Dans la vie, il y a des combats qui ne valent pas la peine d’être menés. Il n’y a rien à y gagner mais il y a tout à perdre, y compris soi-même. Surtout soi-même. Et c’est quelque chose que j’aurais aimé savoir à l’avance. Mais avant quoi ? Eh bien, avant lui.
Je m’appelle Erin Dexter. 18 ans. Fraîchement diplômée du lycée, me préparant à mon entrée universitaire. Vous pensez sûrement que je dois stresser à mort pour mon avenir, mon engagement dans la vie d’adulte… Mais en réalité, mon principal souci est que je suis récemment célibataire. Oui. Je viens de rompre avec la personne que je pensais être l’amour de ma vie. Et ce n’est pas une de ces ruptures temporaires causées par des broutilles. Non. Cette fois-ci, j’ai le sentiment que c’est définitif.
_Tu ne m’aimes plus.
_Tu insistes beaucoup avec ça.
_Parce que c’est vrai, non ?
_Oui… Non… Je ne sais pas.
_Admets-le.
_Je ne suis pas sûr mais je sais que ça a diminué.
_Je le savais ! Alors ? On fait quoi ?
_Je pense que je vais quand même rester.
_Je ne suis pas sûre que ça va mener à quelque chose.
_Je suis désolé.
_Rompons.
_OK. Merci pour tout.
J’étais sous le choc. C’était tout ?
_C’est tout ? Tu es sérieux ?
_Je suis désolé.
Alors mon monde s’est écroulé. J’avais espéré qu’il me retienne encore. Je lui ai alors reproché son manque d’engagement, à quel point j’avais tout donné pour que ça marche mais il ne voulait plus de moi. Il a dit que lui aussi avait beaucoup donné mais qu’il n’en pouvait plus.
_Je ne peux pas donner ce que je n’ai pas.
Je l’ai traité de lâche. Cela faisait des mois que ça n’allait plus. Des mois qu’il avait cessé de faire des efforts. Des mois qu’il avait changé, commencé à s’éloigner de moi. Nous ne cessions de nous disputer à ce sujet, à parler de rompre. J’estimais que c’était à lui de le faire puisque c’était lui qui avait cessé d’aimer.
_ De toute façon, cela faisait longtemps que je voulais rompre mais je n’avais pas osé. Je suis désolé.
« Je suis désolé. » Désormais la phrase que je déteste le plus au monde.
Il n’avait pas voulu revenir. J’avais beau insister, il était resté inflexible. Ce jour-là, il se sentit enfin libre. Pour ma part, ce fut le début de ma prison. Dont les murs s’érigeaient solidement autour de lui.