Chapitre 11

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Nous finissions par nous détacher l'une de l'autre, à bout de souffle. Mes yeux se rouvrirent, alors que nos regards s'accrochaient intensément l'un l'autre. Comme pour s'assurer que tout ceci était bel et bien réel. Alors que nous penchions nos têtes une nouvelle fois, une voix dans le bar se fit entendre.

-Évidemment, c'est tout ce dont cette ville a besoin, deux autres gouines à grande gueule !

À ces mots, Lisa se détacha instantanément de moi pour venir faire face à l'homme.

-Qu'est-ce que tu viens de dire ?!

Elle était réellement en colère, et moi tétanisé, je me sentais immensément faible. Non seulement pour cette insulte mais surtout pour le fait qu'on est pu déduire que j'étais.... lesbienne ??? Ce n'était pas possible, si ? Qu'elle était ce sordide sortilège sous lequel j'étais prise ? Je n'arrivais plus à réfléchir, cet espace autrefois si plaisant me faisant sentir enfermée, étouffée. Sans attendre une seconde de plus je sortais du bar en vitesse folle, m'emparais de mes clés, déverrouillais ma moto et quittais les lieux.

PDV LISA

Lisa venait de quitter le bar, ne réalisant même pas que l'homme ayant prononcé ces derniers mots était déjà à terre. J'avais déjà entendu sa moto démarrer, je ne pouvais plus la rattraper désormais.

-Lisa ? Mais que s'est-il passé ? me demandais Louis, un vieil ami, et aussi le propriétaire du bar.

-Ce gars nous a traité de gouines Louis, mais surtout, il l'a insulté. Je pouvais voir pendant ces quelques instants la peur et l'angoisse dans ses yeux.

-Alors tu l'as plaqué au sol, pensant que c'était la juste chose à faire ? pouffa-t-il.

-Je rigole pas mec, elle méritait pas ces mots. Il aurait pu me traiter de tout les noms, moi,  je n'en aurai rien fait. Mais Anna, cette fille, c'était plus fort que moi.

-Je t'ai jamais vu comme ça meuf, c'est que tu l'aimes vraiment bien hein cette petite ? rigolais-t-il.

Je roulais des yeux malgré moi, avec un petit sourire en coin ne pouvant cacher mon amusement.

-Bon, aller, aide moi à sortir le gars que t'a couché au moins.

-Ok vas-y, tu prends ses bras et je m'occupe des jambes.

Une fois cela fait, je remerciais Louis et quittais ensuite à mon tour le bar, faisant face à la nuit presque tombée. En effet, nous étions en novembre et les journées étaient déjà assez courte. Il était 18:58.

Je me résolu ensuite à appeler Éric, je n'avais pas prévu qu'un connard fasse fuir Anna les jambes à son cou. Elle devait être mon moyen de rentrer à la maison, mais bon. J'attendais quelques minutes dehors, la brise soulevant légèrement mes cheveux. Il fallait absolument que je parle à Anna, je ne pouvais imaginer son état actuel. Et la simple idée qu'elle ne voudrais plus me voir pour cause des évènements passés, me perturbait amèrement. Lorsque Éric arriva enfin, j'entrais dans la limousine l'air de rien, le silence regnant.

-Alors, je vois qu'au final tout ne c'est pas passer comme prévu madame ? lança simplement mon chauffeur, un air narquois.

-Je ne te le fais pas dire Éric ! faignais-je faussement fatiguée, légèrement amusée.

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PDV ANNA

J'étais rentrée il y a environ trente minutes  et heureusement pour moi, ma tante n'était pas là. J'avais pénétré dans la maison, les larmes coulant le long de mes joues, et je n'avais même pas pris la peine d'essayer de les essuyer. J'étais maintenant dans ma chambre, allongé sur mon lit, le regard vide tourné vers mon plafond.

Depuis mon arrivée, un long débat raignait à l'intérieur de moi. Suis-je vraiment lesbienne ? Qui était cet homme ? Lisa savait-elle ? Mais la plus importante de toutes, étais-je plus qu'attachée à Lisa ? Pouvais-je être en train de tomber amoureuse ? Amoureuse d'une fille ? Amoureuse de quelque chose d'impossible ?

Je l'ai toujours su, pour gouverner il me fallait épouser un homme. De quoi avoir un support, una aide disaient-ils. Depuis le départ, je savais que je ne pourrai avoir un mariage d'amour, à moins de renoncer au trône, chose inconcevable. Le pire dans cette histoire, c'est que j'étais plutôt okay avec ça. J'étais prête à tout, tant d'avoir le trône. Mais au final, j'ai quand-même réussi à me faire avoir, j'ai été assez stupide pour me laisser aller dans ce jeu, quel qu'il soit auprès de Lisa. Je ne pouvais en vouloir qu'à moi-même après tout, j'avais décidé chacune de mes actions, personne ne m'avait forcé. Et voilà où j'en étais à présent. À me mordre les doigts d'être tombée aussi facilement. De toute façon il n'y avait rien à faire. Inutile d'expliquer la situation à mes parents, ils me refuseraient le trône, juste pour avoir essayé de les convaincre de quoi que ce soit diraient-ils. Il me restait qu'une seule et unique option, couper les ponts avec Lisa, et au plus vite, avant de ressentir quelque chose de plus fort.

C'était décidé, je ne devais plus laisser mon cœur s'emparer de la situation.

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Mercredi, 08h14

Heureusement pour moi, Élisa etait revenue aujourd'hui. Le réveil ce matin avait été trop dur, en effet, c'était dans les larmes et les questions que je m'étais finalement endormie hier. Sans ajouter que les cernes qui ornaient mon visage me paraissent imperturbables.

-Wow wow wow, dormeur ? C'est bien toi ? T'as pris des centimètres on dirait !

-Pas ce matin Eli, répondais-je froidement.

-Oh, ok. Qu'est-ce qu'il t'arrives princesse ? me disait elle, posant sa main sur mon épaule de façon réconfortante.

-Comment est-ce que tu viens de m'appeler ?

-Euh.. princesse ?

-Pas princesse, s'il-te-plaît. Pas aujourd'hui.

Une silence suivait alors que je me sentais de plus en plus faible.

-Salut les filles !

-Oh, salut Lisa ! s'exclamait Eli.

Lisa ? Lisa ? Non non non. Je ne pouvais pas la confronté après hier. Je ne pouvais plus la confronté du tout d'ailleurs. Une forte douleur envahissait ma poitrine alors que je me redressai pour m'enfuir le plus loin possible, de ce cauchemar.

PDV LISA

-Wow Lisa il s'est passé un truc ? On dirait qu'elle te fuit comme la peste.

-Euhh en fait oui...mais ce n'est pas à moi de te le dire.

-C'est aussi grave que ça ? répliquait Élisa.

-Je sais pas trop... ça dépend de son point de vue face à tout ça.

-Tout ça ?

-S'il-te-plaît, vas la voir. Elle te parlera, toi.

-Bon, j'ai aucune idée de ce qu'il se passe mais j'espère que c'est pas de ta faute, je t'aime bien moi.

J'eus à peine le temps de lui adresser un léger sourire qu'elle était déjà aux traces d'Anna. Et moi je restais là, plantée au sol, n'ayant le courage d'aller n'importe où pour l'instant. L'incident d'hier m'avait énormément fait réfléchir. C'était peut être de ma faute si Anna était dans cet état, et rien que d'y penser me donner la migraine. Après tout, c'était moi qui l'avait entrainé dans ce bar, qui l'avait invité à danser et qui l'avait embrassé. Et voilà qu'elle ne m'adressait plus ne serait ce qu'un simple regard.

La sonnerie de l'établissement venait me tirer de mes pensées, alors que je n'avais toujours pas bougé. Je me dirigeais vers mon prochain cours, le cours d'anglais, où j'étais sensée être à côté d'Anna. Je trouvais une place seule au fond de la salle, et tâchais tant bien que mal, de me concentrer.

Une Vie Royale (gxg)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant