Chapitre 2

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Le soleil se levait à peine et pénétrait timidement la chambre des deux enfants lorsque la jeune fille fut réveillée par des cris strident provenant du salon. Elle se leva alors avec grande précaution pour ne pas réveiller son petit frère. Elle enjamba adroitement son corps recoquillé et rabattu doucement la couverture jusqu'à son cous. Les cris ne le réveillait plus. A force d'habitude il avait du s'y faire et avait certainement appris à faire abstraction. Cependant, il n'en était pas de même pour la jeune fille. Ces cris avaient beau être un réveil imprévisible depuis sa plus tendre enfance, elle n'avait pu s'y faire et ressentait le besoin de confronter la situation et d'aller voir ce qu'il se passait. Depuis l'arrivée de son petit frère, elle essayait de calmer les cris et de ne pas rentrer dans ce concert infernal mais avant cela elle se mettait dans une colère noire qui excédait celle des autres et hurlait à en perdre la voix en espérant les faire taire. 

Ce matin là elle sortait de la chambre fermait délicatement sans un bruit la porte derrière elle, marchait sur le plancher grinçant recouverts de tâches de moisissures, salissures de poussières de vêtements et de cadavres de canettes et bouteilles d'alcool en tout genre. Elle esquivait les débris de verre éparpillés et ramassait en chemin quelques papiers sales. Elle traversait ce long couloirs sombre au bout duquel brillait l'ombre d'une faible ampoule suspendu à un fil en dessous duquel était accroché un cadre abritant une photo de famille. Elle posait son regard sur ce cadre avec nostalgie et colère. Le cadre était abimé et sa vitre sale mais derrière la photo était parfaitement conservée. Une femme d'une 30ène d'année tenait un bébé dans ses bras et une petite fille tendait les siens pour espérer pouvoir elle aussi porter le précieux couffin. La mère et la fille souriaient et partageaient un moment de complicité mélangé à l'excitation de l'arrivée d'un nouveau né.  

La femme était très belle. Elle portait un nœuds rouge dans ses longs cheveux frisés châtains clairs, sa peau était lisse légèrement bronzée, ses joues étaient biens rebondies et rosées, ses lèvres étaient charnues et son nez fin et remonté. Elle avait très bonne mine et le temps ne semblait pas avoir tracé son visage. La photo avait été prise dans un petit appart bien rangé et minutieusement entretenu. Le décors était lumineux, la lumière s'y engouffrait généreusement. 

La jeune fille s'arrêta pour observer le cadre. Les cris retentissaient plus forts. Elle sentait la colère s'emparer d'elle et des cris plus perçants monter dans sa gorge.  Toutefois, elle serra les poings et grommela à voix basse entre les dents quelque chose devant le cadre avant de faire irruption dans l'encadrement de la porte qui séparait le couloir du salon. 

Delilha : Toujours accroché ici ce foutu cadre ? 

D'un regards perçant elle tourna le regards vers le salon et regarda les deux responsables de tout ce remue-ménage. L'un d'eux portait un vieux t-shirt bleu troué, un short vert kaki tâché de ce qui devait certainement être de l'alcool et tenait à la main une bouteille verte de Trojka qui était bien évidemment vide.  Il criait et tentait de se faire comprendre malgré sa diction anesthésiée par la boisson. Ses gestes étaient brusques mal contrôlés et ses yeux étaient rouges. Sur la table basse à ses côtés un petit sachet ne contenant plus que deux petites pastilles roses était ouvert. A côté, des mégots et des feuilles non roulées gisaient tels des cadavres sous la lumière d'une ampoule vacillante. L'homme leva les yeux au ciel et s'énerva des cris de sa partenaire. 

Kade : Mais bordel Tam... c'est pas la fin du monde les gosses dorment ils s'en foutent de toute manière ! Et ça m'a rien coûter le gars m'a fait tout ça gratos ! C'est fou ce que tu peux être coincée... 

Le petit salon empestait l'alcool et l'individu ne semblait pas se rendre compte de son état qui était plus que lamentable pour un samedi matin.  La deuxième témoin de ce triste spectacle était assise dans un grand fauteuil rouge vermeil flamboyant qui était le seul meuble bien entretenu du petit appart. Elle était vêtue d'un long peignoir blanc dont la ceinture détachée retombait sur ses hanches généreuses. Elle avait le teint pâle et les cernes d'une nuit blanche. Ses joues était creuses et le temps l'avait rattrapé en quelques mois. Elle tenait une cannette de bière à moitié vide et se tenait la tête de l'autre main pour ne pas s'écrouler. Ses yeux étaient rouges mais pas pour la même raison que son acolyte. Elle grognait. 

Tamarra : S'il te plait Kade je t'ai dis que ça suffisait maintenant... Il faut qu'on dorme là... J'en peux plus je t'avais dis que j'essayais d'arrêter de boire mais t'écoute jamais rien ! J'ai mal à la tête...

La jeune fille spectatrice de ce théâtre digne des tragédies modernes fusilla du regards l'homme qui s'était écroulé sur le canapé. Elle marmonna quelque chose en serrant les poings essayant de lutter contre sa colère. 

Delilha : Vous en avez pas marre ?

La jeune femme releva la tête et vit apparaître une silhouette encore floue dans l'encadrement de la porte. D'une voix surprise et prise de panique elle se dressa sur son fauteuil.

Tamarra : Delilha ? Ma chérie, c'est toi ? 

Sans crier, d'une voix froide et rude la jeune fille rétorqua. 

Delilha : Qu'est-ce qu'il fait encore là celui-là maman ?

La femme parut honteuse et penaude. Elle se leva en vacillant rattachant son peignoir pour cacher sa nudité. 

Tamarra : je... il n'avait nul part ou dormir cette nuit j'ai simplement proposé qu'il-

La jeune femme n'avait pas eu le temps de finir de se trouver des excuses elle fut interrompu dans sa tentative de sauvetage vaine de crédibilité. 

Delilha : Je croyais que tu voulais plus jamais le revoir ? On en avait parlé !

Tamarra : Je sais bien mais- 

Elle fut à nouveau interrompue. 

Kade : Eh c'est ta mère qui décide gamine alors ferme la. 

La jeune fille choquée d'un tel culot le regarda d'un air menaçant et renchérit d'une voix posée et calme accompagnée d'un rictus nerveux. 

Delilha : Pardon ? Excuse moi j'ai pas bien entendu je crois. 

Tamarra : Bon Delilha maintenant ça suffit ! Laisse nous régler ça tout seuls !

Déçue que sa mère ne prenne pas sa défense, la colère de la jeune fille migra en tristesse. Elle baissa les yeux et prononça une dernière chose avant de quitter le champs de bataille. 

Delilha : Je voudrais juste que vous fassiez moins de bruit... Ethan dort encore. 

La femme regarda le sol l'air coupable et honteux tendis que l'homme avachit sur le canapé fermait les yeux semblant s'endormir.  



Maux du mondeWhere stories live. Discover now