Nina ( TOME 1 )

Chapitre 19 (Nina)

Il va bientôt s'écouler une heure et demie depuis que je lis, m'efforçant de terminer rapidement le livre de Gustave Flaubert, "Madame de Bovary", afin d'en discuter avec mon père.

Je me renferme dans ses pages pour éviter d'apercevoir le visage de ma mère dans ma tête.

Je le fui comme la peste. Rien n'a changé en elle, les mêmes cheveux longs, le même sourire, les mêmes expressions...

Cependant, malgré mes efforts pour me plonger dans les méandres de la littérature, les souvenirs persistants de ma mère continuent de hanter mes pensées. La prose envoûtante de Flaubert ne parvient pas à éclipser les images vivaces de son visage, figé dans ma mémoire.

Je place le livre sur mon ventre et fixe le plafond. Cette question persiste dans mon esprit : pourquoi Enzo et Dimitri étaient-ils là ? Ils semblaient si proches. Savaient-ils que je suis ça fille ?

J'expire profondément avant que mon téléphone ne sonne. Je décroche.

-Yooo meuf, c'est bientôt les vacances prépare toi à me voir débarquer.

Camille est en vacances quelques semaines avant moi, sinon je ne serais certainement pas resté ici et aurais plutôt regagné Ottawa pour voir mon père. Il me manque énormément.

- Non ! je ne veux pas de toi ici, plaisantai-je.

Camille explose de rire et s'exclame.

-  Tu t'es amélioré en humour à ce que je vois.... Aux faites, je ne viens pas seul, j'amène quelqu'un devine ?

Camille et ses devinettes à la con vont finir par me tuer.

- Umm ton perroquet ?

Elle possède un perroquet depuis l'âge de 14 ans, qu'elle a nommé Rainbow parce qu'il a 3 couleurs de l'arc en ciel, rien que ça...

- HA HA HA , elle pouffe, non abrutie j'amène Marco avec moi.

Youhouu, je suis trop contente...

- Ah trop bien, dis-je d'un ton blazé.

- Tu verras, tu vas bien t'entendre avec lui.

Je redoute déjà les nuits que je vais passer allongé dans le lit à côté du leur. Un frisson me parcourt tout le corps lorsque je repense à la fois où Camille a eu des relations intimes avec mon cousin dans le MÊME lit que le mien.

Je l'aime de tout mon cœur, mais si elle pouvait parfois modérer ses impulsions sexuelles, cela m'épargnerait des situations peu confortables.

- N'oublie pas j'arrive jeudi à 19h, bisou je t'aime...

Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle raccroche.

Aujourd'hui on est vendredi et je n'ai rien de prévu, je me suis assez avancé dans mon travail pour n'avoir rien à faire.
Mon cours de ce matin a été annulé et je n'ai pas cours cette après-midi ce qui me fait un week-end de 3 jours et j'ai l'impression d'enfin me poser.

Mon téléphone vibre dans ma main et affiche un message de Lucie.

- Sortie cette aprèm ?

Je réponds dans la seconde.

- Avec grand plaisir.

Je pose mon téléphone à côté de moi et me rallonge sur mon lit. Je ferme les yeux et respire un grand coup, sortir me fera du bien et puis je saute sur chaque occasion que j'ai pour ne plus penser à mes problèmes.

A 14h30 Lucie m'attend devant la porte de ma chambre. Je me dépêche d'enfiler mes chaussures et sors pour la rejoindre évitant de la faire patienter plus longtemps.