Out of his mind

Chapitre 3

Les jours passèrent, et ces neuf mois s'écoulèrent si rapidement. Théodore et moi avions conscience que notre relation ne pourrait pas aller plus loin. Étant plus âgé, il entamait sa dernière année au lycée, ce qui signifiait un nouveau départ dans une nouvelle ville, loin de nous, loin de moi. Nous avons donc convenu de mettre fin à notre relation au bout de neuf mois, c'est-à-dire le temps qui nous restait avant son départ.

Je me souviens qu'au début de notre relation, nous devions être discrets, en particulier vis-à-vis de Dana. Pouvez-vous imaginer savoir que votre amie se retrouve avec votre ex quelques semaines après votre rupture ? Il fallait que je lui explique plus en douceur la situation... et surtout savoir si elle était d'accord et si cela ne la dérangeait pas. Finalement, elle fut l'une des premières à deviner qu'il y avait quelque chose entre lui et moi.

Je ne dirais pas qu'elle l'a pris de manière positive, ni négative pour être honnête. La seule chose qu'elle m'a dite était : 

"C'est moi qui l'ai quitté, il voulait une relation juste pour s'amuser , plus intimes, alors évidemment, si tu le veux, je te le laisse."

Je savais que ce n'était pas sérieux, pas besoin de me le rappeler ! Nous parlons de Théodore Dubra, évidemment qu'il ne cherche qu'à s'amuser... même si au fond de moi, j'espérais le contraire.

À mesure que le temps passait, je réalisais que notre relation était déséquilibrée. Théodore continuait à exercer son emprise sur moi, et je commençais à m'attacher à lui, mais il ne montrait aucun signe d'un engagement plus profond. Mes sentiments grandissaient tandis que les siens semblaient rester superficiels.

C'est alors que j'ai entrepris de lui enseigner les attributs d'un "vrai" petit ami, ou du moins les bases qu'il se devait de maîtriser. Ce fut une période difficile pour moi, car Théodore était devenu plus distant, ne souhaitant se rencontrer que pour baiser (désolé pour le langage grossier) , ignorant totalement mes besoins et mes préoccupations.

J'ai donc pris la décision de m'exprimer et de l'avertir quant à mon ressenti. Je lui ai demandé de s'intéresser davantage à moi en tant qu'individu, de ne pas réduire nos rencontres à de simples rendez-vous programmés. Après tout, les désirs ne sont pas toujours présents à la demande ! Je lui ai demandé de prendre en compte mes besoins, mes envies, de progresser à mon rythme, de me comprendre et de m'écouter. 

Ah, l'écoute, un concept si complexe pour monsieur Dubra... Dans notre relation, j'ai toujours été celle qui écoutait Théodore sans cesse. Je ne lui parlais jamais de moi, de ma famille, de mes problèmes. C'était toujours lui, lui et encore lui.

En plus de tout cela, Théodore avait une réputation qui le précédait, et un aspect en particulier avait marqué notre groupe : il était un menteur. Il avait pris l'habitude de gonfler ses histoires pour paraître plus intéressant, ou même de s'approprier des phrases et des anecdotes déjà connues. Ce comportement n'avait pas fait bonne impression, surtout auprès de Mona, qui était lasse de ses paroles en l'air. 

"J'ai escalader une pyramide et je me suis faire mordre par un serpent venimeux, heureusement j'y ai survécu." Tu t'es pris pour Indiana Jones?

"J'ai peint cette toile à l'âge de 6 ans, je suis un très grand artiste." En me pointant du doit une image dans la maison qui m'avait bien l'air d'une toile imprimé bien pixelisé... donc ton talent était d'acheter tes décorations a IKEA? 

"Ma famille possède un château, une partie de la compagnie de LEGO et des actions chez Tesla." Et il n'était pas capable de me payer un Sunday au McDo.

Oui disons le, il n'était pas très futé et ne s'avait pas mentir, il étais aussi radin et impoli. C'est ainsi qu'une sorte de liste m'est venue à l'esprit, pendant le mois de décembre, telle une lettre adressée au père Noël pour lui faire part de mes souhaits. Nous pourrions appeler cet événement "le coup de gueule de décembre". Oui, ce soir-là, je lui faisais la gueule.  

Le soir du 21 décembre, j'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai envoyé ce long message, exposant mon avis et mes attentes, lui faisant comprendre que le changement était primordial si nous souhaitions poursuivre notre relation. Je ne savais pas vraiment si pour lui, c'était un pas vers une situation plus sérieuse ou simplement une crise de sa copine cherchant à obtenir plus d'attention. Toutefois, une chose était sûre, à partir de cette soirée, la vision qu'il avait de notre couple avait changé.

Je comprends tout à fait que l'idée de le quitter vous ait traversé l'esprit. Sortir avec un garçon qui vous traite comme si vous n'étiez rien de plus qu'un objet dans son lit n'est vraiment pas ce que l'on recherche dans une relation. Pourtant, étrangement, j'avais envie de croire en lui, pensant qu'il serait capable de faire des efforts pour nous, pour moi... Mais moi-même  je ne pouvais m'empêcher d'avoir des doutes. Était-ce pour lui une prise de conscience réelle ou simplement une réponse à une crise temporaire dans sa vie amoureuse, un moyen d'apaiser les tensions et et de me réconforter ?