Le caisson

« Doucement, vous ne voudriez pas qu'il se réveille n'est-ce pas ? »

« Vous voulez dire que... il est encore vivant ? »

Le second à avoir pris la parole regarde le caisson de stase avec une terreur évidente dans le regard. La lumière interne du caisson éclaire parfaitement l'homme qui se trouve dedans. Si on excepte sa taille et sa musculature il a une apparence tout à fait banale. Ses trais figés dans la boucle de temps sont crispés, comme si il vivait encore l'instant où il fût défait. Ses vêtements sont typiques de l'époque où il se vivait : un simple pantalon en jean, un tee-shirt noir et une veste en cuir sans manches. Rien ne différence cet être d'une autre créature si ce n'est le tatouage sur son front. Les ouvriers de la mine avaient trouvés le caisson tout à fait par hasard, en creusant un filon de Duralex. Personne n'avait idée de ce que représentait la découverte jusqu'à ce que le professeur arrive sur place.

« Bien sûr qu'il est encore vivant. Les caissons de stase de cette époque étaient vraiment conçus pour durer. Il est piégé dans son fragment de temps pour le reste de l'éternité. Nos ancêtres ont vraiment fait les choses bien. »

Le professeur regarde à nouveau le caisson, des étoiles plein les yeux. Dans l'obscurité de la grotte la lueur issue du caisson éclaire son visage d'une manière surnaturelle. Les machines d'extractions travaillent vite et bien, encore quelques secondes et l'artéfact sera libéré de sa gangue minérale. Puis ils remonteront le caisson à la surface et il deviendra l'homme le plus connu de la galaxie.

Un fragment de roche se détache du plafond et tombe sur le champ de force du caisson, éclairant la grotte d'une vive lueur de plasma au moment où il se désintègre.

« FAITES ATTENTION ! Allez-y plus doucement ! » Crie le professeur. « N'endommagez surtout pas le caisson ! Il a plus de valeur que nous tous réunis ! »

Le vieil homme regarde son assistant qui lui tire la manche.

« Professeur... »

« Quoi encore ? »

« Vous avez bien dit qu'il était piégé dans une boucle temporelle ? »

« Oui et alors ? »

« Et que une de ses secondes représentait mille de nos années ? »

« En effet... »

« Alors... comment ça se fait qu'il ne souriait pas quand on a commencé son extraction ? »

Le professeur regarde aussi tôt le cercueil temporel, l'homme à l'intérieur a les yeux braqués sur les siens... et un sourire de carnassier.

« Nous allons mourir... » Fut la dernière pensée qui traversa l'esprit du professeur.

Les secouristes mirent trois semaines à accéder aux cadavres au fond de la mine, la conclusion officielle fût qu'un séisme s'était déclenché et que la région, naturellement instable, s'était brusquement effondrée. Les secouristes furent bien surpris de découvrir un caisson de stase vide vieux de 20 000ans...

Voilà trois jours qu'il s'était éveillé. Que le monde avait changé pendant son sommeil forcé. Il eut un petit sourire en voyant les gens dans la rue. Personne ne savait qui il était désormais, personne pour s'enfuir en hurlant de terreur en le voyant. Personne pour mourir de peur en croisant simplement son regard. Le temps avait fait son effet, générations après générations, son nom était devenu une légende. Certainement murmuré par les mères pour faire peur à leurs enfants. Les peuples l'avaient oublié, peut-être que son nom et ses actes étaient-ils encore connus de certains érudits. Lui qui avait fait trembler l'univers lui-même.