Dans un monde où les humains côtoient les monstres, une communauté ancestrale opère dans l'ombre pour préserver la paix : La Confrérie Errante.
Felix est un chasseur dont le nom autrefois glorieux, est devenu tristement célèbre suite à l'assassinat...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Les couloirs étaient envahis de couronnes de fleurs mortuaires dont les effluves entêtantes donnaient à Felix des migraines. C'était une des nombreuses raisons pour lesquelles ce dernier détestait cette journée ; sans oublier bien sûr le monde et tous ces rituels stupides qui s'enchaînaient les uns après les autres. Tout le gratin était présent ; à savoir les anciens Errants, les collaborateurs, les membres du Conseil et les familles des disparus. Chaque année, c'était la même chose : on rendait hommage à ceux qui avaient quitté ce monde, on priait et on discutait avec des gens qu'on ne reverrait pas avant l'année suivante. C'était une sorte de valse infernale dont Felix ne maîtrisait toujours pas les pas ; une pièce de théâtre dans laquelle il ne trouvait pas son rôle, une symphonie dans laquelle sa seule présence dénotait franchement du reste. Cette hypocrisie clairement assumée le rendait dingue.
Les préparatifs touchaient à leur fin et d'une minute à l'autre, les hostilités commenceraient. Dans son unique costume, le jeune homme se sentait engoncé et ridicule. Il venait tout juste de l'enfiler mais rêvait déjà de le retirer pour enfiler un de ses survêtements. Agacé, il tira sur sa cravate pour libérer son cou et respirer plus librement. Il n'y avait aucune chance pour qu'il tienne la journée entière dans cet accoutrement. Peut-être aurait-il la possibilité de s'éclipser à l'issue de son discours ? C'était, en tout cas, la seule lumière qu'il voyait au fond de ce tunnel obscur.
— Ah ! Felix ! Tu es là ! s'exclama Changbin en le rejoignant.
Contrairement à lui, son ami portait à merveille le costume. Disons que sa carrure lui donnait une prestance que Felix n'aurait jamais. Il suffisait d'un regard pour s'apercevoir qu'ils ne venaient pas du même monde : Changbin maîtrisait parfaitement les codes de la bonne société alors que lui avait l'air d'un chat de gouttières recueilli par charité. Cette métaphore n'était d'ailleurs pas si éloignée de la réalité.
— Malheureusement, soupira Felix. Seungmin a encore le nez dans les préparatifs ?
— Ouais. Tu le connais... il faut toujours que tout soit parfait. Quelle idée le directeur a-t-il bien pu avoir de lui confier l'organisation de cette journée ?
— Comme tu dis... déclara-t-il en s'adossant au seul mur dépourvu de décoration dans un rayon de trois kilomètres.
— Tu n'as vraiment pas bonne mine, déclara Changbin en s'approchant pour écarter ses cheveux blonds de ses yeux. On dirait que tu t'es levé et que tu as enfilé ton costume sans même jeter un coup d'œil à ton miroir.
— Mince alors ! Me voilà démasqué...
Les deux amis échangèrent un sourire puis Changbin reprit la parole :
— Je ne te demande pas si tu as préparé un discours...
S'il y avait toujours eu des morts au sein de la Confrérie Errante, l'existence de cette journée commémorative était encore très récente. Le directeur avait pris cette initiative tout juste après avoir pris Felix sous son aile. La famille Lee étant particulièrement réputée dans le monde sensible, c'était selon lui une évidence et la moindre des choses pour ne jamais les oublier.
