3 - Pins And Needles.

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Pins And Needles.

L'urne en main, je m'avance vers le petit trou dédié à ma mère. La dernière volonté de celle-ci était d'être incinérée et déposé au même endroit où sa propre mère avait été enterrée, trente-cinq ans plus tôt.

Ma grand-mère, que je n'ai pas eu la chance de connaître, était la personne qui guidait tous les faits et gestes de ma mère, puisqu'elle l'idolâtrait. J'avais souvent le droit à des anecdotes de ma grand-mère étant plus jeune. Selon de ce que j'ai entendu, elle était très humble, charismatique et bienveillante sur tout le monde. Elle a perdu son mari, donc mon grand-père, durant la guerre, que quelques mois suite à la naissance de ma mère. Elle l'a donc élevée seule, avec l'aide de quelques voisins, parfois. Ma mère a eu une histoire d'amour semblable. Je n'avais que quelques mois, lorsque mon père est décédé, d'un accident de voiture, suite à une soirée beaucoup trop arrosé. Ce qui fait en sorte que je n'ai plus de parents. Seulement des anges gardiens.

Voir le récipient dans mes mains rend la chose encore plus réelle qu'elle ne l'est déjà. Mon cœur est serré depuis que je suis réveillé. C'est le moment fatidique où je dois dire au revoir au corps de ma mère. Malgré qu'il soit en cendre, je me remémore tous les petits détails de ce corps que j'ai tant admiré, coller, humer l'odeur pour me calmer.

Il n'y a pas eu de cérémonie. Personne n'allait venir, de toute façon. C'est l'heure de la mise en terre et je suis seul, avec le prête. Celui-ci m'encourage à déposer le contenant de bois dans le trou. Je me penche donc, pour pouvoir déposer les restes de ma mère, hésitant. Est-ce la bonne chose à faire ? Devrais-je être égoïste et garder l'urne avec moi ?

Non. Je vais écouter les dernières volontés de ma mère et la mettre au côté de sa mère. Les deux seront donc réunies à nouveau, les deux à me surveiller de là-Haut. Je dépose donc l'urne dans le trou, non sans laisser couler plusieurs larmes sur mes joues. Je reste accroupi près du trou quelques instants, les yeux fermés.

Une fois que je les rouvre, je rencontre le regard du prête, qui a l'air désolé pour moi, de vivre tout cela seul. Je souris faiblement et me relève. La suite peut maintenant avoir lieu. Remplir le trou de terre.

Ça y est. Je ne vois plus l'urne de mes yeux. La seule chose qui permet de se rappeler la vie de ma mère est le nom sur la pierre tombale, rajouté en dessous de celui de mes grands-parents. L'écriture est fraîche pour y lire Rachel Lewis fille de feu de Gisele et Charles Lewis 1969-2023. Ma mère avait seulement cinquante-quatre ans.

"Nous avons terminé, monsieur Lewis. Je vais vous laisser quelques minutes seul, pour que vous soyez en mesure de dire au revoir à votre mère comme vous le désirez. Je vais vous attendre à l'intérieur de ma voiture, si jamais vous voulez que l'on discute. Ne vous obligez pas, si vous ne le désirez pas." Le prête porte sa main sur mon épaule et serre un peu sa prise. Une marque d'affection paternelle, je suppose. Ce prête a toujours été présent dans ma vie, depuis mes premiers souvenirs. Avec ma mère nous allons faire un tour à l'église à tous les dimanches, pour faire notre devoir de citoyens, même si ce n'était pas ce qu'elle préférait. Mais ça lui permettait de voir des gens.

Une fois seul, je me sens anxieux. Elle est sortie. C'est réel. La seule chose est que je ressens un vide intense, inexplicable. Je ne pensais pas que ça faisait ça à l'intérieur la perte d'un être cher. Est-ce que cette peine va diminuée ? Perdre un parent ne peut pas être aussi simple à accepter.

Je n'ai pas connu mon père malheureusement. Peut-être il serait autant anéanti que moi ? M'aiderait-il à passer au travers ?

Papa, j'espère que tu sauras bien t'occuper de maman, mais ne la brusque pas, elle est maligne, lorsqu'elle le veut.

Je me relève et approche la tombe en y déposant une main.

"Voilà, c'est ici que nos chemins physiques se quitte... Merci pour tout."

Avec ma main libre, je l'apporte à mes lèvres et y pose un bisou, avant de le transmettre sur la pierre tombale.

Je m'éloigne sans me retourner, comme on me la toujours apprit. Une personne fière ne se retourne pas, même si c'est douloureux. Je passe devant l'auto du prêtre, mais n'y jette aucun regard. Il comprendra qu'il n'y a rien à rajouter sur cette journée. Il viendra me voir bien assez tôt, de toute façon.

Je marche jusqu'à mon appartement. Pezz me saute dessus dès que j'ouvre la porte. Je le flatte avant de rajouter de la nourriture dans son bol. Il ne se laisse pas prier deux fois avant de se lancer face dedans, pour s'empiffrer. Je lui flatte la tête avant de m'assoir à ses côtés, les jambes relevées.

Pezz est désormais mon seul allié.


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Chapitre 3 terminé.


À la semaine prochaine !


-S.

I Beg to DifferWhere stories live. Discover now