sol et lui avais supplié de se battre. De ne pas abandonner. De ne pas m'abandonner. Il m'avait simplement souri et ses yeux s'étaient fermés, laissant ses larmes coulées sur ses joues.

   Encore une fois tout s'était passé très vite, papa avait était emmené à l'hôpital mais il était déjà décédé. Nous n'avions jamais retrouvé la personne qui avait fait ça mais j'étais à peu près sûre que ma mère y était pour quelque chose. Tout le monde me disait que j'étais parano et qu'il n'avait juste pas eu de chance. Pour eux il vivait dans le mauvais quartier. Pendant l'enterrement ma mère avait prétendu avoir été l'épouse parfaite et je suis restée plantée à la regarder faire.
   Après son enterrement, je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit. Maman n'arrêtait pas de me dire de passer à autre chose ; que sa mort ne devait pas m'empêcher de vivre. Un peu après cela j'avais eu le droit de retourner au lycée.

   Nous étions à la cantine quand une fille à côté de moi s'était coupée. A la vue du sang, mon cœur se mit à accélérer. Même si elle ne saignait pas beaucoup l'odeur était forte et répugnante. J'avais changé de place pour ne pas me faire remarquer mais même à un mètre d'elle je ne sentais que ça. Je revoyais mon père gisant sur le sol. Je m'étais levée pour aller aux toilettes mais en chemin je n'arrivais plus à respirer. Je m'étais écrasée au sol. Lorsque je m'étais réveillée je me trouvais à l'hôpital. J'avais alors simulé une perte de mémoire et depuis ce jour on ne m'avait plus jamais parlé de mon père. C'était comme s'il n'avait jamais existé. Cela me faisait mal mais au moins je pouvais faire mon deuil en paix.