Le Vicomte vient chercher Theon tous les jours pendant des mois. Ils apparaissaient ensemble à tous les évènements organisés par la haute société. Bal, œuvre de charité, anniversaire... À son 17ᵉ anniversaire, il lui offrit une librairie qui portait son nom. Puis, à son 18ᵉ anniversaire, il l'emmena en Angleterre dans sa maison de campagne pour lui demander sa main.
Ce fut le plus beau jour de sa vie. Elle aimait tendrement son fiancé qui était l'homme le plus attentionné au monde. Louisana était tellement heureuse, qu'elle voulut que le mariage soit célébré le plus rapidement possible, en Angleterre. Il promettait d'être grandiose.
Le jour du mariage, Theon était nerveuse. Elle avait un mauvais pressentiment, ce genre de sentiment qui vous tord les entrailles comme si quelque chose de grave allait se produire. Les femmes de chambre terminèrent sa coiffure en la couvrant de louanges sur sa robe de mariée. Mais elle ne les écoutait pas.
Quand elle se retrouva devant l'église au bras de son cousin, elle fut prise d'une terrible angoisse. Tout se dissipa quand elle aperçut le Vicomte à l'hôtel qui la regardait avec émerveillement. Elle ne le lâcha pas du regard une seule seconde. Il était son ancre, son pied-à-terre.
- Vous êtes magnifique. Lui glisse-t-il entre deux chants.
Elle ne lui répondit pas. Non. Aucune réponse, car elle ressentait sa présence. Des ombres dansaient sur les murs de l'église, mais personne ne sembla les remarquer à part elle. Son angoisse reprit le dessus. Les ombres tournèrent autour d'eux, elle tremblait de peur. Elle avait l'impression de les reconnaître et pourtant, elle savait qu'elle ne les avait jamais vus. Puis tout se passa très vite.
Pendant que le couple échangeait leurs vœux, les ombres se rapprochèrent du Vicomte qui lui souriait sans voir le danger qui le menaçait. Tétanisée, elle récita ses vœux, la voix tremblante et les larmes aux yeux. Le Vicomte devait mettre ça sur le compte du bonheur, car quand il l'embrassa, il lui glissa d'une voix douce :
-Tout ira bien, ma femme.
C'est à ce moment-là que les ombres le traversèrent brutalement. Richard Grants s'effondra aux pieds de sa femme, une main sur son cœur. Theon se laissa tomber sur les genoux en hurlant aux invités de l'aider. L'assistance était tétanisée. Elle hurla de douleur quand le Vicomte rendit son dernier souffle. Puis, le monde s'arrêta.
Elle se leva, choquée par ce qui était en train de se dérouler devant ses yeux. Les invités ne bougeaient plus, figés dans le temps. Les larmes coulant toutes seules, elle s'accroupit aux côtés de son mari qui lui sera à jamais figé par la mort.
- Ne pleure pas sa mort. Elle n'est qu'un début.
La voix provenait de l'hôtel. Theon ne prend pas la peine de lever la tête vers l'inconnu qui soupira en levant son visage vers le plafond de l'église.
- Les humains croient en un dieu bon et miséricordieux. Ils ne se doutent pas qu'il n'en ait rien à faire de leur amour.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Lui demande Theon en caressant le visage de son défunt mari.
- Je suis venu te chercher, Theon Kyros. Réponds l'étranger.
- Theon Grants, je suis mariée et maintenant veuve. Rétorque la jeune femme en le regardant pour la première fois.
C'était lui, l'inconnu du labyrinthe. Elle se redressa, en état de choc.
- Vous. Je vous reconnais. Murmure-t-elle en reculant.
- Tu es née pour me reconnaître, sentir ma présence. Tu es née de mes pouvoirs.
Il disparut pour apparaître devant elle. Surprise, elle perdit l'équilibre. Il fut plus rapide que sa chute et la rattrapa de justesse par les hanches. Elle n'eut pas la force de le repousser.
- Qui êtes-vous ? Vous l'avez tué ? Dit-elle entre deux sanglots.
- Je suis le dieu de la Mort et c'était son heure. Lui répond le dieu en regardant ses larmes avec attention.
- Je ne vous crois pas.
- Pourtant, tu en as la preuve devant toi. Il aurait pu être sauvé, s'il ne t'avait pas demandé en mariage.
- Que voulez-vous dire ?
- Tu m'appartiens,Theon. Tu m'appartiens depuis ta naissance. Ton père, t'a donné à moi pour sauver la vie de ta mère. Tu peux épouser tous les hommes de ce monde, ils mourront tous de mes mains.
- Vous mentez.
- Je ne mens jamais.
- Il m'a dit oui, je suis sa femme, je ne serai jamais la vôtre.
- Vous n'avez rien signé pourtant. Lui apprend la Mort en se détachant d'elle.
Elle se sentit abattue, complètement vidée. Même si elle n'était pas devenue une Vicomtesse, elle aurait voulu porter le nom de l'homme qu'elle a aimé.
- Que dois-je faire pour annuler ce pacte ? Lui demande-t-elle soudain.
Le dieu se figea, mais ne se retourna pas. Ce pacte était annulé depuis que Lysandre l'avait rompu en envoyant sa fille à Paris dans le but de la marier. Après l'avoir rencontré en chair et en os pour la première fois lors de cette soirée, dans le labyrinthe, il n'avait pu se résoudre de la laisser filer. Quelque chose l'attirait irrésistiblement chez cette jeune femme à qui il avait donné la vie il y a 18 ans.
- Un pacte ne peut être annulé. Il répond finalement.
- Alors, je refuse.
Il se tourne vers elle, surpris. Elle se tenait droite, les joues rosées, luisantes de larmes. Elle n'avait jamais été aussi belle qu'aujourd'hui. Elle semblait déterminée à lui résister et ça, il ne pouvait pas le permettre.
- Tu n'as pourtant pas le choix. Tu vas devenir ma femme et venir avec moi, que tu sois d'accord ou non. Grogne le dieu en serrant les poings.
- Et je refuse d'être votre femme. Je suis dans le droit de vous dire non, Monsieur.
En quelques secondes, il fut sur elle. Sa main entourait la gorge délicate de la jeune femme qui, malgré ses tremblements, continuait de le fixer droit dans les yeux. Son odeur était enivrante, sa peur et un autre sentiment étrange l'attirait irrésistiblement. Sa poitrine se soulevait, son souffle chaud se mélangeait au sien puis s'accéléra quand il posa les yeux sur ses lèvres roses et pleines. Il passa un doigt sur la lèvre du bas de la jeune femme qui gémit malgré elle. Il avait une envie urgente de les mordre et de l'entendre gémir encore une fois.
- Tu te refuses à moi pour l'instant. Mais, sache une chose, ma déesse, tu seras à moi, que tu le veuilles ou non, même si cela doit prendre l'éternité.
- C'est ce que l'on verra. Murmure-t-elle contre son doigt.
Entre colère et désir, il prend son visage dans sa main une dernière fois puis recule d'un pas.
- Qu'il en soit ainsi.
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La Fiancée du Dieu de la Mort -Les Chroniques Des Dieux Tome 1
Lãng mạnTheon est fiancée au Dieu de la Mort depuis sa naissance. Alors que sa mère meurt en couches, son père décide de prier les Dieux afin de les sauver toutes les deux. Seul le Dieu de la Mort répond à son appel. Mais rien n'est jamais simple avec la M...