Entrer à l’université nous change. N’est-ce pas étonnant ? C’est comme si on entrait dans une autre dimension, un autre monde où on fait des choses que l’on n’aurait pas faites normalement.
Je dois bien admettre que la Erin de l’université est bien différente de la Erin de la maison. Ma famille me voit plutôt comme une fille calme, peu bavarde, paresseuse. Bon, le coté paresseux n’a pas changé mais je ne suis ni calme ni peu bavarde. Au contraire ! Et l’université a fait sortir ces aspects de ma personnalité. Maintenant, je fais des trucs que je n’aurai jamais pensé faire. Ces trucs vont paraitre normaux pour certains mais pour moi, c’est juste loufoque. Si on m’avait dit dans le passé que j’irai -par exemple- à des soirées, j’aurais pleuré de rire. Mon entourage aurait pleuré de rire. Et pourtant, là maintenant, je suis à une fête bien arrosée. Et j’ai un peu trop bu.
Je cherche mes amies : Katherine Leigh et Lindsey Kingsman. Je vois Lili avec ses cheveux curly qui s’approprie la piste de dance. C’est dingue comme cette fille aime danser. Kate doit être dehors, en train de prendre un peu l’air. Ce genre de fête ne l’emballe pas trop mais elle nous a suivies parce que Lili et moi l’avions un peu forcée. J’espère qu’elle a trouvé quelqu’un avec qui papoter dehors…
La pièce commence à tanguer mais je décide quand même de sortir pour vérifier si elle va bien. Tout autour de moi, il n’y a que des couples qui s’enlacent, qui s’embrassent. Fous de désir. Il faut que je sorte à tout prix. C’est une vision que je ne peux pas encore supporter. Ils me donnent envie de vomir.
Je me faufile entre ces jeunes bourrés et pleins d’appétits pour trouver la sortie. J’ai du mal à me repérer. Cette maison est trop grande et il y a trop de monde. Pourquoi est-ce si difficile de sortir d’ici ?
Je me cogne contre le torse de quelqu’un. Je crois que le contenu de son gobelet s’est renversé sur son t-shirt blanc. Pff. Quelle idée de mettre du blanc à une fête où on risque de s’entacher.
_ Hé ! Fais attention !, dit une voix masculine.
_ C’est toi qui aurais dû faire attention ! Tu t’es mis sur mon chemin si soudainement!
_ C’est pas ma faute si je pouvais pas te voir. T’es trop petite, ricane-t-il.
_ Je te permets pas !, je réponds, commençant à être agacée.
_ Regarde ce que t’as fait ! T’as bousillé mon nouveau t-shirt !
Je lève la tête pour aller lui dire les yeux dans les yeux ce que j’en pense de son foutu t-shirt quand…
Eh ben ça alors ! Monsieur est joli garçon ! Et il est super grand. Je regarde son t-shirt désormais transparent. Un six pack.
_ T’as qu’à l’enlever. C’est qu’un t-shirt., dis-je d’un ton malicieux.
Quelque chose passe brièvement dans son regard. Il a capté.
_ Oh. Je crois que le tien aussi est entaché…
Et il renverse sur mon haut - qui est assez fin et ce dont je ne me rends compte que maintenant- le reste de son punch.
_ Tu n’as qu’à l’enlever aussi…, continue-t-il.
Je souris. Il sourit. Et on commence à s’embrasser. Ouh là. Meilleur roulage de pelle de toute ma vie, je dois l’admettre. Presque aussi bien qu’avec… Non, je ne dois pas penser à lui. Pas en ce moment. Je vais enfin m’autoriser à l’oublier un peu.
_ On devrait chercher une salle de bain pour nettoyer tout ça, dis-je, entre deux baisers.
_ C’est où déjà ? En haut ?
_ Je crois. Montons.
Alors nous sommes montés. Toutes les portes que nous avions ouvertes débouchaient sur des chambres. Et elles étaient toutes occupées. Pas de chance.
Il ne nous restait que deux portes. Derrière l’une d’entre elles doit bien être la salle de bain.
On en ouvre une tout en nous embrassant langoureusement. Un cri de surprise. La voix d’une fille.
_ C’est occupé !, s’offusque quelqu’un.
Une voix de garçon. Une voix que je reconnaitrai entre mille. Une voix que je n’aurais jamais pensé pouvoir réentendre avant un bon bout de temps.
Celle de Daniel Fisher. Dan. Mon ex.