Deux jours plus tôt.
Il faisait froid, très froid ; un temps à vous cloitrer chez eux même les moins casaniers du village. Le vent me lacerait violemment le visage tandis que je quittai péniblement la petite auberge qui m'avait accueilli pendant les quelques jours de travaux dans ma maison. Il n'y avait pas un chat dehors. Valise à la main, j'affrontais aussi courageusement que je le pouvais le mugissement de la brise glaciale sur le chemin qui me menait chez moi. J'avais eu la prétention de me croire assez résistant pour ne pas commander de fiacre qui aurait franchi sans souci les quelques dizaines de mètres que je devais parcourir. Je ne pouvais que me blâmer moi même pour ce choix relevant de la stupidité. Je tentai de garder la tête haute alors que je faillis m'écraser sur le sol pour avoir trébuché sur la marche du trottoir.
Soudain, j'aperçus fugitivement une ombre sur le sol d'une personne bien vivante par ce temps de chien. Une femme d'après moi.
Je regardai devant pour apercevoir l'inconnue qui avait osé elle aussi sortir de chez elle. Rien. Je continuai mon chemin, persuadé d'avoir halluciné.Quelques secondes plus tard, j'entrevis une nouvelle fois cette ombre à côté de moi, en plus d'avoir entendu un murmure indistinct et d'avoir senti le chatouillement si particulier d'une respiration dans mon cou.
Intrigué (et quelque peu apeuré, je devais bien l'avouer), je tournai subitement la tête vers la gauche pour essayer de discerner la cause de ces sensations.Rien.
Je marchai un peu avant de ressentir la désagréable impression d'être observé par un fourmillement dans mon dos. Je décidai de ne pas me retourner, avant d'entendre, suffisamment clairement cette fois, la voix d'une femme susurrer mon nom. Affolée, je me tournai, et cette fois-ci, je la vis ; c'était une apparition terrifiante : une jeune femme, la vingtaine, le visage tordu par la peur et par la douleur, avec un tache rouge au niveau du coeur ; on lui avait tiré dessus avec une arme à feu. Je me précipitai vers elle alors qu'elle chuchotait mon nom en pleurant, m'appelant à l'aide. Je voulus la prendre dans mes bras mais lorsque je m'exécutai, je ne fis qu'enlacer du vide. Je remarquai alors qu'elle paraissait être enveloppée d'une couche argentée, tel un fantôme. Horrifié, je reculai pour m'éloigner de ce spectre qui était devant moi et qui me suppliait sans cesse de l'aider. Dans ma précipitation, je trébuchai sur la marche du trottoir et je tombai sur le sol; je sentis une vive douleur à mon bras droit, qui dû se casser, ma tête se cogna contre la pierre dur et rêche et je tombai dans les pommes.
Je me réveillai péniblement par une claque d'une main sans pitié, toujours allongé sur le sol rigide et froid. A côté de moi, gisait le corps d'une femme reposant sur une mare de sang : la femme-fantôme. Je voulus hurler et m'enfuir mais deux bras me relevèrent en meurtrissant mon bras cassé, tandis que j'entendai hurler : "Police, pas un geste ! Vous êtes en état d'arrestation pour le supposé meurtre de Jolie Amber !" Mon dernier souvenir fut le visage de cette dénommée Jolie, de son sourire en coin et du clin d'œil qu'elle m'adressa.
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Apparition mortelle
Short Story« Je n'ai jamais cru à la magie. Jamais. Mais ce que j'ai vécu s'y apparente, ou serait plutôt la preuve que la sorcellerie rôde autour de nous tous. Prenez garde, qui que vous soyez. »