sensible.

6. Olga

Mister Baek et moi nous nous étions rencontrés le soir où j'avais emmené Anne ici pour la première fois. Au début, j'avais plus l'impression qu'il était interessé par elle donc je n'y avais pas prêter plus d'attention. Mais après avoir ramené Anne à sa suite, je m'étais rendue compte que j'avais oublié mon portable, j'étais alors retournée à la boîte de nuit. Il devait être 2 heures du matin, il ne restait que quelques jeunes filles affalées dans les fauteuils ou des hommes en groupe qui rigolaient en buvant. La musique était moins forte et au bar il y avait cet homme. Lorsque je m'étais approchée, je remarquai qu'il tenait entre ses mains mon téléphone. Je me suis alors installée et lui avais demandé : "Est-ce votre téléphone ?" Il avait souri en le plaçant devant moi. "Vous savez que c'est le votre, pourquoi me poser cette question ?"
Je sentais mon ventre se tordre. Mes yeux sombres se refletaient dans les siens. Ils étaient d'un vert clair plutôt attirant. Il portait une montre et un bracelet en cuir. Il demanda un autre verre au barman en brossant ses cheveux bruns vers l'arrière. Je ne pouvais m'empêcher de l'observer. Il me plaisait et il le savait. 

Je raccompagne Anne jusqu'à la sortie et attends qu'un taxi arrive pour elle. Le taxi s'arrête à côté de l'entrée de la boîte. Je monte dans ma voiture et regarde dans mon rétroviseur le taxi s'éloigner en direction de l'hôtel. Je souris et pars dans le sens opposé.

J'ai eu plusieurs rendez-vous avec lui. J'en ai parlé très brièvement à Anne car elle avait déjà l'air tracassé par quelque chose d'autre. Je ne voulais pas l'embêter avec ça.
Je le trouvais très séduisant pour quelqu'un de son âge. Vous voyez, j'étais le genre d'élève à avoir des fantasmes sur son professeur d'anglais ou de maths. En faisant connaissance avec lui j'ai appris qu'il avait exercé dans le lycée du coin en tant que professeur d'anglais. J'étais surprise de ne l'avoir jamais vu. Il avait dit que ça faisait un moment qu'il avait arrêté et qu'il avait repris l'entreprise de son père. J'ai dû lui demander au moins quatre fois s'il était marié et la réponse était toujours la même... non. Pour moi c'était impossible qu'un homme aussi charmant, parfait avec un bon parti soit célibataire. Mais peut-être que c'était l'occasion pour moi de trouver quelqu'un de bien.
Je souris en rejoignant l'adresse qu'il m'avait donnée une heure plus tôt. J'ouvre la porte et entre dans la suite. De l'entrée, on avait une vue incroyable sur Papeetee. Je m'approche de la terrasse et traverse les rideaux blancs légers. Je m'appuie contre la rambarde. Le contact avec le fer froid me fait frissonner un instant. Puis je me tourne vers l'appartement qui semble être vide. Je décide d'aller voir dans la chambre. En me rapprochant de la pièce, je remarque la porte entre-ouverte. Je regarde discrètement à travers l'espace ouvert et le vois au téléphone.
"Je t'ai dit que je partais en voyage d'affaires. Ne t'inquiète pas je serais de retour dans une semaine."

Le souffle coupé, je reviens sur mes pas en reculant quand ma main touche les clés posées sur l'étagère, elles tombent et Mr. Baek remarque que je suis là et que j'ai tout entendu. Il raccroche et ouvre grand la porte. Je me retrouve nez à nez avec lui. Je lui souris et essaie de faire comme si je n'avais rien entendu mais il le sait. "Écoute, je ne dirai rien mais je ne veux plus te revoir." Il commence à s'énerver et m'attrape par le bras. "Comment ça tu ne veux plus me revoir ?
– C'est terminé." Je me détache de son emprise et me dirige calmement vers la sortie. Il allait me suivre lorsque son téléphone se met à sonner. Il décroche et parle d'une voix douce, certainement sa femme. J'en profite pour descendre,  et deux étages en dessous je prends l'ascenseur, arrivée en bas je rejoins le Uber que j'avais appelé en cas de soucis.

Arrivant dans le parking de l'hôtel, je décide d'appeler Anne en me garant : "Allô Anne, tu avais raison j'aurais dû t'écouter. Il est marié et j'ai un mauvais pressentiment.. s'il te plaît rappelle moi." Je sors de ma voiture et me précipite à l'intérieur. Comme tous les soirs à l'accueil tout est calme. Devrais-je demander de l'aide ? Je regarde autour de moi et il ne semble y avoir aucun danger. Je souffle et prends l'ascenseur. Dans les couloirs je reste sur mes gardes. Il n'y a personne, aucun bruit. Ce silence me fait peur. Postée devant la chambre d'Anne ; je toque. Personne ne répond. J'attrape ma clé passe partout et ouvre la porte. Les lumières sont allumées.

Je cours en prenant la sortie de secours. Je me cache dans le parking souterrain derrière une voiture et voit l'ombre d'une personne passer en courant. Je pris pour que ce soit mon agresseur. Après quelques minutes, le calme était revenu et j'ai réussi à me calmer. Je suis alors sortie et me suis précépitée vers la sortie du parking quand je me suis rendue compte que l'homme est toujours en train de me suivre. Il était vêtu de noir et portait un masque : je ne pouvais pas voir son visage.
Une fois dehors j'entends une voiture se rapprocher. Je reprends mon souffle et essaie de crier lorsque mon agresseur m'attrape par les cheveux et couvre ma bouche à l'aide d'une de ses mains, je vois Anne sortir du taxi. L'homme me tient fermement et me traine de force pour pouvoir me cacher à côté des plantes. Je donne un coup de pied dans un des pots qui tombe au sol. Anne se tourne vers nous et l'homme qui me tenait prend peur. Il m'assomme en me donnant un coup dans la nuque. Mes yeux se ferment petit à petit et les battements de mon cœur ralentissent. Dans quoi me suis-je embarquée...

Anne je t'en supplie...